vendredi 8 novembre 2024

BIRDS OF PREY #15 (Kelly Thompson / Sami Basri)


Démasquée par les dirigeants du 9ème Jour qui détiennent des amazones, Cassandra Cain envoie un s.o.s. à Oracle. Celle-ci ne le reçoit mais ne s'en inquiète pas outre mesure, contrairement à Big Barda qui sent que la situation a dégénérée...


Alors, là, je pense qu'on a un gros problème. Pas seulement comme celui que pressent, à juste raison, Barda au sujet de Batgirl, mais bien du côté de l'écriture de Birds of Prey. Je vous le dis tout net : si je m'écoutais, là, tout de suite, j'arrêterai immédiatement les frais.


Pourquoi cet alarmisme ? Parce que ce n'est vraiment pas, mais alors pas bon du tout. Et que ça commence à durer quand même. Je ne vais pas revenir sur le désastreux arc narratif qui a précédé celui-ci, mais bon, je comptais sur un sursaut de la part de Kelly Thompson. Et la scénariste n'est visiblement pas capable de rebondir.


Outre les changements répétés de recrues, de moins en moins charismatiques (pourquoi Zealot n'est-elle pas revenue dans l'équipe alors que cette nouvelle intrigue offrait une occasion en or pour ça ?), il semble bien que la série s'enlise dans un récit de moins en moins probant, de plus en plus décompressé. Et ça, hé bien, ce n'est pas encourageant pour la suite.


Il se trouve que le 23 Octobre dernier est sorti Absolute Wonder Woman #1, deuxième série de la gamme Absolute de DC. Kelly Thompson est aux commandes, avec Hayden Sherman au dessin, de ce titre qui réinvente l'amazone dans la contre-Terre de Darkseid. Je n'ai pas lu le premier épisode, cette nouvelle ligne ne m'intéresse pas pour l'instant (mais il y a des choses plus intéressantes en vue donc je ne ferme pas la porte) et je m'abstiendrai de critiquer, même si j'ai vu qu'il y avait de nombreuses réserves.

Pour des auteurs aussi renommés que Scott Snyder (Absolute Batman) et Jason Aaron (Absolute Superman), la ligne Absolute est l'occasion de revisiter les héros iconiques de DC, détachés de la continuité, et du cadre dans lequel on est habitué à les voir évoluer. Dans le cas de Absolute Wonder Woman, par exemple, elle n'a pas grandi sur Themyscira mais en Enfer auprès de Circé. Une sorte de version dépouillée donc du folklore habituel.

Il est à noter que Snyder et Aaron ne font qu'écrire pour DC dans cette gamme Absolute, contrairement à Kelly Thompson qui a un pied dans chaque monde puisqu'elle poursuit donc Birds of Prey. Et là, évidemment, ce n'est pas la même affaire puisqu'il y a un passé à respecter, des bases connues. Mais que penser quand un auteur semble déjà à cours d'idées neuves  au bout de 15 épisodes ?

L'intrigue qui a débuté le mois dernier entraîne les BoP sur la trace d'amazones achetées par une compagnie, le 9ème Jour, qui pratiquent des expériences sur elles. Tout ça s'inscrit dans ce que Tom King a établi dans sa série Wonder Woman avec les amazones déclarées persona non grata sur le sol américain et traquées pour être expulsées ou incarcérées si elles se rebellent.

Que Thompson exploite ce que King a posé, c'est plutôt bienvenu car King ne peut pas tout développer dans sa propre série. Qu'elle le fasse avec si peu d'inspiration et si peu de rythme, c'est déjà plus embêtant. Parce qu'on s'ennuie ferme : la mission d'infiltration de Batgirl au sein des locaux du 9ème Jour tourne cour, elle est faite prisonnière à son tour, s'évade et tombe sur un os

Jusque-là ça va, même si ce n'est pas folichon. Ce qui est vraiment affligeant, c'est la réaction d'Oracle et, dans une moindre mesure, de Black Canary quand Cassandra Cain ne donne pas de nouvelles à l'heure prévue - en gros : ce n'est pas grave, on peut attendre un autre créneau horaire, et puis elle peut se débrouiller. Big Barda, elle, s'emporte face à cette attentisme et ne comprend pas - comme le lecteur.

Et je vous passe les dialogues nuls entre Onyx Adams et Grace Choi (dont on se demande ce qu'elles fichent là), où celui entre Black Canary et Sin (qui n'apprécie guère elle aussi de rester en retrait). Kelly Thompson retombe dans les travers de ses travaux chez Marvel où elle démarrait sur les chapeaux de roues avant de sombrer progressivement, comme incapable de tenir une série sur la durée (quand bien même, à sa décharge, elle se ressaisissait parfois en fin de run).

Sami Basri dessine ça proprement et, grâce à lui, Birds of Prey bénéficie d'une mise en images élégante, plaisante, ce qui est déjà appréciable après le précédent arc et son défilé d'artistes. Mais avec un script pareil, ses talents ne sont pas mis en valeur, il se contente en vérité d'illustrer des scènes qui s'étirent péniblement.

J'espérai donc un sursaut, mais je constate que c'est un plat que fait la série. La motivation pour se taper la suite descend en flèche. La solution la plus raisonnable serait de laisser filer les épisodes jusqu'à la fin de l'arc et de les critiquer d'un bloc pour voir si c'est un problème de construction narrative (autrement dit si la série se lit mieux d'une traite que mensuellement). J'aviserai après avoir lu le n°16.

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