L'équipe G.I. Joe s'entraîne, mais lorsque Conrad "Duke" Hauser fait son rapport au colonel Hawk, il ne cache pas qu'ils ne sont pas prêts et sous-équipés. De son côté, Destro fournit au Cobra Commander de nouvelles armes révolutionnaires alimentées par de l'Energon. Les deux camps se préparent à effectuer un raid dans un laboratoire au Colorado qui a récupéré des pièces d'un Transformer...
Et c'est parti ! Après plusieurs mini-séries destinées à (re)présenter l'univers de G.I. Joe, Joshua Williamson peut enfin entrer dans le fil du sujet. Tout d'abord, à part la mini Duke, je ne crois toujours pas qu'il faille tout lire de ce qui a été édité récemment sur le label Skybound de Robert Kirkman pour apprécier son Energon Universe (qui intègre à la fois Void Rivals, Transformers et donc G.I. Joe).
Ce qu'il faut savoir, c'est que de gigantesques robots, les Transformers, se livrent une bataille dans l'espace et sur Terre. Capables de se changer en véhicules terrestres, marins et aériens, ces robots font des ravages à cause de leur taille et de leur puissance - ce sont eux qui relient tous les titres puisqu'on en a vu dans Void Rivals, et dans les minis Duke, Destro, Scarlet et Cobra Commander, et ils ont leur propre série à leur nom.
En ce qui concerne plus spécialement G.I. Joe, on a pu voir dans Duke que Conrad Hauser a perdu son meilleur ami soldat à cause d'un méchant Transformer (un Decepticon), mais sa hiérarchie a refusé de croire à ce à quoi il a assisté jusqu'à ce que le colonel Hawk, son supérieur, ne le recrute pour diriger un escadron afin de contrarier les plans guerriers de l'organisation Cobra dont l'armement est fourni par M.A.R.S. Industries, dirigées par Destro.
La technologie des Transformers est convoitée par Destro et son chef de guerre, le Cobra Commander : Destro veut dominer le monde, Cobra Commander l'asservir (puisque c'est un alien), deux ambitions similaires pour lesquelles la fin justifie les moyens. G.I. Joe est un projet para-miliaire conçu pour empêcher cela.
Maintenant, dîtes-moi si ça ne vous rappelle pas quand même quelque chose, même si, comme moi, vous débutez G.I. Joe. Deux organisations antagonistes, des espions, des arsenaux redoutables et révolutionnaires... Chez Marvel, c'est le S.H.I.E.LD. contre Hydra. Chez DC, c'est Checkmate contre Kobra.
Mais ni Marvel ni DC n'ont réussi, depuis des lustres, à développer un grand projet aussi habilement ourdi que celui de Robert Kirkman et Joshua Williamson avec G.I. Joe. Ensemble, les deux auteurs ont su, en exploitant les droits des jouets Hasbro, refaçonné un univers pour le rendre abordable tout en ne sacrifiant pas leur ambition. Tout s'est mis en place progressivement et aboutit désormais.
Ah si seulement Marvel avait laissé Bendis écrire son projet Nick Fury ou si Hickman n'avait pas mis autant de temps à finir sa propre série SHIELD, qui sait... Bendis, encore lui, avait retenté le coup chez DC avec Event Leviathan mais sans être soutenu éditorialement et sans réponse enthousiaste des fans. En fait, ce qui manquait à tous ces projets, c'était un plan cohérent et surtout la volonté de raconter quelque chose auquel le lecteur comprenne quelque chose immédiatement.
Et c'est la réussite de ce premier épisode, comme ça l'était de ceux de la mini Duke : il y a un manichéisme évident dans la formulation du propos, mais il est assumé. Dans la postface de ce premier chapitre, Williamson exprime sa joie d'écrire cette série mais explique aussi que ce n'est vraiment que le tout début : il voit loin et il voit grand, désireux à la fois de garder les bases de ce qui a été fait avant dans les comics GI Joe tout en apportant de nouveaux éléments, en enrichissant cette mythologie.
Il y a donc beaucoup d'action, des personnages campés avec efficacité, une opposition entre deux camps bien marquée. Mais Williamson, on le sent, ne veut pas donner que dans le bourrin : il ménage quelques scènes d'exposition, presque de réflexion. La course à l'armement, l'énergie destructrice qu'a domptée Destro, la soif de revanche de Duke, l'esprit de conquête de Cobra Commander, tout ça dessine un affrontement guerrier mais où les héros doutent - de pouvoir gagner avec un maigre effectif, des équipements limités, de l'impréparation.
Et, sans spoiler, c'est ce qui va arriver inévitablement. D'un côté, on a une équipe, de l'autre une armée, et la fin de l'épisode voit déjà un des membres de GI Joe tomber. C'est expéditif, Williamson n'a pas peur de brûler des cartouches, mais ça introduit aussi un vrai suspense, un déséquilibre, qui donne au lecteur le sentiment que rien n'est joué, que la partie est faite pour durer.
Tom Reilly était déjà sacrément bon, plus qu'il ne l'avait jamais été chez Marvel et DC, sur Duke. Allait-il continuer sur sa lancée en plongeant dans le grand bain, où il devrait animer une quantité de personnages, de situations ? La réponse est : oui. Ce jeune artiste impressionne mais en même temps il donne surtout l'impression d'être complètement dans son élément, comme s'il dessinait le projet de ses rêves.
Il est faux de croire que tous les artistes ne rêvent que de super-héros, encore plus qu'ils peuvent y exceller. Il suffit pour s'en convaincre de penser à John Buscema : c'était un géant, un virtuose - personnellement je le trouve très supérieur à Kirby - mais, ce n'est pas un scoop, il détestait dessiner du super-héros, ça l'ennuyait terriblement. Il s'éclatait par contre sur Conan dont il a figé l'image pendant longtemps.
Sans comparer Reilly à Big John, je crois qu'on a affaire au même type de bonhomme : Reilly a fait ce qu'il a pu avec ce qu'on lui a écrit chez Marvel et DC, et parfois il s'en est mieux sorti que d'autres. Mais fondamentalement, quand on voit ce qu'il livre ici, c'est évident qu'il n'attendait que ça, dessiner des soldats, des fusils, des flingues, des chars, des hélicos, des explosions, et tout le folklore qui va avec. Tom Reilly, c'est un peu Joe Kubert, l'homme qui a immortalisa Sgt Rock, ce qui lui convenait le mieux, là où il exprimait le mieux non pas la fascination pour la guerre et ceux qui la faisaient, mais l'humanité ravagée par elle.
Reilly n'a pas encore l'expérience ni même la philosophie de Buscema et Kubert et GI Joe n'est pas Sgt Rock. Mais il s'éclate avec ce matos, il se révèle vraiment avec ce que lui écrit Williamson. Et si son influence visuelle à lui, c'est indéniablement l'école Alex Toth et surtout Chris Samnee, il n'a, à mon avis, pas fini de nous épater.
Alors, n'ayez pas peur de plonger dans l'aventure. Je n'étais pas un spécialiste de GI Joe, j'aborde ça avec candeur, mais la lecture est jubilatoire, c'est de la belle ouvrage, du chouette divertissement. C'est ce que Marvel et DC n'ont pas été capables de faire dans ce registre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire