Emmett, un cowboy qui vient de purger une peine de cinq ans de prison, est réveillé en sursaut dans la cabane où il dormait par trois hommes venus le tuer. Il les élimine et retient un de leurs chevaux puis part pour la ville de Turley où il doit retrouver son frère cadet, Jake, avec lequel il va rendre visite à leur soeur, Kate, son mari, JT, et leur fils Augie. Après quoi les deux frères comptent partir en Californie.
En route, Emmett trouve dans le désert Paden, laissé pour mort par deux bandits qui l'ont dépouillé de ses habits et de son cheval. Ils rejoignent ensemble un poste avancé de la cavalerie où Paden reconnaît un de ses agresseurs. Il se procure un revolver et l'abat. Mais alors qu'il va être arrêté, une vieille connaissance, Cobb, témoigne en sa faveur avant de lui proposer un travail, qu'il refuse. Arrivés à Turley, Emmett et Paden assistent à l'altercation entre Mal, un cowboy noir, et le barman raciste du coin.
Le shérif Langston demande à Mal de décamper puis interroge Paden et Emmett sur leur présence ici. Emmett cherche son frère... Qui croupit en prison pour avoir tué un homme et il sera pendu demain. Paden reconnaît son deuxième agresseur et le tue, finissant dans la même cellule que Jake. A l'aube, Emmett incendie la potence pendant que Jake et Paden se débarrasse de leurs gardiens. Ils quittent tous les trois la ville, leur fuite étant couverte par Mal qui se joint à eux pour la suite de leur voyage jusqu'à Silverado où résident Kate, JT et Augie, et dont Cobb est le shérif...
Après avoir découvert le remake assez piteux des 7 Mercenaires, j'ai voulu revoir un western plus classique. En 1985, il y a donc 40 ans (ça ne me rajeunit pas...), j'ai découvert Silverado avec émerveillement dans le ciné-club de son collège. Je ne connaissais rien du scénariste-réalisateur, dont j'apprendrai plus tard qu'il fut la plume des Aventuriers de l'Arche Perdue (le premier Indiana Jones).
Mais j'étais sûr d'une chose après avoir vu Silverado, ce Lawrence Kasdan connaissait ses classiques et aimait sincèrement le western. Et par là, j'entends le western dans son classicisme le plus pur, celui de John Ford, de Howard Hawks. Quand Antoine Fuqua refait Les 7 Mercenaires, l'influence spaghetti est très présente. Pour Silverado, elle est absente. C'est un retour aux sources, aux basiques.
L'intrigue emprunte, à divers moments, à des films fameux : ici, Butch Cassidy et le Kid (quand les quatre héros fuient Turley) ; là La Rivière Rouge (quand ils croisent la route d'une caravane de colons)... Mais ces citations ne sont jamais de simples répliques, elles s'intègrent à l'hommage rendu par Kasdan et complètent l'histoire qu'il veut raconter.
Cette histoire n'a rien de révolutionnaire, c'est peut-être ce qu'on lui reprochera : jamais Kasdan et son frère Mark, qui co-signe le script, ne cherche à faire du neuf. Ou alors c'est du neuf avec du vieux. Mais si on regarde Silverado, c'est aussi pour cela, pour se replonger dans des motifs bien connus, pas pour chercher quelque chose qui prétend réinventer la roue.
A ce stade, si vous voulez le fond de ma pensée, le western a quelque chose de profondément enfantin, non parce qu'il est naïf (encore que...), mais parce que c'est un genre qui renvoie à l'enfance. Si vous êtes de ma génération, né dans les années 70, et que vous avez été biberonné aux films de cowboys, aux BD de cowboys, alors vous avez dû grandir avec le western à la télé.
Et sans doute, quand vous étiez môme, vous avez imité Clint Eastwood et sa démarche lasse, vous avez admiré la stature de John Wayne, l'air désabusé de Robert Mitchum, la dignité de James Stewart, le visage marmoréen de Charles Bronson, la coolitude de Steve McQueen, etc. Vous avez été ébloui par le grand canyon, les grandes prairies. Vous vous êtes entraînés à dégainer avec un revolver en plastique.
Le western a à la fois été réinterprété par les italiens et enterré par eux. Le genre est tombé en désuétude, mais de temps à autre on en voit un qui est produit, et parfois qui remporte un joli succès en salles. Malgré ça, les grands studios n'investissent plus dans les westerns, alors que si certains cinéastes s'en donnaient la peine, le genre renaîtrait sûrement, comme ce fut le cas avec le péplum ou les films de pirates ou de cape et d'épée.
Mais ce qui est à l'oeuvre, dans Silverado, c'est bien le souvenir du western chez Kasdan. Lui aussi a dû imiter ses idoles, et devenu un scénariste à succès et un cinéaste prometteur, il a investi le genre avec cette même candeur, cette nostalgie, cet amour d'enfance. Et il a mis dans son film tout ce qui lui plaisait dans le western, non pas comme un best of, mais en agrégeant autour d'une intrigue ses madeleines de Proust.
On trouve donc l'ancien pistolero qui a fait de la prison, son frère fantasque, le justicier au grand coeur, celui qui a dû être un ancien esclave avant la guerre de sécession, le shérif corrompu, le propriétaire terrien sans scrupules, la petite ville faussement tranquille... Il ne manque guère qu'un bon personnage féminin consistant pour compléter la galerie.
C'est d'ailleurs le point faible de Silverado : Kasdan imagine un femme de colon rencontrée en cours de route par les héros et courtisée par l'un d'eux après la mort de son mari. Elle a droit à une belle réplique sur la beauté d'une femme qui se fane alors que la terre qu'elle va cultiver deviendra de plus en plus belle. Mais c'est tout. On sent qu'il n'a pas su quoi faire d'elle et elle disparaît quasiment ensuite.
Malgré de petit point noir, Silverado se déroule pendant plus de 2h. sans qu'on regarde sa montre. C'est bien rythmé, élégamment filmé. Il y a des personnages bien caractérisés, de l'action, des péripéties, on ne s'ennuie pas. Et franchement, ça a très bien vieilli.
Scott Glenn est parfait en pistolero taiseux. Kevin Costner, pas encore star, est étonnamment déchaîné en frangin un peu couillon (mais fine gâchette). Kevin Kline est impeccable dans le rôle le plus étoffé du lot. Danny Glover (avant L'Arme Fatale) est excellent. Et Brian Dennehy en impose méchamment en shérif cruel. Jeff Goldblum hérite d'un personnage peu étoffé mais méprisable.
Rosanna Arquette est donc mal servie avec un rôle pourtant prometteur. Alors que Lynn Whitfield, dans la peau de la soeur de Glover, est superbe. Il faut aussi relever la présence de John Cleese (le shérif de Turley) qui donne ici la réplique à Kline avant leurs retrouvailles dans Un Poisson nommé Wanda.
Mention aussi à la superbe bande originale de Bruce Broughton.
Silverado a ce goût de dernière séance si délicieux. On a tous dix ans quand on le revoit et on attend de retrouver les copains pour rejouer les scènes de gunfight.







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