samedi 5 octobre 2024

PLASTIC MAN NO MORE ! #2 (of 4) (Christopher Cantwell / Alex Lins & Jacob Edgar)


Plastic Man a un plan pour s'en sortir mais cela implique de retomber dans ses vieux travers puisqu'il s'agit de kidnapper Uranium, un des Metal Men. Il ment aux autres Metal Men pour s'assurer leur aide car Uranium est actuellement l'otage du Doctor No-Face...


Alors que, à la fin de Absolute Power, Plastic Man, dans la continuité DC, a perdu son pouvoir, il n'est guère mieux loti dans le monde alternatif des histoires du DC Black Label puisqu'il est mourant. Dans le premier épisode de Plastic Man No More !, Christopher Cantwell expliquait que les produits chimiques qui avaient transformé Patrick O'Brien étaient en train de le tuer à petit feu.


Pourtant Plastic Man décidait de se battre pour ne pas mourir. Ou plutôt il allait se battre pour que son fils ne meure pas aussi, puisqu'il a hérité de ses pouvoirs. Avoir conjugué deux thèmes comme la paternité et la mortalité est le pari pris par le scénariste qui, en prime, trait ça sous l'angle du body horror et non de la comédie comme on en a l'habitude avec ce héros.


Si cette approche peut dérouter, elle s'avère pertinente parce qu'être père, ce n'est pas seulement avoir un enfant, un héritier, c'est aussi intégrer qu'il grandira et qu'il perdra son père, rattrapé par l'âge ou la maladie. Je sais de ce quoi parle Cantwell puisque je l'ai vécu et je ne suis évidemment pas le seul dans cette situation.


Mais quand vous lisez une histoire comme ça en ayant traversé cette situation, ce n'est plus un simple divertissement, plus une simple lecture. Et cela pèse sur la manière dont vous critiquez cette histoire. Vous l'appréciez plus intimement, plus personnellement, et cela vous permet d'en voir la vérité ou les artifices.

La question de la parentalité dans les comics est toujours délicate à aborder parce que si un héros devient parent et qu'on voit son enfant grandir, alors cela impacte la temporalité de la série dans laquelle ça se passe. Le héros vieillit puisque son enfant grandit. Or d'une certaine manière la bande dessinée, dans sa grande majorité quand il s'agit de série, produit des personnages immortels, qu'on ne voit pas vieillir, qui existe, pour reprendre l'expression de Patrick Modiano, dans une sorte de "présent éternel".

Autrement dit, faire d'un héros de BD un père, c'est l'exposer à sa finitude, à sa mortalité. Les deux notions sont mêlées. On peut faire durer les choses et à cet égard, on peut citer les enfants de Reed et Sue Richards, Franlklin et Valeria, qui ont grandi jusqu'à un certain point mais qui semblent avoir stoppé leur croissance depuis un moment maintenant. Idem pour Damian Wayne qui est un ado depuis un bail. 

C'est troublant parce que, quand un auteur se met à accélérer le processus, de façon plus ou moins habile, les lecteurs le prennent généralement mal (exemple : le vieillissement express de Jon Kent, le fils de Superman et Lois Lane, lors du run de Brian Michael Bendis). Je pense que, bien entendu, la manière de le faire compte, mais il y a autre chose : le lecteur en voyant vieillir les personnages constate son propre vieillissement et personne n'aime s'apercevoir qu'il a des rides et des cheveux blancs. La seule exception tolérée, c'est quand les héros sont saisis dès le début dans un âge avancé (comme les vétérans de la Justice Society of America) : ils nous renvoient alors l'image de seniors vénérables, comme nos grand-parents, et cela ne nous agresse pas.

Là où je veux en venir, avec Plastic Man No More !, c'est que finalement un des rares combats que ne mènent pas les super-héros, c'est contre le temps qui passe - et pour cause, on les en exempte. Mais ici, Patrick O'Brien est confronté à sa fin : il le supporte mal certes, mais ce qu'il ne supporte pas, c'est que le mal qui le ronge puisse aussi tuer son fils. Et donc c'est son combat ici. Avec une solution, improbable et risquée, mais que Plastic Man ne peut pas ne pas tenter.

Christopher Cantwell explore tout ça avec beaucoup d'inventivité, sans esquiver l'émotion qui en découle (voir la scène avec la Dr. Menlo qui raconte son drame personnel avec sa fille, victime d'un accident de la route).

Visuellement, l'alternance de planches entre Alex Lins (pour les 3/4 de l'épisode) et Jacob Edgar (pour les scènes narrées en flashback) fonctionne de manière toujours aussi étonnante. Edgar évoque par son trait clair le style des cartoons de la Warner tandis que Lins, avec un encrage plus épais et le spectacle de la déliquescence de Plastic Man montrée de façon très crue, instille une part de malaise, qui tient autant aux mensonges du héros pour accomplir son plan qu'à la représentation du body horror voulue par Cantwell.

C'est vraiment un projet étonnant, détonant, mais non dénué de profondeur derrière l'emballage purement comics et super-héroïque. Impossible de deviner jusqu'où ça va aller, si ça va bien ou mal finir, mais encore une fois, une série du DC Black Label se distingue.

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