Tout d'abord, avant d'aborder le contenu de ce deuxième tome de Wonder Woman, je tiens à vous prévenir que l'édition en vo comporte donc sept épisodes et sortira le 19 Novembre prochain pour 19,99 $, tandis que l'édition français d'Urban Comics sortira le 22 Novembre (sous le titre Hors-la-loi tome 2) et ne comptera que les épisodes 7 à 10 pour 18 Euros. Vous voyez le problème ?
Bien, ceci étant dit, passons au programme de ce volume 2. Il est assez disparate et pour cause, quasiment la moitié des épisodes est composée de tie-in à l'event Absolute Power. Le premier numéro qui ouvre l'album raconte qui plus est une histoire qui se situe avant l'épisode 5. Autrement dit, une fois qu'on sait tout ça, il n'y a que trois épisodes, formant l'arc Sacrifice qui donne son titre au tome, qui sont la suite directe du premier volume.
L'épisode 7 contraste avec la tonalité de la série, plutôt sombre, mais se révèle surtout très anecdotique : Superman et Wonder Woman cherchent un cadeau d'anniversaire pour Batman. C'est aussi l'occasion d'évoquer brièvement la situation des amazones actuellement, la nature toujours incorrigiblement positive de Superman, la difficulté à contenter Batman...
Ce tas de clichés vous est offert par Tom King qui, comme chaque fois qu'il tente d'être plus léger, se prend lamentablement les pieds dans le tapis pour la simple raison qu'il ne sait pas faire. Lors de son run sur Batman, il avait eu l'occasion d'exercer son talent sur la Trinité Superman - Wonder Woman - Batman avec bien plus d'inspiration, au cours d'arcs narratifs dédiés, en jouant bien plus habilement sur les différences et les similitudes entre les trois héros.
On ne trouve rien de tel ici car l'épisode semble surtout avoir été écrit pour laisser à Daniel Sampere le temps de souffler avant les trois épisodes suivants et surtout après les six précédents où sa prestation a été impressionnante. Il est ici remplacé par Guillem March qui s'en tire très honorablement même s'il mériterait plus de considération de la part de DC qui ne l'emploie plus guère alors que c'est un très bon artiste.
Avant de parler du coeur de l'album, je vais faire un saut jusqu'au trois derniers épisodes, qui concluent ce volume. Il s'agit donc de tie-in à l'event Absolute Power de Mark Waid et Dan Mora. Je préfère franchement quand un éditeur publie des numéros spéciaux que ce genre de chapitres intégrés à une série en cours de publication car ça ne fait que parasiter une intrigue en cours qui n'en a vraiment pas besoin.
Mais DC a préféré impliquer les séries et leurs auteurs dans le récit d'Absolute Power et comme souvent (comme toujours ?), l'intérêt est très inégal. Ici tout repose sur l'alliance improbable entre Wonder Woman et Robin (Damian Wayne) et leur différence philosophique : elle essaie de résoudre les problèmes par la raison, lui par la violence. Rien de nouveau sous le soleil et c'est bien le souci.
Déjà qu'associer Diana à Damian est pour le moins hasardeux, rien ne vient modifier leur conception de la résistance. Mais surtout je ne sais pas pour vous mais, moi, Damian m'insupporte. Ce gamin était une bonne idée à l'origine quand Grant Morrison l'a introduit officiellement dans la continuité, son association avec Dick Grayson quand il a remplacé Bruce Wayne (supposément mort après Final Crisis) était réjouissante (du fait de l'optimisme de Grayson face au cynisme de Damian), sa relation avec Jon Kent dans Super Sons était adorable... Mais aujourd'hui, je n'en peux plus de la morgue de ce morveux toujours mal gratté.
Tout ça est donc très artificiel et superflu. Tony Daniel au dessin rend une copie très correcte (bon, je ne suis pas son plus grand fan, mais je l'ai trouvé en forme pour son retour chez DC), mais j'aurai vraiment préféré que tout ça paraisse dans des hors-série.
Et donc, on va enfin pouvoir parler des épisodes centraux, du #8 au 10. D'abord, pour le plaisir incommensurable de lire des planches magnifiques de Daniel Sampere, divinement colorisées par Tomeu Morey. Qu'est-ce que c'est beau ! Sampere, c'est comme Clay Mann, si celui-ci rendait ses épisodes à l'heure, et avec un storytelling bien plus maîtrisé. Il a su s'emparer du personnage de Wonder Woman et en donner une version qui me semble définitive pour le coup.
Tom King lui donne aussi un script extraordinaire dans lequel on peut voir Diana en proie à des hallucinations où elle campe une desperate housewife mais aussi où elle revit ses grands moments, ses périodes plus ou moins glorieuses dans un dialogue fantasmé avec Steve Trevor, sous l'influence du Souverain et de son lasso du mensonge. Le procédé est malin et efficace, l'amazone est mise à mal psychologiquement après avoir été rincé lors de la bataille épique qu'i a clos le premier volume.
En parallèle, King met en scène les Wonder Girls à la recherche de Diana. Parfois, il se montre maladroit pou trop évasif (comme lors de l'interrogatoire de Sarge Steel), parfois il insiste trop sur l'humour (qui est complètement déplacé dans ce contexte, avec notamment Donna Troy qui tente de piloter le jet de Wonder Woman). Mais c'est compensé par tout le reste, donc le survol des scènes fantasmées ou revécues par Diana en compagnie de Trevor, et surtout, surtout ses échanges avec Cheetah, son ennemie jurée avec laquelle elle trouve enfin son point commun (toutes deux ont été des captives).
Ces trois épisodes, denses, complexes, visuellement splendides, sauvent un sommaire certes copieux mais avec un chapitre inutile et des tie-in encombrants. J'ai envie de dire à DC : laissez Tom King tranquille, il est en train d'écrire le meilleur run de Wonder Woman depuis des lustres, il a une histoire d'une intensité fabuleuse, ne sagouinez pas ses efforts avec des épisodes qui sont comme des mouches dans la soupe. Heureusement la suite ne devrait pas souffrir d'interférences pareilles et le volume 3 devrait conclure cette première saga avec le Souverain en beauté.
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