Wolverine entre dans un bar pour prendre un verre mais tourne les talons quand il voit Deadpool au comptoir. Wade Wilson poursuit Logan dans la rue où soudain un portail inter-dimensionnel s'ouvre entre eux et les aspire. Les voilà ballotés de dimension en dimension à affronter divers dangers jusqu'à aboutir dans le néant où la vérité sur leur voyage leur sera révélée...
A l'origine, Deadpool / Wolverine : Weapon X-Traction est paru sous forme d'épisodes de cinq pages chacun dans huit revues différentes au cours des moins de Juillet et Août derniers : dans l'ordre, on pouvait, si on suivait tous ces titres, lire cette histoire dans The Incredible Hulk #14, Captain America #11, Fantastic Four #22, Spider-Gwen : The Ghost Spider #3, The Immortal Thor #13, The Avengers #17, Spectacular Spider-Men #6 et enfin X-Men #2.
Mais, heureusement, Marvel a fini par publier ce récit complet en un seul floppy ce mois-ci, un copieux fascicule de 40 pages, écrit par Ryan North, le scénariste actuel de Fantastic Four. Evidemment, l'entreprise surfe sur le succès du film Deadpool & Wolverine de Shawn Levy avec Ryan Reynolds et Hugh Jackman.
L'intrigue n'est qu'un prétexte ici : Wolverine et Deadpool traversent le multivers et enchaînent les bagarres, de plus en plus violentes. Au départ, Logan pense que tout ceci est la faute de Wade Wilson puis se rend à l'évidence que le situation échappe au mercenaire autant qu'à lui. Comme ils sont tous deux issus du programme de l'Arme X et ne savent que se battre, ils enchaînent les massacres.
Avouons-le : c'est un chouia long mais Ryan North y va à fond et fait preuve d'une imagination débridée et quand même réjouissante. Je ne suis pas un grand fan de Deadpool, et je compte les bons runs de Wolverine sur les doigts d'une main, mais il faut reconnaître que la paire fonctionne bien, sur le principe des contraires complémentaires.
Le scénario repose sur la logorrhée de Deadpool et la mauvaise humeur de Wolverine, mais plus encore sur le délire assumé de leur trip multi-dimensionnel. North a tiré parti du peu de pages qu'il avait à sa disposition à chaque fois pour que ses deux héros se déchaînent et en même temps il a fait l'effort d'unifier son histoire pour que cela ne tourne pas complètement à vide. Mais c'est vrai qu'avec un ou deux passages en moins, ça aurait plus digeste.
Toutefois, si on ne boude pas son plaisir, c'est surtout parce que North a pu s'appuyer sur un artiste exceptionnel, Javier Garron. Trop rare depuis la fin de sa prestation sur Avengers par Jason Aaron, le dessinateur espagnol a récemment supplée David Marquez sur Uncanny X-Men et, lorsque je l'ai interrogé sur 2025, il m'a confié être engagé sur une nouvelle série où il espère rester longtemps.
La générosité de Garron se traduit par des images extrêmement détaillées, grouillant de personnages, aux décors précis, et au découpage échevelé. On en prend plein la vue et il est évident qu'il s'est beaucoup amusé à illustrer le script de North, qui lui a certainement laissé pas mal de liberté. Les planches que j'ai choisies pour accompagner cette critique vous donnent un bon aperçu du niveau insensé de Garron.
Il est fort, le bougre : avec un personnage comme Deadpool qui porte un masque intégral, il souligne la gestuelle, tandis que Wolverine est campé avec plus d'économie pour accentuer sa sauvagerie et son exaspération. Grâce à Garron, toute la saveur comique du duo est exaltée et la démesure dans l'action est transcendée.
C'est un pur exercice de style graphique mais accompli avec une maestria comme on rarement l'occasion d'en voir. J'ignore quelle est cette future série qu'il dessinera, mais je suis impatient de la découvrir : Marvel a besoin d'un artiste comme ça et les lecteurs en ont pour leur argent avec lui.
Un peu boursouflé assurément, mais trépidant, inventif, et somptueux visuellement.
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