vendredi 1 novembre 2024

THE MAGIC ORDER 5 #2 (of 6) (Mark Millar / Matteo Buffagni)


Et si l'Ordre Magique n'avait jamais existé que dans la tête de Caroline Stone qui prétend s'appeler en vérité Cordelia Moonstone et être la chef de cette organisation occulte ? C'est ce que pense le médecin en charge de son cas dans la clinique psychiatrique où elle est internée. A moins que la réponse à tout ça se trouve dans les mots croisés qu'on lui donne à remplir pour qu'elle se détende...


Et si ce cinquième et dernier volume de The Magic Order était le meilleur de la série ? Voire même ce que Mark Millar a écrit de mieux depuis qu'il a créé son MillarWorld ? Je sais, j'y vais un peu fort, mais comprenez-moi bien : le scénariste écossais livre une prestation remarquable, d'une finesse rarement vue chez lui et qui promet encore beaucoup pour les quatre prochains numéros.


Oui, ça fait bizarre de parler de "finesse" quand on parle de Millar. L'auteur est honni par beaucoup pour justement son côté bateleur et provocateur, et il faut bien admettre que la grande majorité de sa production, indépendante comme pour les Big Two, ne brille pas par sa subtilité. Millar, c'est un créateur de contenu très prolifique, très inégal, et qui aime épater la galerie. Pas un poète donc.


Mais, croyez-moi quand je vous dis que ces deux premiers épisodes de The Magic Order vol. 5 sont excellents. J'ignore si Millar va vraiment tuer Cordelia Moonstone comme le titre de l'histoire l'indique, ou s'il joue avec nos nerfs, mais le bonhomme n'est pas un sentimental et il est donc probable qu'il achève sa série en supprimant son héroïne.


Mais, avant cela, il nous aura brillamment roulé dans la farine en la décrivant comme une folle mythomane, donnant à son histoire un caractère méta inattendu puisque, si on remet en question le fait que Cordelia est une magicienne, alors tout ce qui l'entoure (l'Ordre Magique, sa malédiction pour avoir invoqué un sort qu'il lui faudra payer au prix fort, etc.), qu'est-ce qui reste ?

Les scènes dans l'asile sont épatantes, rien de moins. On ne sait vraiment plus quoi penser, Millar nous trouble formidablement. Et puis il y a le twist, le renversement de situation, qui ramène un peu tout, trop vite sur les rails, mais avec un cliffhanger redoutable, en forme de compte à rebours, très efficace. Pourtant, rien ne dit que ce qu'on lit alors rétablit ce qu'on a lu depuis 25 épisodes et quatre volumes. Ce serait même un sacré tour de force de la part de l'auteur de nous embobiner à nouveau.

Quoiqu'il en soit, le niveau s'est redressé spectaculairement entre le précédent volume et celui-ci. Je pensais que Millar avait perdu l'inspiration et cassé sa belle mécanique, alors que les trois premiers cycles se tenaient quand même très bien. Mais voilà qu'il s'est ressaisi et avec classe. De quoi attendre un peu plus sereinement les annonces promises pour début Décembre concernant le MillarWorld 2025 (plus un projet pour Marvel).

Si The Magic Order nous enchante à nouveau, c'est aussi parce que, après la déception des épisodes de Dike Ruan, la série a renoué avec un dessinateur digne de Coipel, Immonen et Cavenago. Matteo Buffagni est un artiste de première classe et si je remercie Millar de lui donner l'occasion de le prouver, je déplore toujours que les Big Two ne voient pas à côté de quoi ils passent.

Car, enfin, Buffagni, c'est tout de même un dessinateur très solide, très régulier, qui a un sens de la narration graphique extraordinaire, avec des personnages expressifs, des décors soignés, des compositions élégantes, des ambiances intenses. C'est grâce à lui aussi que la série devient plus raffinée, plus subtile, plus fine : sa manière de la mettre en images compense les excès de l'écriture de Millar.

Alors que l'auteur pense déjà à l'après-Netflix (à qui appartiennent toutes les séries MillarWorld), on peut voir cet ultime cycle de The Magic Order comme le début de la fin d'une époque. Ce qui résonne avec le propos même de cette dernière histoire où la mort hante le destin de son héroïne et de son monde...

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