Dans quelles circonstances la JSA a été divisée en deux équipes, avec d'un côté la jeune garde, composée de Jade, Obsidian, Jessie Quick, Hourman, Sand, Wildcat II, Dr. Mid-Nite, et de l'autre les vétérans, Jay Garrick, Alan Scott, Wildcat I, Hawkman, Hawkgirl, et Dr. Fate ?
On pouvait craindre que Jeff Lemire apporte la réponse à cette question plus tard, habitué à une certaine décompression narrative, mais, contre toute attente, le scénariste a choisi de revenir sur les événements ayant conduit à la scission de la JSA en deux groupes, dont l'un ignore où l'autre se trouve. C'est appréciable car le récit conserve un rythme soutenu, sans sacrifier la caractérisation des personnages.
De manière assez classique, pour séparer les éléments d'une équipe aussi volumineuse, les vilains ont choisi d'en attirer une partie sur des fausses pistes - en l'occurrence des attaques prétendument menées par l'organisation Kobra. Les plus jeunes héros, dans leur ensemble, sont allés sur le terrain vérifier, laissant les anciens au QG de la JSA.
Jeff Lemire montre l'assaut éclair de la Société d'Injustice contre le Brownstone de la Société de Justice. Les vilains agissent de manière directe, brutale, orchestrée, prenant au dépourvu des justiciers aguerris comme Alan Scott, Jay Garrick, Ted Grant. Lorsque ceux-ci sont obligés de battre en retraite devant des opposants en surnombre, leur évasion est forcément brouillonne.
C'est ainsi qu'on comprend que Dr. Fate les a téléportés dans sa Tour du Destin mais que le sort qu'il a lancé pour ce faire s'est mêlé à celui du sorcier Wotan... Emportant la Tour en Enfer : Le titre de l'arc, Ragnarok, prend alors tout son sens et la dernière page suggère qu'un des héros est peut-être au tapis.
Vous connaissez le formule d'Hitchcock selon laquelle meilleur est le méchant, meilleur est le film. Lemire semble l'avoir ici appliquée en montrant que même une équipe de héros expérimentés comme la JSA peut être mise en déroute par des ennemis puissants et déterminés mais surtout manoeuvrant avec intelligence.
Cependant, un mystère subsiste concernant la substitution d'un des membres de la JSA par un des méchants et on compte sur Lemire pour éclaircir cela prochainement. Ce qui ne fait aucun doute, c'est que le scénariste ne fait pas de quartier et laisse le lecteur dans l'expectative. Il y a un vrai suspense qui s'installe et qui voit les anciens malmenés. Les jeunes sociétaires réussiront-t-ils à les sauver ? Ou se disperseront-t-ils dans des querelles sur la stratégie à mener ?
La couverture montre un Obsidian toujours aussi énervé face à sa soeur Jade qui lui tient tête. En exploitant divers niveaux dans la hiérarchie de l'équipe, Lemire offre au lecteur de multiples pistes à suivre, sans jamais l'égarer. Il y a un traître dans l'équipe et du moment où il sera découvert dépend l'issue, heureuse ou pas, de l'intrigue.
Ce scénario, très efficace bien que finalement classique dans sa forme, est accompagné par les dessins vigoureux de Diego Olortegui. Celui-ci anime sans difficulté un casting très fourni mais surtout interprète des scènes d'action très mouvementées sans perdre de vue leur lisibilité. De fait, grâce à un découpage fluide, ponctué par de superbes doubles pages, on est toujours en alerte.
La maturité d'Olortegui fait vraiment plaisir à voir. Comme il en a pris l'habitude, l'éditeur DC a d'abord testé ce jeune artiste sur des mini-séries avant de lui confier un titre plus ambitieux. Certes, Olortegui va céder sa place au n° 4 à un autre artiste, aussi peu connu, mais non moins bon, Joey Vasquez, mais peut-être faut-il voir là-dedans une volonté de ne pas le griller et de permettre à ces deux dessinateurs d'alterner sur la série. Vasquez n'a pas du tout le même style, mais rien de choquant.
JSA réussit sa relance grâce à une histoire accrocheuse et un graphisme séduisant. Du tout bon.
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