Aaron réussit à divertir avec cet épisode mais en même temps il prouve qu'il n'a pas créé ces Avengers préhistoriques pour la plaisanterie : comme pour les origines du premier Ghost Rider, la bascule s'opère avec la présence de Mephisto, le grand tentateur, sous la forme d'un serpent, qui vient essayer de corrompre l'héroïne puis son adversaire.
Andrea Sorrentino, qui venait de chez DC (où il avait brillé sur Green Arrow, écrit par Jeff Lemire), met en images ce segment. Récemment sous le feu des critiques pour avoir visiblement utilisé l'Intelligence Artificielle pour un travail, l'italien a un style qui ressemble ici à du Frank Quitely, mais sans le génie de ce dernier. Son trait fin et son découpage très élaboré réussissent pourtant à donner à l'ensemble une belle allure à laquelle le regretté Justin Ponsor aux couleurs n'est pas étranger.
Le diable de Marvel va devenir une figure récurrente de tout le run de Aaron jusqu'à son terme, manipulant les uns et les autres, pour tenter d'abattre ceux qui se dressent sur son chemin et contrarient ses projets. Les Avengers de toutes les époques sont donc ses cibles et on verra que Mephisto va employer des moyens de plus en plus colossaux pour les éliminer.
Toutefois, il n'est pas non plus le chef d'orchestre omniprésent de toutes les menaces qu'affrontent les Avengers. Dans l'arc de La Guerre des Vampires, Aaron utilise une intrigue classique avec une bataille de pouvoir entre Dracula et la Légion des Morts, qui n'est pas sous l'influence du Malin.
Alors, bien sûr, il ne s'agit pas de l'histoire la plus originale du scénariste qui l'a surtout, à l'évidence, conçu comme un divertissement pop-corn explosif et qui, rétrospectivement, a plutôt l'air d'un échauffement pour les Avengers. L'un des leurs est victime d'un détournement et ils réagissent à la fois pour le sauver avant de ramener la paix dans le monde.
Dans une bonne partie de son run, Aaron aura deux chouchous dans l'équipe : d'une part She-Hulk et de l'autre Ghost Rider. Robbie Reyes est un peu son Spider-Man à lui : le rookie de la bande, la plus jeune et inexpérimentée des recrues, affligée d'une malédiction sur laquelle il n'a aucun contrôle et qui est liée à un pacte maléfique (tiens, tiens...). Il n'est donc pas difficile de s'attacher à ce personnage qui est constamment perdu au milieu de champions du Bien chevronnés qui le chaperonnent, le guident, le testent, et lui doivent à l'occasion une fière chandelle (comme on a pu le vérifier lors du combat contre le dernière armée des Célestes).
Ghost Rider, c'est aussi toute une mythologie sur laquelle a travaillé auparavant Aaron et qu'il a enrichi, mais Robbie Reyes n'est pas Johnny Blaze ni Danny Ketch, c'est quasiment une page blanche sur laquelle il peut projeter de que bon lui semble et qu'il a ostensiblement à coeur de valoriser pour en faire la vedette de demain. Malheureusement, comme Luke Cage avec Bendis, personne ne saura vraiment profiter du travail opéré par le scénariste pour confirmer le potentiel de Robbie Reyes.
Aaron a aussi intégré à l'équipe des Avengers un huitième membre en la personne de Blade, le vampire chasseur de vampires. Popularisé grâce aux films de Stephen Norrington, Guillermo del Toro et David Goyer à la fin des années 90-début des années 2000, Kevin Feige tente depuis de lui redonner sa chance mais le projet semble maudit (plusieurs auteurs et réalisateurs ont jeté le gant et maintenant le long métrage n'a même plus de date de sortie). Le scénariste lui donne un caractère fort en gueule, c'est le tueur du groupe, l'équivalent de ce que fut Wolverine pour Bendis et donc on peut se poser les mêmes questions sur son recrutement que pour le mutant griffu (à savoir : comment Captain America, par exemple, s'accommode d'un tel acolyte ?).
Visuellement, ces épisodes sont très dynamiques : David Marquez est aux commandes et il fait ce qu'il sait faire le mieux, insuffler une énergie folle à chacune de ses planches, en livrant des scènes d'action extraordinairement intenses. Certes, il le fait en sacrifiant de plus en plus les décors au fur et à mesure de la progression du récit, mais quel punch !
Avec Marquez, on a pu croire que la série s'était trouvé un artiste régulier qui pourrait, au besoin, laisser de la place à l'autre vedette du titre, Ed McGuinness. Pourtant, il ne s'attardera pas et La Guerre des Vampires conclura sa prestation sur le titre, de belle manière certes, mais aussi en en frustrant pas mal. De fait, ensuite, il faudra attendre un certain temps avant que Avengers déniche la perle rare capable de soutenir les scripts exigeants graphiquement de Aaron.
On a donc cinq épisodes rapides, toniques, à défaut d'être inventifs. Jason Aaron semble encore en rodage, comme s'il cherchait à séduire le lecteur tout en avançant patiemment ses pions. Ce que confirmera le tome suivant qui n'est rien d'autre qu'un gros tie-in à War of the Realms, l'event lié à Thor, autre série qu'il pilote à l'époque.
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