1879. Bartholomew Bogue est un richissime homme d'affaires qui rachètent à bas prix des terrains pour étendre son empire foncier. Il s'en prend à Rose Creek, une bourgade à proximité d'une mine d'or, en incendiant l'église et en terrorisant les habitants à qui il donne trois semaines pour accepter son offre ou en payer le prix. Matt Cullen se révolte et est abattu par Bogue qui repart avec ses hommes de main. La veuve de Cullen, Emma, et son ami, Teddy, partent alors à la recherche d'hommes en mesure d'affronter Bogue contre le peu d'argent qu'elle possède.
Elle convainc Sam Chisholm, un chasseur de primes, qui connaît Bogue de nom et a visiblement un vieux contentieux avec lui. Il enrôle Josh Faraday, un joueur ; Goodnight Robicheaux, un ancien tireur d'élite confédéré, et son ami Billy Rocks ; Vasquez, un hors-la-loi qui accepte de le suivre plutôt qu'être livré aux autorités ; et Jack Horne, un trappeur. En route, ils croisent Red Harvest, un indien comanche qui a fui la réserve où est parquée sa tribu.
Les sept mercenaires font rapidement preuve de leur efficacité en entrant dans Rose Creek quand le shérif Harp et ses adjoints, des hommes de Bogue, tentent de les désarmer. Ils se font tous tuer sauf Harp à qui Chisholm charge de livrer le message à Bogue comme quoi cette ville est désormais protégée. Emma et Teddy rassurent ensuite les habitants mais certains préfèrent quand même fuir par peur des représailles car Bogue va évidemment revenir, cette fois avec une armée de tueurs...
Décider de regarder ce remake des 7 Mercenaires de John Sturges n'a rien d'évident pour moi. En effet, ce western de 1960, lui-même adapté des 7 Samouraï (Akira Kurosawa, 1954), est certainement celui que j'ai le plus visionné. C'est celui qui m'a initié au genre, me l'a fait aimer. Et bien entendu, pour tout cela, il demeure indépassable à mes yeux.
Quand le remake réalisé par Antoine Fuqua est sorti il y a neuf ans, ça m'a fait doucement rigoler. Quelle audace d'oser toucher à ce totem ! Si bien que je ne m'étais pas déplacé en salles, certain de son échec artistique, de sa vanité même. Mais (presque) une décennie s'est désormais écoulée et j'ai eu le temps de me calmer. Et est venu le temps de vérifier si ça valait quand même le coup d'oeil.
Avec un script écrit par Richard Wenck et surtout Nic Pizzolato (le co-créateur de True Detective), je pouvais au moins espérer éviter le désastre complet. Par ailleurs Antoine Fuqua n'est peut-être pas un génie mais c'est un artisan solide, qui a su, en son temps, signer un excellent polar avec Training Day.
Et puis le casting réunit une belle brochette de très bons acteurs, avec à leur tête le toujours aussi charismatique Denzel Washington, un habitué de la filmo de Fuqua. Il est effectivement à la hauteur ici, plus sobre que souvent, très crédible dans son rôle, et ce n'était pas couru d'avance quand on sait qu'il passe après Yul Brynner qui avait si bien fait son boulot que son rôle dans le film de Sturges inspira celui du robot cowboy tout de noir vêtu dans Mondwest (Michael Crichton, 1973).
(Entre parenthèses, ç'aurait été marrant que Ed Harris, qui a repris le rôle dans la série Westworld, soit aussi au générique de ces Sept Mercenaires. Harris s'est par ailleurs illustré dans un autre magnifique western, qu'il a réalisé et joué, Appaloosa.)
Alors, qu'est-ce que ça vaut ? Comme prévu, j'ai envie de dire, cette version n'égale pas, et dépasse encore moins, celle de Sturges. Le scénario est plus direct, plus tranché. Au petit jeu des comparaisons, les mercenaires ne tombent pas dans un piège tendu par leur ennemi comme ceux de Sturges avec Calvera. Cela aboutit à un dénouement plus rapide.
Cependant, le film, malgré ce raccourci, est quand même plus long que celui de 1960 et j'y vois un énième argument contre ces montages actuels qui dépassent trop souvent et inutilement les 120'. Fuqua et ses scénaristes auraient pu mettre ce temps à profit pour creuser davantage la personnalité de leurs héros, mais ils restent plus sommaires que les originaux.
Fuqua a opté pour une équipe plus cosmopolite : Chisholm est noir, il y a un asiatique, un améridien, un mexicain. Vous remarquerez et considérerez qui sont les survivants parmi les sept après la bataille finale. Il est indéniable que parce que Fuqua est lui-même afro-américain et que son casting est plus ethnicisé que ces rescapés n'ont pas été choisis au hasard...
Par ailleurs, le script ajoute une dimension personnelle dans le différend qui oppose Chisholm à Bogue. C'est assez superflu, mais on devine là encore que c'est pour souligner le caractère héroïque d'un type qui est un chasseur de primes, alors que le film de Sturges rendait ses personnages admirables simplement par leur sens du sacrifice et de la justice sans occulter que c'étaient des guns for hire.
En revanche, ce qui est appréciable, c'est l'importance donnée au premier rôle féminin, avec la veuve Cullen. Cela ne semble jamais forcé. Pour le reste, les auteurs ont accompli une sorte de synthèse dans les références au film de 1960 : Robicheaux évoque le personnage de Robert Vaughn et de Brad Dexter, celui de Billy Rocks celui de James Coburn et Horst Bucholz.
Avoir intégré un comanche est habilement exploité. Le mexicain Vasquez n'a rien de particulièrement latino et manque de mordant pour un hors-la-loi. Le trappeur est certainement l'addition la plus efficace du lot, individu mystique, impressionnant physiquement, on peut penser qu'il a été imaginé pour remplacer celui incarné jadis par Charles Bronson, même s'il ne devient pas l'idole des enfants ici.
Chris Pratt tente vainement d'égaler Steve McQueen : mission impossible, d'autant plus que son gambler ne parvient jamais à susciter la tension qui exister réellement entre McQueen et Brynner (qui se détestaient dans la vie). Ethan Hawke est très bon dans la peau de Robicheaux, mais il n'est pas assez développé. Et surtout il dépend trop du duo qu'il forme avec Byung-hun Lee.
Martin Sensmeier est épatant en indien taciturne. Manuel Garcia-Rulfo est pas mal non plus en bandido débonnaire. Mais évidemment, c'est Denzel Washington et surtout Vincent d'Onofrio qui se taillent la part du lion : ce dernier fait de Jack Horne un colosse citant la Bible, assumant son passé de tueur d'indiens, un mercenaire tout à fait à part, qui vole littéralement toutes les scènes dans lesquelles il apparaît.
A noter que le projet, initié en 2012, prévoyait une distribution encore plus étincelante, avec Tom Cruise en leader, aux côtés de Matt Damon, Kevin Costner, Morgan Freeman et Jason Momoa. Mais entre le désistement de ce dernier et le retrait du premier, cette première tentative tomba à l'eau. Dommage, surtout si Costner avait en plus assumé la réalisation...
Bref, ce n'est pas si mauvais, mais ça manque d'intensité (à l'image du méchant joué par Peter Sarsgaard). On ne sent jamais de plus-value dans cette proposition, qui reste divertissante, mais trop frustrante pour être autre chose que dispensable. Je n'ai pas fini de revoir, avec plus de plaisir, Les 7 Mercenaires de 1960 (et je vous conseille de faire pareil si vous aimez les westerns).







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