Plusieurs membres de la Justice Society of America sont portés disparus après une attaque lancée sur leur quartier général. Les héros restants se disputent sur quoi faire : certains estiment qu'il faut traquer les suspects, d'autres tenter de retrouver leurs camarades...
Ce retour de la JSA doit s'apprécier pour ce qu'il est : le vrai retour d'une série et de ses personnages après la tentative ratée de Geoff Johns de composer son troisième run. Le scénariste qui fit autrefois la pluie et le beau temps chez DC a laborieusement livré douze épisodes, avec beaucoup de retard, pour une histoire besogneuse au possible avant de prendre définitivement son indépendance chez Image Comics qui héberge désormais son propre label (Ghost Machine).
DC n'a pas voulu laisser le soufflé retomber mais n'a pas non voulu refaire la même erreur. Il fallait une série JSA régulière, qui sort à l'heure, et également débarrassée des obsessions de Johns et pour cela l'éditeur a fait appel à un auteur qui a lui-même connu des hauts et des bas durant la période des New 52 mais qui est une valeur sûre et un scribe prolifique : Jeff Lemire.
Cela faisait donc un moment que je n'avais plus lu une série JSA et également du Jeff Lemire (je n'ai pas réussi à venir à bout du dernier volume de Black Hammer, devenu trop échevelé à mon goût). Le canadien a exprimé sa joie de reprendre ce titre qui est, dit-il, son préféré dans la catalogue DC et pour lequel, s'il a conservé des éléments de Johns, est un vrai jumping-on-point.
Ce qui frappe surtout à la lecture de ce premier épisode, très dense et très fluide en même temps, c'est qu'on constate que Lemire, comme il le fait avec ses spin-off de Black Hammer, renoue avec les basiques de la série. D'ailleurs le titre de ce premier arc, Ragnarok, renvoie directement à une histoire mémorable de la JSA.
Le casting ensuite se veut très large et fédérateur, comme une synthèse : il y a les vieux de la vieille (Alan Scott, Jay Garrick, Ted Grant, Hawking et Hawkman), la relève (Sandy Hawkins, Jessie Quick,, Hourman) et les versions alternatives (Yolanda Montez, Beth Chappell, Khalid Nassour), sans oublier les descendants directs d'un vétéran (Jade et Obsidian). Donc à la fois la Justice Society originelle, celle relancée par James Robinson et David Goyer à la fin des 90's, celle de Johns et Infinity Inc. : ce que Johns rêvait sans doute lors de son deuxième run quand in évoquait une série Justice Society Infinity.
On peut d'ailleurs s'amuser de cette relance de JSA en mode Infinity quasiment au même moment que celui de Justice League en mode Unlimited, comme si désormais une équipe aussi emblématique ne pouvait qu'ouvrir grand ses portes pour être sûr de n'oublier personne (et de plaire à tous). Et simultanément aussi avec la gamme Absolute qui veut réinventer les héros iconiques de l'éditeur sut une sorte de contre-Terre.
Sur le fond, Lemire a écrit une introduction qui ne manque pas de matière avec tous ces personnages mais il réussit à tous leur donner un moment et surtout à créer du lien et des tensions. Grosso modo, la génération Infinity Inc. est aux commandes après la disparition mystérieuse des vétérans mais deux clans s'affrontent : Jade souhaite que les efforts soient concentrés pour retrouver les membres manquants quand Obsidian, son frère, préfère prioriser la traque de ceux qui les ont attaqués (et ont laissé Jakeem Thunder dans un sale état).
Le twist final, que je ne vous révélerai pas, est très habile pour donner envie de lire la suite, même si les méchants sont classiques. Toutefois, tout le projet de Lemire tient dans cette volonté manifeste de s'appuyer sur ce qui fonde une série come celle-ci plutôt qu'essayer de réinventer la roue. Les thèmes de la transmission, de l'héritage, de la tradition et de la modernité, sont là, fidèles au poste. Si vous venez pour ça, vous êtes servis et c'était mon cas.
Pour dessiner une série aussi fournie que JSA, il faut compter sur un artiste qui se donnera sans compter et qui assumera cette charge de travail. DC a donc misé sur un jeune, Diego Olortegui, testé auparavant sur une mini-série Jay Garrick publiée en même temps que Justice Society of America de Johns.
C'est aussi lui qui a signé la couverture et elle est représentative de ce qu'il fait à l'intérieur : son trait est expressif et dynamique. Parfois étonnamment il est encore un peu rigide sur certaines attitudes et son découpage est très classique. Mais force est de reconnaître qu'il embrasse le script de Lemire avec un vrai talent et une belle technique.
Olortegui fait en sorte que les héros les plus âgés ressemblent à ce qu'ils doivent être tandis que les plus jeunes se distinguent d'eux et que ceux qui sont entre deux soient identifiés comme tels. Les décors sont soignés sans être exubérants et de ce point de vue, l'épisode donne à voir plusieurs sites bien marqués (le Brownstone de la JSA, la Tour du Destin).
Il n'y a rien à jeter dans cette reprise, même si évidemment tout reste à (re)faire. Mais les personnages que vous aimez sont présents, l'intrigue est accrocheuse, visuellement c'est tonique. En un mot comme en cent : ça fait du bien de retrouver la JSA.
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