Ben Parker et J. Jonah Jameson mènent l'enquête sur le propriétaire de Stark/Stane Industries et découvrent que la compagnie a été scindée en deux entités. L'une d'elle est régulièrement revendue à des sociétés écrans. Ils interrogent l'avocat de Wilson Fisk, puis Gwen Stacy et reçoivent enfin Harry Osborn pour vérifier leurs conclusions...
Depuis que Marvel ne créé plus d'imprint, l'équivalent d'un label dédié au travail d'un auteur ou d'une collection thématique (comme le fut MAX pour ses comics destinés à un public adulte), certains de ses auteurs les plus populaires ont préféré prendre la clé des champs pour produire leurs oeuvres en creator-owned, voire le cas échéant créer leur propre studio (en restant distribué par un éditeur indépendant, comme Rick Remender ou Geoff Johns).
Mais on se souviendra que Brian Michael Bendis a lancé Alias (Jessica Jones) sous la bannière MAX ou Mark Millar Troubles sous sa collection Epic Comics hébergés par Marvel donc. Comment faire désormais quand on est devenu un auteur célèbre chez Marvel pour conserver un peu d'indépendance ? Evidemment, c'est tout relatif car vous continuez à écrire des propriétés Marvel.
Jonathan Hickman est un petit malin. Il a écrit pour Marvel leurs plus grandes séries (Fantastic Four, Avengers, X-Men). Mais quand il est revenu à "la maison des idées) pour produire House of X/Powers of X, il a pris soin de s'assurer que ce qu'il lançait ne serait pas trop impacté par le reste. Puis quand il a relancé l'univers Ultimate, il a radicalisé en quelque sorte sa démarche. Et avec G.O.D.S., il a réussi à imposer de nouveaux personnages dans un recoin auquel personne ne touchait.
Même s'il n'est pas un editor, dans la mesure où il ne supervise pas toute la gamme Ultimate actuelle, Hickman en est en quelque sorte le maître des horloges puisqu'il a su imposer à cette collection une temporalité (tout se passe en temps réel) et une échéance (quatorze mois avant le retour du Créateur, le grand méchant de l'affaire).
On sent cette influence dans la série Ultimates (de Deniz Camp et Juan Frigeri) qui suit une narration composée pour l'essentiel du réveil de héros dont le Créateur a empêché l'éclosion comme dans notre monde ou le recrutement de nouveaux héros, indirectement impactés par les actes du Créateur. Et il y a donc fort à parier que les Avengers de Iron Lad finiront par être au complet quand le Créateur sera de retour tout comme Spider-Man sera mis face à de nouvelles responsabilités au terme de cette échéance (puisque Iron Lad, en leur rendant visite, à lui et à Harry Osborn, leur a bien fait comprendre de quoi il retournait).
Ultimate Spider-Man est donc à la fois le territoire réservé de Hickman et en même temps le métronome de l'univers Ultimate, à travers le récit initiatique de Peter Parker on suit la naissance et l'ascension du héros le plus emblématique de cet univers, à la fois témoin et acteur, pas encore un des Ultimates mais au courant du projet de ces derniers et de la menace globale qui pèse sur cette Terre parallèle.
Dans ce dixième numéro, Hickman écrit un épisode de transition comme il en a pris l'habitude quand il faut laisser souffler Marco Checchetto, mais aussi pour faire une sorte de point d'étape en se penchant sur une partie de l'intrigue en marge du voyage de Spider-Man. C'est donc à nouveau à David Messina d'illustrer ce chapitre.
On peut trouver ingrat le traitement réservé à cet artiste uniquement utilisé comme remplaçant. Il ne dessine pas le héros de la série, seulement ses seconds rôles la plupart du temps, dans des épisodes sans action spectaculaire, reposant uniquement sur les dialogues. Cela va même plus loin puisque, dans le dispositif que Hickman a mis au point, le découpage est austère, avec des gaufriers de neuf cases et des talking heads en gros plans en majorité.
Messina doit donc s'acquitter d'illustrations, de vignettes. Ce qu'on exige de lui, c'est de l'expressivité et la capacité à faire de plans serrés des images quand même suffisamment attrayantes pour ne pas ennuyer le lecteur. Il s'en acquitte avec rigueur, son professionnalisme l'honore, même si on peut deviner qu'il ronge son frein en espérant pouvoir un jour dessiner Spider-Man en action. En même temps, même si ces intérims sont compliqués, il travaille sur une série qui est régulièrement en tête des ventes la semaine de sa sortie, ce qui lui offre une exposition gratifiante.
Quant au propos lui-même, il n'a rien à envier à certains des épisodes de Black Monday Murders quand Hickman nous détaille par le menu comment une entreprise est rachetée puis revendue à des sociétés écrans dans le but de dissimuler ses activités. C'est ce qui s'est passé avec Stark/Stane Industries dont on sait que Wilson Fisk a permis à Oscorp de l'acquérir après la mort de ses fondateurs et la disparition de l'héritier d'Howard Stark (Iron Lad donc, en cavale depuis qu'on le croit responsable d'un attentat commis en vérité par les partenaires du Créateur).
Sachant que Harry Osborn a, lui, hérité d'Oscorp, fondé par son défunt père Norman, on a pu se demander pourquoi il employait désormais la technologie Stark/Stane pour être le Bouffon Vert et mener sous ce masque une guerre ouverte contre Fisk, l'homme à qui il doit précisément la possession de cette technologie. La réponse est donnée dans ce numéro, sous la forme d'une enquête journalistique menée par J. Jonah Jameson et Ben Parker.
Même, donc, si c'est plutôt technique et visuellement très sobre, difficile de na pas être accroché jusqu'à la dernière page qui adresse un clin d'oeil savoureux au nom de plume choisi par Ben Parker et J.J. Jameson pour signer leur article explosif.
Double coup de maître pour Hickman, qui, plus que jamais fait de l'univers Ultimate son jardin et ainsi créé son espèce de vrai faux label chez Marvel.
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