Le passé : Thomas Wayne admet dans son service un couple qui vient d'avoir un accident de la route. La femme présente des traces de coups donnés par son conjoint et elle est enceinte... Le présent : Batman est sur la piste d'un tueur en série qui prend de jeunes délinquants pour cible. Puis Bruce Wayne se rend chez une des anciennes généticiennes qui pourrait avoir trouvé une potion ralentissant le vieillissement...
Comme je l'expliquai à l'occasion de ma critique de Superman #19, le nouveau statu quo post-Absolute Power, DC All-In, a provoqué quelques jeux de chaises musicales. Des auteurs ont quitté leur série, d'autres les remplacent, des artistes changent de titre. C'est ainsi que Ram V a cédé sa place (pour écrire une mini-série New Gods) à Tom Taylor après son run sur Detective Comics.
Tom Taylor (désormais sous contrat d'exclusivité avec l'éditeur à deux lettres) sort d'un run sur Nightwing qui lui a valu la reconnaissance de ses pairs, les faveurs de la critique et le succès commercial. C'est donc devenu un scénariste qui compte assez pour que DC lui confie son titre le plus emblématique, Detective Comics, la série historique de Batman. Une vraie promotion.
J'ai pour ma part un avis partagé sur Taylor à qui je reconnais un vrai savoir-faire mais son passage sur Nightwing m'a déçu car il avait démarré en trombe avant de piquer progressivement du nez (sans compter l'incapacité chronique de l'artiste Bruno Redondo, l'autre atout de son run, à enchaîner plus de quatre épisodes).
La lecture de n°1090 de Detective Comics (imaginez Marvel sortir un n° équivalent d'une de ses séries... Non, en fait c'est inimaginable pour ces enragés du relaunch) m'a toutefois enthousiasmé. Il faudra bien entendu confirmer pour la suite, mais Taylor part avec plusieurs idées accrocheuses qui témoignent de son talent certain pour prendre en main une série et la rendre divertissante.
Il nous intrigue d'abord en consacrant tout le premier tiers de l'épisode à un flashback centré sur Thomas Wayne prenant en charge à l'hôpital un couple. Le mari est blessé, la femme porte des traces de coups - elle est victime de violences conjugales évidentes et elle est enceinte. Un collègue de Wayne suggère de laisser l'époux mourir sur la table d'opération mais c'est impensable pour Thomas qui ne conçoit pas de trahir le serment d'Hippocrate.
Face à sa femme Martha et son fils Bruce, il se justifie par le fait que s'il avait laissé le mari succomber à ses blessures, il n'aurait pas mieux valu que lui. IL est là pour guérir, soigner, pas venger. D'ailleurs Martha Wayne va offrir à la jeune mère un toit et de l'aide pour fuir ce mari violent...
Taylor fait un bond dans le présent : Batman patrouille et interrompt une tentative de braquage dans une épicerie commise par un adolescent armé qui a accidentellement tiré sur le commerçant et pris la fuite. Batman le piste après avoir appelé les secours grâce à un traceur qu'il a collé sur le fugitif mais il le retrouve mort dans les égouts, assassiné. C'est la neuvième victime d'un tueur en série.
Enfin, Bruce Wayne assiste à une soirée chic donnée par une de ses anciennes employées, Scarlett Scott, qui a mis au point une potion miracle... A priori rien ne relie tous ces éléments et pourtant, sans spoiler, Tom Taylor les dispose comme les pions sur un échiquier pour une partie qui se joue sur plusieurs années (décennies). C'est brillant et la dernière page révèle qui est le mari violent soigné par Thomas Wayne - je vous promets que vous allez être sidéré !
On reconnait le sens de la caractérisation su scénariste, le rythme vif qu'il imprime au récit, cette façon de désarçonner le lecteur aussi en ne lui donnant pas exactement ce qu'il attend (par exemple, en ne montrant que très peu Batman). Pas de doute, il sait ce qu'il fait. Espérons simplement qu'il saura développer ça correctement, en ne décompressant pas inutilement (comme sur Nightwing).
Après Bruno Redondo, Taylor reçoit un autre cadeau de la part de son editor qui lui a attribué un excellent dessinateur, plus régulier, bien qu'il ait enchaîné les projets disons compliqués ces derniers temps : Mikel Janin.
L'espagnol a perdu beaucoup de temps en acceptant d'illustrer les épisodes de Justice Society of America de Geoff Johns, pour son troisième passage sur ce titre qui s'est avéré calamiteux (et qui marque ses adieux à DC). Obligé d'attendre des scripts sans cesse en retard, il a l'occasion de rebondir avec un auteur plus discipliné et avec un personnage qu'il apprécie et à qui il a donné le meilleur de lui-même : Janin a en effet dessiné la majorité du run de Tom King sur Batman.
La surprise ici, c'est que Janin assume non seulement dessin et encrage mais aussi la colorisation, une première si je ne m'abuse. Et le résultat est somptueux. J'ai toujours beaucoup aimé la façon dont il représentait le dark knight et donc je suis ravi qu'il s'en charge à nouveau. Mais en plus en maîtrisant toute la partie visuelle, il a la possibilité de soigner lui-même les ambiances et on découvre donc quel excellent coloriste il est.
Comme d'habitude avec Janin, les femmes sont sublimes, les décors soignés, le découpage limpide et efficace. Quel régal !
Mine de rien, ça faisait un bail que je n'avais plus lu de Batman, encore plus dans Detective Comics, et c'est un retour gagnant.
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