Récemment revenu d'entre les morts, Moon Knight constate que ses alliés ont pris soin de sa mission, mais le quartier est sous la menace d'un trafiquant de drogue, Achilles Fairchild, qui opère depuis un night club dont il est le propriétaire. Par ailleurs, l'inspecteur Frazier interroge l'ex-agent Flint sur les activités réelles de Moon Knight et ses partenaires...
L'envie de lire Moon Knight : Fist of Khonshu est venue sur le conseil d'un ami fan du run de Jed MacKay qui m'a expliqué qu'après Blood Hunt c'était le moment parfait pour essayer cette série. Jed MacKay écrit le personnage depuis 2021 et il a d'abord aligné un run de 30 numéros au terme duquel il a tué Moon Knight.
En 2023, il relance la série sous le titre Vengeance of Moon Knight dans laquelle l'entourage du justicier est aux prises avec un imposteur qui prétend remplacer le défunt. Le titre dure neuf épisodes et en parallèle, dans Blood Hunt, MacKay orchestre le retour de Marc Spector, ressuscité par Khonshu. Moon Knight : Fist of Khonshu naît sur bases de tout cela.
J'ai pu lire ces deux premiers runs grâce à cet ami et j'en suis sorti épaté. MacKay a su relever le défi de donner à Marc Spector une vraie saga, même si pour ça il ignore complètement le fait que Jeff Lemire avait débarrassé Moon Knight de Khonshu. Il a sur en revanche composer avec l'arc des Avengers alors écrit par Jason Aaron où Khonshu s'en prenant à l'équipe via son disciple, mais aussi avec Devil's Reign, l'event centré sur Daredevil dans lequel Moon Knight était vite appréhendé par les Thunderbolts de Wilson Fisk.
Enfin, la fin de la série Moon Knight offrait au héros un dénouement spectaculaire qui ne manquait pas de panache, bien qu'avant cela MacKay synthétisait le côté à la fois bienfaiteur et expéditif de son personnage. Il l'a en outre doté d'un supporting cast solide, avec une psychanalyste (la Dr. Andre Sherman qui a Marc Spector comme patient), Tigra (une ex-collègue de MK au sein des West Coast Avengers), Reese et Soldier (deux vampires) et surtout Hunter's Moon (alias Yehya Badr, un autre disciple de Khonshu) ou l'ex-vilain 8-Ball. Le repaire de MK est le siège d'une mission où il reçoit des individus cherchant de l'aide, une protection, et le bâtiment a la particularité d'être vivant.
Khonshu libéré par Hunter's Moon, Tigra et le Démolisseur dans Blood Hunt pour contrer Varnae qui possédait Blade, Marc Spector ressuscité, Moon Knight : Fist of Khonshu est effectivement un jumping-on-point parfait. Si on sait ce qui a précédé, c'est très bien pour contextualiser les enjeux et situer les personnages. Si on a zappé tout ça, on n'est pas perdu car ce premier épisode résume l'essentiel.
La narration est divisée en deux parties qui se répondent : d'un côté, Mr. Knight (Moon Knight en complet-cravate) fait la connaissance d'Achilles Fairchild, un trafiquant de drogue, qui a investi le quartier qu'il protège et qui le défie ouvertement ; de l'autre l'inspecteur Frazier tente de cerner la personnalité et les objectifs de Moon Knight en considérant qu'il est dangereux mais son indic, un ex-flic, la met en garde contre le projet d'une attaque frontale.
MacKay alterne donc la description de Moon Knight comme un justicier urbain, presque comparable à Daredevil (avec une dimension mystique plus prononcée), gardien d'un quartier, mais aussi comme "une force de la nature", revenu d'entre les morts, entouré de partenaires fantastiques et d'une détermination absolue. Achilles Fairchid paraît un adversaire un peu mineur, mais le fait qu'il n'ait pas peur de Moon Knight intrigue - et le twist final de l'épisode établit une perspective intéressante pour la suite.
Alessandro Cappuccio accompagne MacKay depuis les débuts de son run sur Moon Knight, ne soufflant qu'un ou deux épisodes après chaque fin d'arc, ce qui assure au titre une belle cohérence graphique. Son style conserve l'esthétique posée par Declan Shalvey il y a dix ans déjà, à savoir un costume blanc immaculé, sans aucune couleur ajoutée, défini par le personnage pour être vu de loin.
Mais Cappuccio se démarque par ailleurs nettement, avec un trait à la fois lisse et nerveux, qui s'est affirmé au cours des années pour devenir de plus en plus vivant, notamment en ce qui concerne la représentation des personnages non masqués. Son traitement des décors s'est aussi beaucoup amélioré, ils sont plus détaillés mais surtout définis par l'ambiance très spéciale de la série (à l'image de la Midnight Mission, cette maison vivante).
Le découpage est très dynamique, les scènes d'action reflètent la brutalité avec laquelle Moon Knight corrige ses vis-à-vis mais quand le calme revient, une tension diffuse continue d'être palpable. Reste que, pour ceux qui vont investir dans la série, il ne faudra pas trop s'attacher à Cappuccio qui va quitter le titre à la fin de l'année (pour illustrer Ultimate Wolverine). Il sera remplacé par Dev Pramanik, qui avait justement été fill-in artist sur Vengeance of Moon Knight et me semble être un très bon remplaçant.
Je vais voir si MacKay continue sur sa bonne lancée avec Moon Knight, avec lequel il se montre beaucoup plus inspiré (et persévérant - même si, avec Doctor Strange ou Black Cat, on ne peut que saluer sa constance) que sur ses autres productions Marvel.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire