vendredi 11 octobre 2024

X-FORCE #4 (Geoffrey Thorne / Marcus To)


La X-Force a pris une raclée et quand ses membres reviennent à eux, Nuklo a disparu, mais un mystérieux temple est érigée dans la jungle cambodgienne. Captain Britain devine qu'il abrite un passage inter-dimensionnel tandis que Forge localise Nuklo en Floride. Pour s'y rendre au plus vite, il va falloir faire un détour par l'Outremonde...
 

L'intrigue avec Nuklo se poursuit donc et continuera encore le mois prochain. Perso, je ne boude pas mon plaisir en lisant X-Force de Geoffrey Thorne : c'est une série sans grande prétention, mais efficace, avec un rythme soutenu et des interactions entre les personnages qui commencent à se tendre de manière intéressante.
 

Outre Tank qui reste toujours un mystère et Surge, la benjamine du groupe qui agit plus impulsivement que les autres, on voit bien se dessiner deux camps avec, d'un côté, les chefs que sont Forge et Sage et, de l'autre, le couple Askani-Captain Britain qui ne font aucune confiance à leurs leaders. Curieusement, alors que la série va plutôt vite, Thorne prend davantage son temps pour développer la dynamique du groupe.


Cela aboutit à un mélange qui est donc solide, pas révolutionnaire, mais plaisant. On ne s'ennuie pas en lisant X-Force, c'est une "petite" série dans la collection mutante, qui ne bénéficie ni d'un scénariste très côté ni d'un dessinateur vedette (même s'il s'agit d'un artiste expérimenté et qui mériterait plus d'exposition).


Le souci, c'est que l'intrigue actuelle, après deux premiers numéros qui fonctionnaient selon le principe du done-in-one, manque cruellement d'un adversaire charismatique et dangereux. Certes Nuklo met en difficulté la X-Force, mais on ne voit pas bien où tout ça nous mène et ce n'est sûrement pas le cliffhanger à la fin de ce n°4 qui va éclairer nos lanternes.

Nuklo mérite-t-il tant d'épisodes ? C'est un peu la question. Forge a conçu un engin, l'analogue, qui lui permet d'anticiper des "fractures", des catastrophes potentiellement graves, mais le dispositif connaît déjà des lacunes puisqu'il n'a pas su prévoir Nuklo et ça fait deux épisodes que la X-Force échoue lamentablement à mater cet énergumène.

Geoffrey Thorne, c'est manifeste ici, tâche de trouver des astuces pour créer des péripéties retardant l'issue de l'histoire. Mais ces astuces sont quand même maladroites et parfois même créent des contradictions. Un exemple qui illustre des deux éléments concerne le passage express par l'Outremonde.

Dans les faits, il s'agit pour l'équipe de gagner la Floride et les Everglades rapidement (plus rapidement qu'avec leur jet), donc Captain Britain a cette idée de passer par l'Outremonde. Pourquoi pas ? Mais un détail m'a turlupiné : pourquoi Betsy Braddock a-t-elle besoin de reprendre son habit de Captain Britain ? Par peur d'être contrôlée par le Captain Britain Corps ? Peut-être mais elle le dit, l'équipe ne va pas rester et elle leur conseille par conséquent de rester discret. Je n'ai pas compris ce changement de look express. C'est cosmétique, ce n'est pas grave, mais ça m'a fait un peu tiquer quand même.

Par contre, comment se fait-il qu'en arrivant en Floride et les Everglades, personne (que ce soit Captain Britain, Askani, ou Forge) ne se rende compte qu'ils ne sont pas là où ils devraient être ? Ils sont effectivement dans la région, mais pas dans la bonne dimension. Du coup, comment Nuklo a-t-il pu lui aussi y accéder avant eux ? Tout ça est plus confus. A moins que la série ne s'engage dans un périple transdimensionnel, sur le modèle du run de Chris Claremont et Alan Davis sur Excalibur (dans la saga Cross-time Keeper) - je ne dis pas non, mais c'est à voir.

Bon, en revanche, là où X-Force ne souffre d'aucun défaut, c'est sur sa partie graphique : Marcus To est impeccable. Le mois dernier, je disais que la série profiterait peut-être d'un artiste au style plus agressif, moins joli et propre que celui de To. Mais ça ne signifiait pas que j'étais mécontent du travail de ce dernier : sans lui, je n'aurai certainement pas la même indulgence pour les (apparents ?) errements de Thorne.

Ce qu'il y a de parfait avec To, c'est que c'est le genre de dessinateur qui rend n'importe quelle lecture agréable. Il sait conduire un récit, le rendre séduisant, ses personnages ont de l'allure, sa narration est fluide, claire, et d'un épisode à l'autre, il y a une régularité notable, ce n'est pas un dessinateur qui va sacrifier des éléments visuels (comme les décors) pour gagner du temps : lui, il fait tout bien tout le temps, et c'est exemplaire.

Il suffit juste maintenant que Geoffrey Thorne boucle son affaire proprement et/ou définisse un peu plus nettement son projet qui paraît hésiter en la série d'action rapide et la saga en devenir, plus ambitieuse mais souffrant d'un adversaire moyen.

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