Ellen est l'épouse du clerc de notaire Thomas Hutter et ils résident à Wisborg, en Allemange, en 1838. Thomas reçoit la mission de se rendre dans la région des Carpates pour rencontrer le comte Orlock qui souhaite acquérir une maison. En son absence, Thomas confie Ellen à son meilleur ami, Friedrich Harding, et son épouse, Anna, meilleure amie de la jeune femme.
Ellen appréhende ce déplacement mais tout le monde met cela sur le compte de sa personnalité anxieuse depuis toujours. Pourtant, arrivé chez le compte, Thomas se rend compte que Orlock est un être inquiétant et haï par la population locale. L'acte de vente signé, Thomas tombe malade et ne peut repartir tout de suite. A Wisborg, Ellen subit elle aussi une fièvre qui la met en transe et qui oblige les Harding à consulter le docteur Wilhem Sievers.
Tandis que Thomas, à l'article de la mort dans le château labyrinthique d'Orlock, tente malgré tout de fuir et finit par se jeter dans la rivière qui coule tout proche, Sievers explique aux Harding que le cas d'Ellen l'inquiète au plus haut point, mais qu'il aimerait que son ancien professeur, Albin von Franz, l'examine. Toutefois, cet homme a été renvoyé de la faculté de médecine car il s'intéressait aux arts occultes et que ses méthodes créaient la polémique.
Von Franz se penche sur le cas de Ellen et son diagnostic est terrible : elle est possédée par une force maléfique dont l'ombre ne tarde pas à s'étendre sur Wisborg où arrive, par bateau, au terme d'une traversée cauchemardesque, le comte Orlock et que rallie Thomas...
Je n'ai jamais vu le premier Nosferatu de F.W. Murnau (1924), par contre je garde un souvenir impressionné de son remake par Werner Herzog (1979), notamment pour le compositions hallucinées (et hallucinantes) de Klaus Kinski dans le rôle titre et d'Isabelle Adjani. Il reste pour moi la version définitive du mythe revisité du Dracula de Bram Stoker avec le long métrage de Francis Coppola (1992).
Aussi ai-je entrepris de regarder Nosferatu de Robert Eggers un peu à reculons. Comment passer après deux films aussi magistraux ? Auparavant, de ce réalisateur, je n'avais vu que The Witch, et encore je n'avais pas réussi à aller jusqu'au bout car je m'étais ennuyé. Mais comme c'était ici son dream project, je décidai de lui laisser sa chance.
Je ne vais pas faire durer le plaisir : je suis resté sur ma faim. Je crois bien que Eggers est un peu trop surestimé à mes yeux, un de ces cinéastes à qui la critique adore tresser des louanges mais qui, moi, me laisse froid. En comparaison, j'attend davantage, et surtout avec plus de confiance, Frankenstein de Guillermo del Toro, autre relecture d'un classique de la littérature fantastique.
Le problème que j'ai avec Nosferatu de Eggers, c'est qu'il est à la fois excessivement lent, échoue à créer quelque envoûtement et manque d'un point de vue. Quand on s'attelle à un remake, surtout d'une histoire qui a connu deux chefs d'oeuvre d'adaptation, il faut mieux y aller en ayant en tête une idée, une vision qui puissent épater le spectateur. Sinon, à quoi bon ?
Ici, le récit se déploie de manière bien trop classique, ne réserve absolument aucune surprise, n'apporte rien de plus. Herzog, par exemple, faisait de Nosferatu, une créature pathétique et mélancolique à la fois affreuse et poignante. Ici, c'est un monstre qu'on voit à peine, le plus souvent filmé dans la pénombre et qui, une fois qu'il est montré plus franchement, n'a rien de fascinant.
Nosferatu de Eggers tient plus du zombie, du cadavre en décomposition, que du vampire ensorcelant. Avec sa grosse voix, son maquillage épais et sa moustache, il est même parfois difficile de ne pas ricaner alors qu'il est censé nous terroriser. Le peu d'interaction qu'il a avec Ellen et l'absence quasi totale d'explication sur la raison pour laquelle il la cible sont encore plus accablantes.
Je vous passe la caractérisation misérable des Harding, et notamment de Friedrich, ici réduit à un rôle de futur veuf plus accablé que revanchard, ou le cabotinage avec lequel est traité Von Franz (l'équivalent de Van Elsing). Tout ça est plus ridicule qu'autre chose. Tout tombe à plat avec une application confondante, comme si Eggers lui-même n'y croyait pas.
Le cinéaste a expliqué que le tournage avait été compliqué à cause notamment d'une main d'oeuvre avec laquelle il a connu une communication contrariée, dans des conditions météos dantesques. Mais le film n'a même pas ce charme des oeuvres malades, à la conception difficile, et qui lui confère une aura spéciale, un avenir culte.
Alors que le scénario (écrit par Eggers) se traîne pendant les deux tiers, on assiste à une accélération dans la dernière partie, mais c'est trop tard et le dénouement manque singulièrement d'intensité. On est vraiment très loin de Herzog et Coppola. La mise en scène elle-même n'a aucune ampleur, tout est noyé dans un brouillard opaque en guise d'ambiance - c'est peu.
Reste l'interprétation. Willem Dafoe est en roue libre dans un rôle trop évident. Nicholas Hoult semble bloqué sur une note. Aaron Taylor-Johnson est transparent. Emma Corrin est sous-exploité. Ralph Ineson éclipsé (par le numéro de cirque de Dafoe). Quand à Bill Skarsgard, son Nosferatu manque singulièrement de charisme, plombé par un maquillage épouvantable.
La seule à pouvoir être sauvée dans ce gâchis, c'est bien Lily-Rose Depp, car elle se donne littéralement à fond. Totalement habitée par son personnage, elle se livre dans les scènes de possession à des fulgurances impressionnantes (paraît-il exécutées sans trucage, elle doit avoir un bon chiropracteur !). Son allure de sylphide, sa silhouette frêle, sa pâleur extrême, et en même temps cette lueur de vice dans le regard sont ce que le film aurait pu/dû être.
Bref, une occasion manquée. Un plantage en règle.
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