samedi 9 novembre 2024

FML #1 (of 8) (Kelly Sue DeConnick / David Lopez)


Adolescent de 16 ans, dessinateur et collégien, Riley Maloney vit avec sa mère, ex-rockeuse, et sa soeur. Il fréquente Savvy Slaughter, Lydia, et Glory Holgate avec lequels il partage sa passion pour le heavy metal et les films d'horreur. Une nuit, il fait le mur pour aller les rejoindre dans leur repaire où ils répètent un rituel trouvé dans un fanzine de sa mère...


De 2012 à 2015, Kelly Sue DeConnick a signé ce qui reste, à mes yeux, le meilleur run de la série Captain Marvel, lorsque Carol Danvers hérita du nom. Lors du deuxième volume de son run, elle fit équipe avec le dessinateur espagnol David Lopez avec lequel elle acheva son passage sur le titre, juste avant l'event Secret Wars de Jonathan Hickman et Esad Ribic.


Tous ceux qui ont lu ces épisodes et les ont aimés espéraient qu'un jour la scénariste et l'artiste se retrouvent pour un projet et enfin, en 2024, FML exauce ce souhait. Il s'agit d'une mini-série qui comptera huit épisodes et qui a connu une longue gestation, entamée lors de la pandémie de Covid, quand tout le monde était confiné.


On peut d'ailleurs situer le récit à cette époque quand on remarque que les personnages portent un masque. L'action de FML a lieu dans une ville moyenne, mais ça n'a pas de réelle importance, sinon pour souligner qu'on ne se trouve pas dans une mégalopole comme New York ou Los Angeles mais plutôt dans l'Amérique "profonde".


Les héros de cette histoire sont une bande de jeunes qui ont pour passions communes le heavy metal et les films d'horreur : il y a Riley, qui dessine et aime imaginer des fictions horrifiques ; Savvy, sa meilleure amie au caractère très volcanique ; Lydia, la plus discrète et qui est une vraie encyclopédie ambulante ; et enfin Glory, une gothique qui se promène vêtue comme si c'était en permanence Halloween.

Lors d'un cours, pour tromper son ennui, Riley griffonne sur son cahier et quand ses amis veulent voir ce qu'il a dessiné, ils découvrent comme lui, stupéfaits, une scène vraiment flippante avec un monstre. Le soir venu, Riley retrouve ses amis dans les bois et il a emmené avec lui des fanzines auxquels participait sa mère à leur âge. Dans l'un d'eux, Glory trouve une fable étrange sur deux musiciennes qui ont passé un pacte avec un démon. La bande décide de répéter cette cérémonie. Le lendemain matin, une grosse surprise attend Riley...

On sent chez la scénariste une volonté de s'amuser avec les codes des teen dramas comme Riverdale et par extension avec les clichés véhiculés par les BD de Archie Comics. Elle mélange ça avec des influences fantastiques, elles aussi en provenance de séries télé comme Buffy contre les vampires. Mais elle nous épargne tous les écueils de ces productions.

D'abord parce que DeConnick prend son temps pour planter le décor et ses protagonistes, nous les rendre attachants et identifiables. Riley, qui est au coeur de la série, est un gamin qui dessine pour exprimer ses angoisses : les histoires d'horreur et l'énergie du hard rock sont un défouloir pour lui et il est donc logique qu'il soit complice avec d'autres gosses qui, comme lui, aspirent à être des rebelles tout en veillant à rester dans les clous.

La présentation des amis de Riley et de sa famille est ainsi ponctuée par des vignettes en noir et blanc dessinées par Lopez comme des croquis commis par un ado, au trait encore maladroit et caricatural. Les adultes y sont montrés comme des individus qui ont oublié leur jeunesse et répriment les élans de la leur. Mais ces ados sont aussi des petits malins qui savent se faire respecter pour leur différence (comme on le voit lors d'un flashback sur Glory, harcelée à son arrivée dans ce collège à cause de son look).

La réussite et la justesse du propos tiennent donc à la manière dont DeConnick convoquent ce que tout un chacun a pu connaître à cet âge. Qui n'a pas essayé de participer à une séance de spiritisme par exemple, pour le plaisir du frisson, en utilisant un ouija ? Qui n'a pas connu un copain qui lui a fait écouter Led Zeppelin en lui promettant qu'après il n'apprécierait plus la musique de la même façon ? Qui n'a pas cherché un acolyte avec qui parler comics quand c'était considéré comme de la sous-BD ?

Si, donc, vous avez expérimenté ça, FML va vous parler et vous rirez et vous serez attendris. Et vous serez vraiment impatient de lire la suite après la dernière page. D'autant que les planches de David Lopez vibrent de vivacité : ses personnages sont très expressifs, avec une rondeur dans le trait, et une énergie dans le découpage irrésistible. Les couleurs franches de Cris Peters ajoutent à cette ambiance gentiment barrée.

Presque dix ans après Captain Marvel, Kelly Sue DeConnick et David Lopez sont toujours à l'unisson et leur association fait encore des étincelles.

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