Jason Loo reprend exactement là où il avait laissé les choses il y a un mois, après que Scorpia ait tenté de saboter le concert de Dazzler. Qui l'a engagé pour ça ? Bien entendu, la vilaine n'avoue rien. Et Alison Blaire enchaîne avec la suite de sa tournée promo, qui la conduit en Grande-Bretagne, où elle va avoir affaire à un animateur retors et un télépathe malveillant.
On devine aisément que Loo articule son intrigue sur un épisode, une menace. Pourtant, la fin de ce deuxième numéro indique que le scénariste ne se contente pas d'une formule facile, en ramenant un personnage en prise directe avec Dazzler et son métier et suggérant une avancée dramatique. Par ailleurs, le danger peut venir de partout, comme on le constate ici.
L'interview est habilement écrite : Dazzler se voit reprocher de mettre ses fans en danger si des mercenaires la menacent directement lors de chacune de ses prestations scéniques, mais elle ne se démonte pas quand on l'attaque sur l'éventualité qu'elle favoriserait son public mutant. Remplacer "mutant" par noir, homo, et vous comprendrez que Loo a retenu la leçon selon laquelle les X-Men sont d'abord une métaphore des minorités opprimées mais pas forcément des victimes qui tendent l'autre joue.
Ensuite, quand, inévitablement, la situation dégénère, le lecteur est dans le même état que le staff de Dazzler (Domino, Big Guy, Multiple Man, Wind Dancer) : qui manipule la chanteuse pour la faire passer pour une mutante incontrôlable ? L'identité du fautif a moins d'importance que la confirmation d'un complot. C'est évidemment un peu casse-gueule comme procédé car le fan peut préférer un ennemi emblématique. Mais la solution préférée ici a l'avantage de rendre l'ensemble moins convenu.
De toute façon, à l'image de l'écriture mais aussi du dessin, il ne s'agit donc pas de tout bouleverser, de prétendre faire une mini-série renversante. Dazzler est un divertissement qui doit tenir en quatre parties, il n'y a pas de temps à perdre. Ce qui ne signifie pas que ce soit bâclé.
Les planches de Rafel Loureiro ont un classicisme certain mais efficace : comme je le disais le mois dernier, on peut retrouver chez cet artiste des airs de Tom Grummett. Son trait est simple, ses personnages sont bien campés, son découpage très sobre. Est-ce que le produit serait meilleur avec un graphisme plus audacieux ? Peut-être, mais pas sûr.
Les actions sont lisibles, claires, parfois cela manque un peu de dynamisme, de souplesse dans les compositions, mais à tout prendre je préfère ça à un dessinateur qui envoie du bois puis s'essouffle d'épisode en épisode. Je suis sûr que Loureiro tiendrait le coup s'il devait enchaîner les numéros avec une série plus longue.
Il ne faut pas pester après la modestie affichée, assumée de Dazzler, sinon pour déplorer donc que Marvel soit si timorée en donnant une nouvelle série à ce personnage (alors que Psylocke, Magik, Tornade, Wolverine/Laura Kinney ont droit à des ongoing d'entrée de jeu).
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