- A LA RECHERCHE DE STARBRAND (Avengers #26-30)
Il y a 66 millions d'années, un astéroïde s'écrase sur la Terre et décime les dinosaures qui peuplaient sa surface. En vérité, c'est le premier Evénement Blanc qui s'est produit et qui a intégré à la planète un mécanisme de défense cosmique, le Starbrand. Un million d'années plus tard, un homme pourchassé par les Déviants voit son compagnon mourir et il hérite du Starbrand...
De nos jours, Gladiator, Majestor suprême de l'empire Shi'ar, apprend qu'une colonie pénitentiaire a été détruite par une explosion. Il se rend sur place mais demande à ce qu'on avertisse les Avengers s'il n'est pas revenu rapidement... Et c'est ce qui se produit : Captain America appelle Black Widow en renfort pour pallier l'absence d'Iron Man et embarque avec lui Thor, Ghost Rider, Captain Maervel et Blade.
Mais la mission de sauvetage tourne à la catastrophe. Thor est infecté par un Brood, Captain Marvel passe en mode Binaire, Blade agonise à cause du soleil et, pour ne rien arranger, trois des anciens hérauts de Galactus - Silver Surfer, Firelord, Terrax - s'en mêlent car ils souhaitent régler le problème seuls.
Et le problème en question est de taille : ce qui a causé l'explosion, c'est le Starbrand qui a choisi une terrienne incarcérée dans la prison Shi'ar et qui est de surcroit enceinte. Mais comment est-elle arrivée là ?... Cependant, coincée il y a un million d'années dans le passé, Iron Man rencontre les Avengers préhistoriques qui le prennent pour un ennemi...
Le titre de ce sixième tome ne ment pas : tous les épisodes sont sous le signe du Starbrand. Mais c'est quoi le Starbrand ? Pour tout savoir, il faut remonter le temps et se rappeler qu'en 1986, Jim Shooter, l'editor-in-chief de Marvel, a l'idée pour les 25 ans de la maison des idées de créer un nouvel univers avec des personnages inédits, supposément plus réaliste, sans divinités ou super-technologie.
Pourtant, il se contredit tout seul en créant le personnage-concept de Starbrand qui désigne à la fois un pouvoir et son détenteur, en l'occurrence un certain Ken Connell investi de facultés immenses. Le New Universe de Shooter sera un fiasco commercial total et tout le projet sera rapidement abandonné, tombant dans les oubliettes.
Jusqu'à ce que Jonathan Hickman prenne en main Avengers dans lequel il revisite certains des héros de cet époque mais en les réactualisant (on est alors en 2013). Un certain Kevin Connor hérite du Starbrand et deviendra membre de l'équipe aux côtés de Nightmask (un autre rescapé revampé du New Universe). C'est Hickman qui décrit le pouvoir du Starbrand comme un mécanisme de défense de la planète (ce qui signifie que tout monde habité par une espèce intelligente peut en avoir un).
Hickman parti pour d'autres aventures, Marvel décide, après un intermède par Mark Waid, de confier Avengers à Jason Aaron. Auparavant, ce dernier a été chargé d'écrire un one-shot, Incoming, dans lequel sont teasés les événements à venir de l'univers Marvel. On trouve une scène dans laquelle Ghost Rider (Robbie Reyes) affronte Kevin Connor devenu fou et le tue.
Et donc, après nous avoir conté l'origine du premier Starbrand humain dans l'épisode 26, qui ouvre ce volume, le scénariste va consacrer un arc au nouveau détenteur de ce pouvoir. Le récit est efficace, mené sur un rythme trépidant, avec beaucoup d'action. C'est aussi un voyage dans l'espace, un grand classique pour une histoire des Avengers, et Aaron y intègre Black Widow (qui pallie l'absence d'Iron Man, toujours coincé dans la préhistoire, et que tente de localiser Black Panther).
La suite est à la fois intense et très marrante. Aaron se permet tout : Thor transformé en Brood, Captain Marvel redevenant Binaire (son aspect enflammé et cosmique), Blade mourant (mais sauvé par l'ersatz de Man-Thing qu'il a adopté après l'avoir arraché au Colonel de l'Ombre dans La Guerre des Vampires), Ghost Rider qui pique la planche du Silver Surfer, lui-même accompagné par Firelord et Terrax, Gladiator est aussi de la partie.
Tout ça fait beaucoup de monde, je vous l'accorde, mais Aaron gère bien son casting, donnant à chacun un grand moment pour briller, y compris Black Widow dont on pouvait trouver la présence un brin décalée dans ce contexte. En fait, on se rend compte que le scénariste est vraiment dans son élément dans ce mélange d'aventure épique et de comédie délirante, comme aux meilleures heures de son run sur Wolverine et les X-Men. Ce cocktail est plus surprenant pour Avengers mais fonctionne bien malgré tout, notamment parce qu'il nous prend au dépourvu sur l'essentiel, le nouveau porteur du Starbrand (mais pas de spoiler).
Visuellement, c'est encore inégal : Dale Keown, qui dessine les origines du premier Starbrand, est infichu de compléter sa vingtaine de pages et doit recevoir le renfort d'Andrea Sorrentino pour 3 pages ! Puis Ed McGuinness prend le relais : il s'en sort mieux que bien, mais toutefois il faut tempérer notre enthousiasme car Paco Medina revient jouer les doublures sur l'épisode 29 et Francesco Manna officie sur la majorité de l'épisode 30 (qui ferme le ban). Manna fait forte impression dans un style qui évoque beaucoup celui de Pepe Larraz (avant House of X).
Toutefois, malgré ces errements graphiques un peu lassants, c'est un tome réussi, le plus abouti depuis le début du run de Jason Aaron. Qui va ensuite vraiment passer un cap en enchaînant des arcs narratifs plus convaincants et pétaradants, avec en prime, cette fois, des dessinateurs plus réguliers...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire