Simon Mott va-t-il réussir à livrer la Terre aux Seigneurs Noirs ? Cordelia Moonstone va-t-elle mourir en tentant de l'en empêcher ? Et qu'en sera-t-il de l'Ordre Magique au terme de cette bataille ?
Il a fallu s'armer de patience pour lire l'épilogue de ce dernier volume de The Magic Order puisque le précédent numéro datait de Février dernier. On peut légitimement s'interroger sur ce hiatus, d'autant que cet ultime épisode n'est même pas plus fortement paginé. Mark Millar achève sa saga, sans doute sa plus réussie, et voilà, rideau.
Même si le MillarWorld n'est pas mort (un nouveau volume de Nemesis est à paraître), il y a comme une ambiance de fin de règne. Millar finance son nouveau projet avec un crowdfunding sur Kickstarter( Psychic Sam, dessiné par John Romita Jr.) et aucun autre nouveau projet n'est annoncé. Jupiter's Legacy s'est terminé dans l'indifférence générale, et maintenant The Magic Order.
Comme ce dernier volume était sous-titré La Mort de Cordelia Moonstone, cela vient renforcer ce sentiment qu'un chapitre se ferme dans la carrière de Millar alors que lui-même a évoqué la fin de son contrat avec Netflix (qui conservera l'intégralité des droits de son MillarWorld). Et le lecteur lui-même se sent un peu au bout du chemin aussi.
J'ai longtemps été un client de Millar mais je dois bien avouer que mon enthousiasme s'est émoussé. Le fait qu'il n'y aura certainement jamais de fin à Empress m'a déçu. Et ses derniers projets (The Ambassadors en particulier) ne m'ont pas comblé. Quand à Big Game, je pense qu'il s'agissait d'un coup d'éclat, un bouquet final.
Quant à The Magic Order, il était certainement temps que ça s'arrête. Cet arc s'est avéré moins percutant que prévu, l'auteur ayant déjà éliminé la majorité de son casting et épuisé pas mal d'intrigues. Néanmoins, je ne veux pas donner l'impression d'une déception : au contraire, c'est un bon final, peut-être moins éblouissant qu'espéré, mais tout à fait honorable.
Je ne peux hélas ! pas en dire trop sur son contenu sans spoiler. La question centrale est bien sûr de savoir si Millar tue vraiment Cordelia Moonstone comme il l'assure dans le sous-titre. Et je ne vais pas y répondre. Mais il faut reconnaître au scénariste une véritable habileté pour respecter sa promesse tout en lui donnant un relief intéressant qui ne laisse pas le lecteur sur une note déprimante.
L'essentiel du numéro consiste en un long affrontement entre ce qui subsiste de l'Ordre Magique (c'est-à-dire pas grand-chose) et Simon Mott, le gourou à la tête de la Communauté de la Cloche, ayant invoqué de sombres et anciennes créatures autrefois repoussées par l'Ordre. Et cette baston tient ses promesses en termes d'intensité et de baroque.
Bien entendu Clyde Bailey tient un rôle décisif dans cette bagarre et Millar s'arrange même pour inscrire le personnage dans une boucle temporelle, ayant fait de lui ce qu'il est en rencontrant sans le savoir Cordelia bien avant qu'ils ne se connaissent intimement. Face à lui, Samuel Mott a l'aspect d'une sorte de Bouddha maléfique et sûr de sa supériorité.
Pour traduire cela en images, Matteo Buffagni démontre une fois encore sa spectaculaire maîtrise. Il découpe ses planches d'une manière originale, utilisant majoritairement des cadres verticaux. On a alors la visualisation d'un combat qui oppose forces d'en bas et d'en haut, ombres et lumières, passé et futur. C'est très intelligemment trouvé.
Il faut vraiment espérer que le travail de Buffagni auprès de Millar aura tapé dans l'oeil des éditeurs car cet artiste mérite vraiment d'être davantage exploité. C'est un très grand talent, à la ponctualité méritoire, et pas un simple exécutant. Je n'espère plus grand-chose de Marvel (qui l'a laissé filer) mais si DC et ses recruteurs lisent The Magic Order, alors ils seraient bien inspirés de l'embaucher.
Voilà, donc, The Magic Order, c'est fini. Il y aura eu du très bon et du un peu moins bon, mais dans l'ensemble, c'est, à mon avis, ce que Millar a produit de plus abouti en creator-owned sur la durée, bien aidé par des dessinateurs de haut rang depuis le début. Une idée bienvenue serait de voir réunis en un Compendium les 36 épisodes de cette saga. Allô Dark Horse ?
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