L'opération menée par l'organisation Cobra pour dérober l'élément d'un Transformer, qui lui servira à maîtriser l'Energon, a laissé l'équipe G.I. Joe sur le flanc. Plusieurs morts sont à déplorer et les cadres sont tous à l'infirmerie. Le colonel Hawk leur présente l'agent Guerrero "Risk" La Caza qui enquête de son côté...
Bon, pour finir cette semaine très chargée (et encore il me restait deux titres à passer en revue, mais j'ai décidé que j'en parlerai dans le courant de la semaine parce que je frise la surchauffe et que Noël est tout près - ça fera du bien à tout le monde), je vais donc vous parler du deuxième n° de G.I. Joe.
Franchement, c'est tout con, mais je ne pensais que j'accrocherai autant et si vite. La lecture de la mini Duke m'avait emballé et motivé à poursuivre l'aventure avec G.I. Joe, et le plaisir est intact. C'est du comics popcorn complétement assumé, qui ne demande aucun effort, et c'est un régal, comme pouvaient l'être les films d'action des années 80 avec Stallone, Schwarzie et Bruce Willis.
Pourtant, ce n'est plus un cinéma que je fréquente. Non pas par élitisme, mais simplement parce que d'autres choses m'attirent plus. En revanche, ce style de récit entièrement tourné vers l'action, la baston, l'aventure, c'est encore pire si j'ose dire parce que je ne m'y suis jamais vraiment intéressé. Moi, j'étais plus western, espionnage à la rigueur, polar.
Et ben, ça me plaît beaucoup parce que, sans doute, c'est une manière de raconter des histoires tellement dépouillées, décomplexées, et même disons-le bourrines, que c'est rafraîchissant. On a les bons d'un côté, les méchants de l'autre, c'est manichéen au possible, mais si on se prête au jeu, qu'on en accepte les règles, les conventions, c'est vite jouissif.
La base, dans cette recette, c'est le rythme. Il ne faut pas que les auteurs laissent au lecteur le temps de cogiter, sinon tout se casse la figure. Il ne faut pas oublier que cet univers, au départ, ce sont de jouets, et justement on doit renouer avec ce côté enfantin de manipuler des jouets, d'en respecter la naïveté, l'aspect toc, en imaginant les bruitages, la musique, l'intensité.
Voyez ce deuxième épisode : les méchants (Cobra) ont gagné une manche et les gentils sont tous à l'infirmerie (il y a même eu des morts, c'est terrible). Les méchants passent déjà à la prochaine partie tandis que les gentils découvrent qu'un agent travaille sur l'adversaire en secret et qu'ils vont devoir collaborer avec lui. Ni une ni deux, tout de suite, Risk et Duke se mettent sur la tronche parce que Duke, lui, il veut se venger tout de suite tandis que Risk (et le colonel Hawk) veulent mieux préparer la suite. En plus Risk, hé, il nargue Duke : le culot du mec !
J'ai l'air de me moquer, mais en fait, ce n'est pas pour ridiculiser cette série. Il y a une part de rigolade dans tout ça. Comme je le disais, c'est hyper manichéen, simpliste, tout est prétexte à de la castagne. Il n'y a que les méchants qui ne sont pas des primates portés sur l'échange de patates, parce que les méchants sont plus malins, vicieux, organisés, plus nombreux aussi (Cobra, c'est une armée, alors que G.I. Joe, c'est à peine un commando).
Et donc, oui, c'est rigolo parce que les héros sont d'une seule pièce : Duke, c'est un enragé, il est à fond les ballons, tendu à mort, lui ce qu'il veut, c'est massacrer les méchants et tant pis s'il est blessé, fatigué, il veut en finir. Si on pousse un peu, le mec serait un peu suicidaire, sauf que G.I. Joe, c'est pas la Suicide Squad, le colonel Hawk c'est pas Amanda Waller : c'est un officier haut gradé, qui a du respect pour ses hommes et qui sait que la guerre ne se gagne pas en un jour.
N'attendez pas des audaces narratives de G.I. Joe : Joshua Williamson est dans un bac à sable et il s'amuse comme un fou, mais il fait bien son job, il est passionné. Et il sait où il va, comment tenir le lecteur en haleine (la dernière page n'est même pas un cliffhanger, juste un petit twist sympa et accrocheur). C'est super efficace, rien de plus. Mais rien de moins.
Et puis cette série restera pour moi celle de la vraie révélation de Tom Reilly. Il y a des dessinateurs doués pour tout, il y en a qui sont polyvalents mais quand même plus à l'aise sur certains trucs, et puis il y a ceux qui trouvent la BD qui leur va parfaitement, celle pour laquelle ils étaient fait, destiné même peut-être.
Et Tom Reilly était fait pour G.I. Joe. C'est pas qu'il était pas bon sur du super-héros, où il aurait fini par faire son trou, mais là, sans déc', il est formidable. Il maîtrise son sujet, il est à fond lui aussi. Il s'amuse comme un gosse et il nous sort des scènes impeccablement découpées, avec des personnages superbement campés. C'est extra à lire parce qu'on voit qu'il est impliqué, investi, ce n'est pas un boulot de commande ordinaire pour lui : c'est son kif.
Et il le communique merveilleusement. Jordie Bellaire aussi, c'est comme si on la redécouvrait. On ne l'attendait pas sur une série comme ça, elle qui a un agenda de ministre, qui bosse sur les titres les plus vendeurs, avec les meilleurs artistes. Mais là, elle est sobre dans sa palette, elle semble se payer des vacances, et elle respecte le trait, simple, économe, dépouillé mais puissant, de Reilly.
C'est un peu un plaisir coupable, je l'admets, mais si je ne devais garder qu'une série non-super-héroïque, régulière, alors G.I. Joe aurait tout pour me combler. C'est fun, c'est direct, ça détend, et en même temps, c'est incroyablement prenant. Va falloir surveiller ça quand Urban le traduira en 2025 : croyez-moi, vous allez être mordus vous aussi !
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