Rickey vient de perdre son père, atteint d'un cancer, et part camper au bord d'une rivière. Sur la rive opposée à celle où il s'est installé, une jeune femme, Tallie, lui fait signe. Ils font connaissance et deviennent amants. Un an passe. Glenn est l'ami d'enfance de Rickey et sa femme, Rosie, est enceinte de huit mois. La perspective de devenir père l'angoisse, même s'il essaie de le cacher et que sa compagne lui a assuré qu'elle subviendrait à leurs besoins après l'accouchement car il risque de perdre son travail.
C'est alors que Rickey débarque chez Glenn. Il ne lui dit pas qu'il vient de passer plusieurs mois à l'hôpital psychiatrique pour une dépression nerveuse. Glenn est réticent à l'idée de renouer avec lui, surtout en ce moment car il ne veut pas laisser Rosie toute seule. Mais quand il voit que Rickey a racheté et retapé la vieille décapotable dans laquelle ils se déplaçaient autrefois, il ne résiste pas au projet de son ami d'aller faire un tour à Sacramento pour y répandre les cendres du père de Rickey.
Durant le trajet, Glenn reste en contact avec Rosie qui s'est renseignée et a appris que le père de Rickey n'est pas mort il y a un mois comme il le raconte mais il y a un an. Une fois arrivés à Sacramento, les deux hommes rencontrent deux filles qui tiennent une salle de sport et qui leur servent de guides. Le lendemain, Glenn confronte Rickey à ses mensonges et l'oblige à avouer pourquoi ils sont là...
Pour son premier film comme réalisateur (mais également co-scénariste aux côtés de Chris Smith et de producteur), Michael Angarano a réuni autour de lui ses amis et son épouse. Lui-même venait d'être père avant le tournage et il témoigne d'une façon originale et touchante des peurs et des espoirs de ce nouveau rôle.
En effet, on va apprendre que la situation de son personnage, Rickey, n'est pas éloignée de celle de son ami, Glenn : il a rencontré Tallie un an avant leurs retrouvailles et il a appris entre temps qu'elle avait eu un enfant dont il est le père. Il embarque donc Glenn dans une virée à Sacramento non pas pour répandre les cendres de son père mais pour qu'il le soutienne dans une autre épreuve.
Après avoir soigné sa dépression nerveuse, Rickey se sent prêt à assumer sa paternité mais sans vouloir s'imposer à Tallie. D'ailleurs, elle lui réserve un accueil prudent, assurant qu'elle se débrouille bien toute seule (même si elle manque affreusement de sommeil) et ayant toujours eu la certitude que Rickey disparaîtrait de sa vie après leur rencontre.
L'histoire de Rickey, déjà père mais absent, fait écho à celle de Glenn, qui va devenir père et que cette perspective effraie, alors que Rosie, sa compagne, appréhende ce bouleversement existentiel avec beaucoup plus sérénité (du moins en apparence - en vérité, elle s'occupe déjà d'un grand gamin en la personne de Glenn).
Le film est court (90') et va à l'essentiel tout en s'autorisant à flâner. Le voyage en lui-même voit Glenn apprendre le mensonge de Rickey et composer avec pour savoir jusqu'où cela va le mener et à quand son ami lui dira enfin la vérité sur ce déplacement. Lorsque Rickey répand les soi-disant cendres de son père (en fait un peu de terre ramassée sur le bord de la route lors d'une halte), les masques tombent.
Mais Michael Angarano traite cette scène pivotale avec humour autant qu'il aborde le reste avec subtilité. L'échange avec Tallie, le kidnapping du petit Ray (le fils de la jeune femme et de Rickey) par Glenn (qui estime que la mère n'est pas bonne dans ce rôle), la poursuite (brève mais haletante qui s'ensuit) sont à la fois drôles, inattendues, et loufoques.
On sent bien que le cinéaste veut témoigner de sa propre expérience tout en voulant prouver qu'il a su prendre du recul et pourtant, ce qui fait toute la différence, c'est la sincérité avec laquelle il en parle. Devant son objectif, les deux hommes sont décrits comme des lâches, des trouillards, alors que les femmes sont fortes, rassurantes.
C'est un film indépendant, tourné avec un budget dérisoire, mais qui ne fait jamais fauché. La photographie est belle, le rythme est impeccable, c'est un premier effort très abouti et qui donne envie de voir où Angarano ira quand il repassera derrière la caméra. Il a de la personnalité, de la sensibilité, et un vrai talent pour raconter une histoire et faire jouer ses acteurs.
Lui-même s'est octroyé le rôle de Rickey et il donne à ce paumé une irrésistible sympathie. Malgré ses défauts, il n'est jamais méprisable, simplement humain. Face à lui, Michael Cera excelle dans le rôle de Glenn, toujours à vif, incapable de prendre du recul sur les événements mais attendrissant dans sa fébrilité et ses maladresses.
Pourtant, ce sont bien les deux femmes du récit qui l'illuminent. On les voit moins à l'image mais chaque fois qu'elles apparaissent, on ne voit qu'elles. Maya Erskine, la propre épouse de Angarano, est superbe de détermination et de fatigue mêlées. Quant à Kristen Stewart, elle est comme toujours formidablement, radieuse comme jamais.
C'est un joli petit film, sans prétention mais avec beaucoup de délicatesse.







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