samedi 19 juillet 2025

ZATANNA #6 (of 6) (Jamal Campbell)


Zatanna (et quelques amis) vont-ils venir à bout de la sorcière Allura et de Lady White ?


J'ai pris cette habitude de ne pas critiquer le dernier épisode d'une mini-série afin de ne rien spoiler. On assiste bien entendu ici à la confrontation finale entre Zatanna et Allura et Lady White. Plutôt que de tourner autour du pot, dressons un bilan de ce projet porté par Jamal Campbell, qui avait démarré très fort, pratiquement dans la foulée de l'excellente mini Zatanna : Bring Down the House.
 

En quelques mois, DC aura donc mis en avant sa magicienne comme rarement. Toutefois elle n'est toujours pas la vedette d'une série régulière, malgré sa popularité, et l'appel lancé par les fans à James Gunn de l'introduire dans un film. Il fut pourtant question d'un projet, écrit (et réalisé ?) par Emerald Fennell (Promising Young Woman), mais c'était avant que Gunn et Peter Safran soient aux commandes.
 

De ce point de vue, il manque surtout à Zatanna un auteur qui l'animerait sur la durée, comme le fait Steve Orlando avec Scarlet Witch chez Marvel, là aussi avec une succession de mini séries en cinq-six épisodes. Orlando n'a pas non plus fait de Wanda Maximoff une star bankable, mais n'empêche il a réussi à convaincre Marvel, pourtant peu enclin à ce genre d'expérience, à miser sur le personnage.


Le jour où DC aura un auteur dévoué comme Orlando (mais, je l'espère, plus talentueux) et un dessinateur de bon niveau, peut-être aura-t-on droit enfin à un mensuel Zatanna. A moins que l'éditeur ne se décide à faire revenir la Justice League Dark (qui serait alors une sorte de brigade magique au sein de la Justice League Unlimited)...

Pour faire court et clair, je dois bien dire que j'ai beaucoup plus apprécié Zatanna : Bring Down the House par Mariko Tamaki et Javier Rodriguez que Zatanna par Jamal Campbell. L'histoire de Tamaki était à la fois plus limpide, rafraîchissante, valorisante pour le personnage, que le projet de Campbell, qui semble s'être un peu perdu en cours de route.

Par exemple les seconds rôles ont été notoirement absents de l'histoire : Madame Xanadu, le Detective Chimp quasi invisibles, Blue Devil vite oublié... Comme pour s'en excuser, dans ce dernier épisode, Campbell a convoqué Ragman, Etrigan, Wonder Woman (qui contredit Campbell puisque c'est une voleuse de scène), Doctor Fate. Mais trop tard, et de façon trop anecdotique. 

En revanche, du côté des méchants, Campbell s'est montré convaincant : Lady White et Brother Night ont donné du fil à retordre à Zatanna. Gueule d'argile, plus en retrait, a été malgré tout bien traité. Allura manque un peu de temps pour s'imposer comme il aurait fallu. Tout ça démontre en fait un problème d'équilibre narratif.

Campbell est généreux, à l'image de son dessin : son découpage ne manque pas de punch et de créativité, ses couleurs (parfois envahissantes) éclatent, et son récit allie tout ça. Mais parfois c'est tout bonnement trop chargé, trop coloré, trop... Trop tout en fait. C'est un peu épuisant à lire, à suivre, et donc difficile à apprécier.

On a aussi l'impression un peu trop fréquente que Zatanna sert trop de faire-valoir à Lady White, Brother Night et Allura. Cela créé une frustration car elle est trop longtemps en difficulté. Sur six épisodes, elle en passe les deux tiers à être dominée trop lourdement, et quand Campbell veut expliquer pourquoi, comment, ça alourdit l'ensemble, ça freine le récit, ça empiète sur le personnage.

Mais par rapport à Zatanna : Bring down the house, c'est bien le manque de respiration qui fait perdre des points à Campbell. Or, quand on conçoit une série sur la magie, même la plus farfelue, il en va comme d'un numéro d'illusion : il faut laisser croire au lecteur que ce qu'il voit est la réalité pour mieux le tromper.

Il faudra donc, s'il doit à nouveau cumuler les postes d'auteur et d'artiste, que Campbell apprenne à mieux doser ses effets (aussi bien narratifs que graphiques), à contenir son enthousiasme, à composer ses histoires en fonction de ses héros et non en fonction de ses désirs. Pour une vf, n'espérez pas trop et surveillez le tpb (It's Showtime !), prévu pour le 4 Novembre prochain.

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