vendredi 11 juillet 2025

FML #5 (of 8) (Kelly Sue DeConnick / David Lopez)


Amy vient juste d'avouer qu'elle aurait pu tuer Kat quand elle a découvert qu'elle était toxicomane. Ce qui provoque la colère de Patricia qui la met à la porte. Riley retient Amy et Susan prend les choses en main pour que Patricia retourne travailler dans le calme. Mais à son réveil, elle découvre que ses amies, son mari, ses enfants et leurs camarades ont décidé de reprendre l'enquête...


Voilà une autre série dont on n'avait plus de nouvelles depuis Février dernier, sans davantage d'explication de la part de Dark Horse (comme The Magic Order). Je me doute bien que je dois être un des rares lecteurs à qui ce titre a manqué mais j'espère que son retour dans les bacs sera remarqué par ses fans - et que, si d'aventure un éditeur français s'y intéresse, ça le motivera pour le traduire.


FML, c'est, pour rappel, certainement a mini-série la plus foutraque actuellement : l'histoire de Riley, un ado qui joue dans un groupe de hard rock et qui, une nuit, participe à une sorte de messe noire avec ses potes pour se réveiller le lendemain transformé en monstre... Sans que ça ne surprenne personne ! Sa mère, Patricia, est une auteur de BD qui enquête sur la mort d'une de ses amies, Kat.


Dans les derniers épisodes, on a assisté à un twist narratif : le suspect n°1 du meurtre de Kat, le romancier Cort Sumner, a été retrouvé mort par Riley et sa bande dans la forêt où ils ont pratiqué leur cérémonie magique. Et il a été prouvé qu'il n'était pas l'assassin de Kat. En revanche, Amy, une autre des amies de Patricia et de la défunte, a presque avoué qu'elle aurait pu la tuer car elle était toxico.
 

Nous voici rendus au début de ce cinquième épisode. Qui commence donc par une engueulade entre Amy et Patricia. La suite, hé bien, si elle est toujours loufoque, révèle un vraie progression dramatique. Kelly Sue DeConnick aurait-elle suspendu à dessein sa mini-série à mi-parcours pour que le lecteur entame cet acte 2 avec un regard neuf ? Ce n'est pas impossible (sans parler de l'opportunité pour David Lopez d'avoir du temps pour s'avancer dans les dessins des prochains épisodes).

En tout cas, c'est un exemple réussi de ce qu'un hiatus éditorial peut avoir de positif sur l'appréciation d'une histoire. Cort Sumner mort mais disculpé, qui a tué Kat ? Et par ailleurs que va-t-il advenir de Riley ? Va-t-il rester un monstre ? Et son groupe de musique ? On l'a quitté alors qu'il était sur le point de participer au Heavy Fest, mais la moitié de la bande s'y refusait car l'organisateur les voulait uniquement pour la publicité liée à l'affaire de meurtre à laquelle ils sont mêlés.

Kelly Sue DeConnick oriente en tout cas le lecteur dans une direction évidente et pointe nettement un suspect. Je ne vais évidemment pas spoiler (même si, donc, ça n'intéresserait pas grand-monde), mais ce qui est intéressant, c'est que si le lecteur est au courant, les protagonistes, eux, l'ignorent, d'autant plus qu'il s'agit d'un personnage fondu dans la masse.

Au dessin, David Lopez s'éclate sur ce titre et ose même des choses remarquables au niveau du découpage. J'en veux pour preuve cette double page (la première image d'illustration de cette critique, après la couverture) que je trouve incroyablement stylée, digne de ce qu'un JH Williams III pourrait tenter.

Mais surtout la qualité de Lopez dans ce projet, c'est qu'il ne se permet que ce genre d'audaces quand le récit lève le pied sur le loufoque ou sur le mystère. Il n'y a rien de pire (en dehors d'un dessinateur qui a des lacunes aveuglantes techniquement) qu'un dessinateur qui se croit obliger de rappeler qu'il existe avec des effets tape-à-l'oeil et qui ne font que parasiter le flux de lecture.

Lopez évite ça : il embrasse la singularité du récit, lui ajoute une petite couche de temps à autre, mais toujours opportunément, et le reste du temps, il s'évertue surtout à ce que tout reste lisible. Ses personnages expressifs, la valeur de ses plans toujours impeccables, ses cadrages parfaits, ne viennent pas encombrer le script.

FML est un véritable ovni. Il faut accepter de jouer le jeu, qui est franchement barré, mais c'est tellement rafraîchissant que ce serait dommage de s'en priver.

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