Tentant, en vain de joindre Harry Osborn, Peter Parker surprend un braquage de banque. Il intervient en tant que Spider-Man mais se trouve confronté à Mr. Negative. De retour chez lui, il a une discussion avec Mary Jane qui se demande si la double vie de son mari ne risque pas de mettre leur famille en danger...
A vrai dire, je ne sais quoi penser de cet épisode. Le mois prochain, la série fêtera sa première année de publication et ses héros auront également vieilli d'un an puisque c'est le principe de l'univers Ultimate tel que l'a conçu Jonathan Hickman, un univers où tout se déroule en temps réel, où un mois entre chaque numéro correspond à un mois dans l'existence des personnages.
Jusqu'à présent je trouvais que ce procédé fonctionnait parfaitement, même s'il fallait en passer par des épisodes plus ou moins captivants. On sentait bien que Hickman attendait que Marco Checchetto soit disponible pour écrire les chapitres les plus séduisants, les plus palpitants. Et qu'il réservait à David Messina les autres segments où cela se résumait à des dialogues entre les protagonistes.
Cette tâche ingrate, Messina s'en acquittait avec un professionnalisme assez admirable, même si on pouvait aussi estimer que ce dessinateur devait ronger son frein en espérant un jour, lui aussi, dessiner Spider-Man en action. C'est chose faite ce mois-ci mais le résultat est terriblement frustrant pour lui comme pour le lecteur.
D'un côté, je suis presque rassuré car j'espère que Checchetto sera là pour mettre en image la scène qu'on voit sur la couverture qu'il a signée. Mais d'un autre côté, cette fausse piste rejaillit sur la qualité de l'épisode où, honnêtement, on n'a pas l'impression d'avoir assisté à quoi que ce soit qui fasse avancer le schmilblick. Et là, on touche aux limites du récit en temps réel.
Comme je le disais, ce procédé fonctionnait très bien pour moi. Il y avait clairement des épisodes bouche-trou, où Hickman attendait que Checchetto recharge ses batteries pour sortir ses planches magiques. Mais l'un dans l'autre, Messina représentait l'avantage inestimable d'être une une doublure de luxe, un second dessinateur d'un niveau très supérieur à celui d'un fill-in ordinaire.
Dans le cas présent, il a donc la chance d'enfin dessiner Spider-Man en action, plus une scène avec MJ et une autre avec Ben Parker joliment écrites. Mais au fond l'affrontement avec Mr. Negative est abominablement creux, comme un coup pour rien alors qu'un méchant avec ses pouvoirs a tellement de potentiel, ici réduit à un gadget.
Ensuite, l'échange entre Peter et MJ correspond à ce que Hickman fait très bien quand il s'agit d'interroger la condition super-héroïque et ses conséquences, mais on a quand même le sentiment qu'il a déjà bien abordé le sujet auparavant dans cette série et donc c'est redondant. Quant à la discussion avec Ben, sans spoiler son contenu, elle échoue à surprendre alors même qu'un personnage annonce une découverte majeure.
Ce qui illustre un paradoxe : une série en temps réelle devrait donner une histoire nerveuse, avec un sentiment d'urgence, une tension. On sait que tout l'univers Ultimate est aligné sur un compte à rebours, celui qui conduit à la libération du Créateur emprisonné dans une boucle temporelle dans sa cité. Cela nous projette en Septembre 2025 et Marvel a commencé à communiquer sur cette échéance en révélant qu'un crossover aurait lieu (avant ou avec les héros de la Terre 616 ?).
Sauf que, pour l'instant, cette urgence, cette tension sont absentes - dans Ultimate Spider-Man en tout cas (puisque c'est le seul titre que je lis, mais je n'ai pas l'impression que ce soit différent dans Ultimate Black Panther ou Ultimates, encore moins dans Ultimate X-Men qui semble totalement déconnecté du reste). C'est tout de même embêtant.
En fait Spider-Man est trop dans la périphérie des événements. C'est même toute son identité puisque l'histoire est celle d'un type qui apprend qu'il a été empêché d'être celui qu'il est devenu. Mais le Peter Parker de Hickman est tout sauf un super-héros qui s'engage pour un futur récit paroxystique contre le Créateur et ses partenaires. C'est surtout un héros qui apprend, lentement, et dont on ne donne pas cher pour l'instant quant à ses chances de survivre à Wilson Fisk et ses Sinister Six...
Je ne dirai donc pas que Hickman a raté son coup, parce que c'est quand même une série agréable à lire, qui se joue habilement des attentes, en adressant des variations savoureuses au Spider-Man classique, et qui profite de deux artistes (un génie, et un très bon). Mais j'aimerai quand même que ça bouge un peu plus, que ça aille vraiment concrètement plus vite et plus fort, que ça voit plus grand. Ce que Hickman sait si bien faire et qu'il donne étrangement l'air d'éviter ici...
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