vendredi 8 novembre 2024

X-FACTOR #4 (Mark Russell / Bob Quinn)


Nouvelle mission pour X-Factor : secourir un groupe de scientifiques au centre de la Terre dans le désert d'Alamogordo au Nouveau-Mexique. Havok convainc Granny Smite de ne pas venir mais un autre souci l'attend : une nouvelle recrue, Wintergeist, accompagne l'équipe... Et il s'agit de 'ex de Cecilia Reyes !


Chaque semaine quand les nouveautés paraissent, deux sentiments animent le fan de comics : est-ce que les nouveaux épisodes seront bons ou mauvais ? Et est-ce que la série qu'on attend le plus sera toujours à a hauteur ? Dans mon cas, à chaque nouveau numéro de X-Factor, j'y vais sereinement car je sais, sauf incroyable accident, que je vais passer un excellent moment.


De tous les titres X, celui-ci est mon préféré (disons ex aequo avec Exceptional X-Men). Et cette fois encore, c'est un régal. Mais c'est aussi toujours une surprise car je me demande comment une telle série peut exister, a pu être validée par Tom Brevoort et Marvel tant elle est à contre-courant. Et ce plaisir coupable ajoute au bonheur de la lecture.


Contrairement à X-Force, ce qui force le respect ici, c'est la régularité avec laquelle Mark Russell mène son affaire : il s'en tient scrupuleusement à sa méthode (des épisodes self-contained) tout en alimentant un fil rouge (la menace posée par X-Term, cette équipe rivale qui veut ouvertement torpiller X-Factor et ceux qu'elle sert).


A chaque fois, on a droit à une mission improbable, qui n'a rien à voir avec le sempiternel refrain de la persécution des mutants (je ne sais pas vous, mais moi je n'en peux plus de lire et relire du X-Men sur ce thème). Le résultat est subversif puisque le parti-pris de Russell est de mettre en scène une bande de crétins franchement manipulée mais qui font quand même le job parce que Krakoa, c'est fini et qu'il faut bien vivre.

Le casting est réjouissant, même si le traitement des personnages peut ne pas plaire aux puristes. Il est vrai que Havok n'est pas gâté depuis des années (la dernière fois qu'il a été considéré, c'était quand Rick Remender en avait fait le chef des Uncanny Avengers), mais ses acolytes sont aussi bien gratinés. Cependant ce n'est pas de la méchanceté gratuite de la part d'un scénariste qui aurait voulu se payer une tranche de mutants débiles.

A travers le concept de X-Factor, Russell se moque surtout des compagnies qui, en prétendant valoriser leur personnel, les ridiculise, les asservisse. Ce sont certes des mutants, pour la plupart de second plan, mais qui sont instrumentalisés par des nababs de la com' et des médias. Et justement, parce qu'ils n'ont jamais ou rarement été mis en vedette, Havok et compagnie sont les pigeons parfaits de ces entreprises.

Ce ne sont pas Frenzy, Cecilia Reyes, Pyro qui auront droit à leur place dans les équipes de tête comme X-Men ou Uncanny X-Men. Ils ne seront pas non les mentors charismatiques de nouveaux mutants comme dans Exceptional X-Men. Et donc condamnés aux oubliettes, ils sont les clients parfaits pour des moguls voulant donner à leurs abonnés des agneaux sacrifiables. D'ailleurs, à la fin de cet épisode, sans spoiler, sur les réseaux sociaux, on se désole que cette fois personne ne soit mort dans l'équipe !

En parallèle de la critique, Russell développe donc un subplot, discret mais bien présent : X-Term. Après Polaris qui a été soupçonnée d'en faire partie, y a-t-il un autre traître, véritable cette fois, dans le groupe  Et finalement, les héros de X-Factor, un peu pathétiques, ne sont-ils pas vraiment plus sympathiques que X-Term, dont la morale est plus discutable.

Bob Quinn livre une nouvelle fois des planches épatantes. Il sert à merveille, grâce à son trait très expressif, les dialogues irrésistibles de Russell. Quand l'action prend le relais, il sait aussi, grâce à un découpage très vif, imposer un rythme infernal sans rien perdre en précision. Et, mine de rien, si les péripéties sont complètement loufoques, la série ne lésine pas sur le spectacle quand c'est nécessaire.

Le pari des auteurs, qui est de rendre ces anti-héros attachants sans rien lâcher sur le regard incisif porté sur leur exploitation, est donc réussi. Depuis quatre mois, les épisodes n'ont pas perdu ni en qualité ni en singularité. C'est ce qui confère à X-Factor son charme, sa drôlerie, son punch. On en redemande !

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