Riley Maloney se réveille changé en monstre. Mais ni sa mère ni sa soeur, Lilith, ni ses amis au collège, ni le personnel de l'établissement ne s'en formalisent. Patricia appelle son agent littéraire en lui avouant n'avoir pas progressé sur son manuscrit. Puis, le soir venu, elle rejoint ses amies avec qui, autrefois, elle forma un groupe de rock et qui enquêtent avec elle sur ce qui est arrivée à l'une d'elles, mystérieusement disparue...
Alors, là, on peut dire que je ne m'attendais pas du tout à la manière dont ce deuxième épisode de FML fait progresser le récit. La dernière page du premier numéro révélait la métamorphose monstrueuse de Riley, le jeune héros dont nous avions fait la connaissance, suite à la soirée spéciale qu'il avait passée avec ses amis dans a forêt.
Mais rien ne pouvait préparer le lecteur à ce que Kelly Sue DeConnick nous raconte ici. Et c'est vraiment tout le sel de cette mini-série que de nous surprendre de la sorte. Nul doute que certains seront trop déconcertés et estimeront que c'est du grand n'importe quoi, voire qu'il vaut mieux en rester là. C'est tout le contraire pour moi : cette imprévisibilité est irrésistible.
D'abord parce que, tout simplement, c'est très drôle : les réactions de l'entourage de Riley face à sa transformation sont totalement à l'opposé de ce qu'on pouvait anticiper. Au lieu d'être épouvantés (même si, évidemment, sa mère est tout de même très surprise au début), ses proches ne sont pas le moins du monde effrayés. A l'école, ni les élèves ni les profs ne manifestent d'affolement.
Bref, la vie suit son cours et Riley semble ne pas être contrarié non plus (même si on peut penser qu'il espère que son état est temporaire). Le scénario joue donc à fond la carte de l'absurde, avec un décalage constant entre ce à quoi, en tant que lecteur, on assiste, et l'attitude des personnages.
Mais le plus fort reste à venir. Kelly Sue DeConnick devrait rester avec Riley et le suivre durant la journée pour nous montrer comment celle-ci se passe compte tenu de ce qui vient de lui arriver. On a droit en vérité à quelques saynètes mais reléguées au second plan car la scénariste préfère suivre Patricia, la mère de Riley.
Celle-ci promène donc les chiens qu'on lui confie et discute au téléphone avec son agent pour lui expliquer que son manuscrit en est au point mort. Soudain, inexplicablement, la porte d'un avion tombe du ciel et manque de l'écraser, interrompant le dialogue. La police et les secours arrivent, Patricia n'a rien, mais elle téléphone ensuite à son fils non pour le rassurer mais pour être certaine que de son côté tout va bien.
Et puis dans la dernière partie de l'épisode, Patricia revient sur les crises de panique qui ont gâché son adolescence. Des événements marquants qui l'ont déstabilisée et éprouvée. En particulier la disparition restée inexpliquée d'une amie avec laquelle elle jouait dans un groupe de rock. La police, à l'époque, avait bien trouvé un corps et l'enquête, vite expédiée, avait conclu à une overdose...
Mais ni Patricia ni les autres membres du groupe n'y ont cru - d'ailleurs ils n'ont pas participé à l'identification du corps. Et aujourd'hui toutes ces filles devenues des femmes se réunissent pour poursuivre les recherches, mais d'une façon très particulière... Je ne veux pas en dire plus pour l'instant, on verra le mois prochain si je dois spoiler pour le bien de la critique.
Il y a une folie douce dans FML qui est très séduisante, entraînante. C'est aussi une écriture très périlleuse dans la mesure où, comme je le disais plus haut, elle peut laisser des lecteurs sur le bas-côté, les décourager d'aller plus loin. Mais si vous aimez les histoires qui sortent des sentiers battus, qui ne vont jamais où vous les attendez, alors FML est un régal.
Parce que Kelly Sue DeConnick sait parfaitement où elle va, et elle y va avec une liberté de ton rafraîchissante. David Lopez accompagne l'auteur dans son délire avec la même vigueur, n'hésitant pas lui non plus à forcer parfois le trait, pas tant par goût de la farce que pour désorienter le lecteur, lui faire comprendre qu'il va être baladé en permanence.
Le dessin s'appuie donc sur une exagération dosée, dans l'expressivité des personnages contrebalancée par la sobriété des seconds rôles, par un découpage très posé qui soudain est dynamité par une scène pleine page sortie de nulle part, par le choix de couleurs vives puis plus nuancées ou des images dans un style volontairement naïf qui traduisent les états psychologiques.
Ce qui est certain, c'est que DeConnick et Lopez sont sur la même longueur d'ondes, leur complicité est rayonnante, et elle produit un récit foutraque, mais très marrant et captivant à la fois.
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