Le jeune super-héros Airwave arrive dans la Tour de Guet de la JLU. Red Tornado envoie plusieurs membres de l'équipe à plusieurs endroits dans le monde. Wonder Woman, Superman, Firestorm, Star Sapphire, Kid Flash et Black Lightning partent pour l'Afrique du Sud. Batman et Blue Beetle III pour le Costa Rica...
C'est la grosse sortie de la semaine et c'est un petit événement puisque c'est le retour d'une série Justice League dans les bacs deux ans et demi après l'arrêt du titre, au n°75 (daté de Avril 2022). A l'époque Brian Michael Bendis venait d'achever un bref et médiocre run et c'est Joshua Williamson qui se chargea s'enterrer la série pour s'en servir de rampe de lancement pour son event Dark Crisis.
Avant d'aller plus loin, pour bien mesurer la radicalité de la décision de DC de se passer d'une série sur la Justice League, imaginez que Marvel ne publie plus Avengers pendant deux ans et demi et vous comprendrez à quel point ça semble fou. Même si, après la fin du run de Scott Snyder, le titre sombra péniblement jusqu'à l'arrivée de Bendis que DC débarqua de Superman et Action Comics en espérant sauver l'affaire.
Pour que l'univers DC ne paraisse pas délaissé par ses champions, Tom Taylor relança la série Titans dont le chef, Nightwing, venait d'être intronisé par Superman, Batman et Wonder Woman comme celui qui devrait désormais jouer les pompiers de service avec ses acolytes. Si, commercialement, ça ne se passa pas trop mal, d'un point de vue narratif, les Titans ont mangé leur pain noir, surtout lors de l'event Beast World.
Jusqu'à Absolute Power qui marqua le point culminant d'un plan longuement réfléchi par Amanda Waller pour rayer les super-héros de la carte. Un coup presque gagnant, qui a surtout permis d'officialiser le retour de la Justice League. Mais une Ligue des Justiciers différente, ainsi qu'elle fut présentée dans le n° spécial DC All-In.
Justice League Unlimited renvoie évidemment à la série animée bien connue (2004-2006), diffusé sur Cartoon Network, qui mettait en scène une équipe où tous les héros DC étaient membres de la Ligue et appelé en fonction de la menace à affronter. Mark Waid garde ce principe en le détaillant : il ne s'agit pas d'annuler les autres groupes de héros, mais de composer une Justice League différente, meilleure, plus grande qu'elle n'a jamais été.
Je me rappelle que lorsque Brian Michael Bendis avait fait de Spider-Man et Wolverine des New Avengers, certains fans poussèrent des cris d'orfraie. Le scénariste systématisa ce principe au point qu'on pouvait penser que désormais tous les héros Marvel étaient des Avengers en puissance. Après lui Jonathan Hickman a transformé les Avengers en une sorte de légion, de petite armée, mais plus personne ne s'en plaignait...
Sur le papier, cette nouvelle Ligue XXL, dans sa Tour de Guet, renvoie à Kingdom Come ou aux années satellite de la Justice League of America(dans les années 1970), donc au concept d'une sorte de panthéon super-héroïque avec des personnages dominant le monde, le toisant depuis l'espace. Pas du meilleur goût donc. Mais là encore Waid a voulu nuancer...
Et c'est ce que montre avant tout autre chose ce premier épisode de Justice League Unlimited : certes, c'est le retour de la Tour de Guet, mais il ne s'agit plus d'une station en orbite géostationnaire. Ainsi, les héros sont envoyés aux quatre coins du globe en fonction des menaces qui y apparaissent et des compétences nécessaires pour les affronter.
Il sera intéressant de voir si Waid compte aborder l'aspect politique internationale que soulève ce mode opératoire car, de facto, la Ligue agit sans attendre qu'on l'appelle ou qu'on l'autorise à intervenir dans un pays. Si Waid a de l'ambition sur ce plan, je serai curieux de voir comment il traite par exemple d'une opération en Ukraine et, s'il le fait, s'il mentionnera l'invasion de l'armée russe là-bas...
Mais avant tout cela, JLU s'avance comme un divertissement plein d'action, un grand spectacle taillé pour que Dan Mora le dessine avec l'énergie folle qu'on lui connait. Les planches qu'il livre sont efficaces, avec une démesure réjouissante, même si c'est parfois un peu confus (il faut quand même que tout ça tienne en une vingtaine de pages). En tout cas la puissance des Superman, Wonder Woman, Star Sapphire et compagnie est bien mis en valeur.
Pour ceux à qui manquait la Justice League ou plus globalement un team-book bourré d'action et d'héroïsme basique, cette série est un bonheur, simple et accompli. On ne peut rêver meilleur tandem que Waid et Mora pour réaliser ce titre. L'utilisation de personnages très connus et d'autres moins ajoute au plaisir de la lecture - et le scénariste a confirmé que ce serait tout le temps ainsi.
Par ailleurs, on a droit à deux subplots accrocheurs : l'un concerne l'auteur de l'attaque commise en Afrique du Sud, un groupuscule nommé Inferno qui annonce la couleur en défiant la JLU, prédisant, quels que soient ses efforts, son échec dans les prochains mois ; et l'autre impliquant un tout jeune héros qui intègre cette JLU pour un projet inquiétant....
Ce premier épisode en laissera sûrement sur leur faim - faute d'un adversaire plus identifiable, plus familier. Toutefois, je prédis un carton logique et mérité car ça fait plaisir de retrouver la Ligue avec de si bons auteurs aux commandes.
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