Philippa "Pip" Dale est engagée par le prestigieux hôtel Maynard comme bagagiste. La clientèle de l'établissement est exclusivement composée de magiciens et de sorciers. Elle fait la connaissance du personnel grâce à son collègue "Boots" Malloy qui lui explique qu'un cambrioleur s'en prend aux résidents...
James Robinson a été un des très grands scénaristes des années 1990 pour avoir écrit la série Starman (peut-être la meilleure série que publia DC pendant cette décennie, rien moins que ça). Puis il relança le titre JSA avec David Goyer avant de passer la main à un Geoff Johns qui n'était pas encore l'auteur star de DC. On lui doit aussi une superbe série, Leave it to Chance, dessinée par l'incomparable Paul Smith (et qui mériterait une réédition - Urban ? Delcourt ?).
Mais il faut bien avouer que depuis cet âge d'or (référence à JSA : The Golden Age, une mini extraordinaire, elle aussi réalisée avec Smith - celle-ci disponible chez Urban Comics), la carrière de Robinson a connu plus de bas que de hauts. Il a connu des galères (remplaçant Dwayne McDuffie sur Justice League of America, mais saboté l'interventionnisme de Dan Didio), puis l'oubli.
Pour ma part, j'avais perdu tout espoir de relire un jour un comic-book de James Robinson. Puis, surprise, Dark Horse annonçait il y a quelques mois la publication en cette fin Novembre de Welcome to the Maynard, en quatre numéros, illustré par J. Bone. Pas très volumineux, mais le pitch était d'un charme fou, comme si Robinson avait décidé de s'offrir (et de nous offrir) une friandise.
Et effectivement, c'est délicieux, un antidote à la morosité, et surtout le retour de l'inspiration pour cet auteur qu'on croyait perdu. Entrez donc au Maynard hôtel, un palace très select qui n'a pour clients que des magiciens et sorciers et où donc il faut savoir être discret et ouvert d'esprit. C'est le cas de Phillipa "Pip" Dale, une jeune femme qui y est engagée comme bagagiste.
La narration de Robinson est un modèle du genre : il nous présente le personnel, nous fait visiter l'hôtel, débute son intrigue (une cambrioleuse vole les résidents incapables de la stopper malgré les sorts qu'ils lui jettent parce qu'elle emploie aussi la magie), et tout ça en une vingtaine de pages. Le mieux là-dedans, c'est que c'est jamais précipité, expédié.
On s'attache tout de suite à notre héroïne, espiègle, débrouillarde, mais qui a son petit secret, je peux vous le révéler tout de suite puisque je serai obligé de le faire au prochain numéro : elle est la complice du détective, peu discret lui, du Maynard hôtel, une sorte d'infiltrée qui va tenter de coincer la voleuse... A moins qu'elle ne soit dépassée par celle-ci !
C'est tout simplement irrésistible : il se dégage du projet un enthousiasme qui est contagieux. Robinson ne veut clairement pas qu'on s'ennuie ni être associé à une quelconque humeur maussade, tout ici est aérien, facétieux, avec une touche de mystère pour faire bonne mesure, mais du mystère excentrique, où le lecteur doit être complice de l'auteur pour accepter le cadre et les rebondissements.
Avoir confié la partie graphique à J. Bone appuie ces intentions : celui qui fut l'encreur (occasionnel) et surtout l'ami du regretté Darwyn Cooke, avec lequel il partageait une formation dans l'animation (il a notamment oeuvré sur Batman : The Brave and the Bold, qui est une pépite), a ce trait cartoony et tout en courbes qui possède ce dynamisme impeccable et qui convient à merveille à Welcome to the Maynard.
Cela ne veut surtout pas dire que c'est naïf : admirez un peu ces doubles pages (ci-dessus) avec l'opulence du décor intérieur de l'hôtel ou les compositions enchanteresses que Bonne conçoit pour narrer l'histoire visuellement. C'est du grand art, mis en valeur par une colorisation superbe de Ian Herring, avec une palette de couleurs en à-plats du meilleur effet.
A peine Helen of Wyndhorn terminé, Welcome to the Maynard s'impose déjà comme la nouvelle perle de Dark Horse. Une belle façon de terminer cette semaine de nouveautés comics et leurs critiques.
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