Pourquoi la petite Penny, fille de Duncan et Samantha Lamarr, ne se réveille-t-elle plus ? Les parents de la fillette n'ont pas de réponse satisfaisante du Dr. Senn. Ils acceptent alors une expérience que leur propose Trash Severin et qui va les mener au coeur d'une guerre à nulle autre pareille...
Le mois dernier, quand j'ai commencé la lecture du premier épisode de The Moon is following us, je ne savais vraiment pas dans quoi je m'embarquais. J'en sais désormais un peu plus puisque, entre temps, j'ai appris qu'il s'agirait d'une mini-série en 10 épisodes. Mais ce n'est pas tout.
En effet, pour ce deuxième numéro, on a droit à quelque chose de surprenant aussi bien dans le fond que dans la forme. Daniel Warren Johnson ne fait pas qu'écrire le scénario et les dialogues, il signe aussi les trois quarts des dessins cette fois pour ce qui est une forme d'origin story, où on nous explique la situation poignante de Duncan et Samantha Lamarr.
Ce qu'on apprenait à la toute fin du premier épisode (attention, spoiler !), c'est que ce couple à l'action dans un monde de fantasy y était projeté grâce à un appareillage, mais qu'en vérité il s'agissait d'un mari et de sa femme vivant en Amérique et dont la fille, Penny, était plongée dans un sommeil profond depuis un certain temps, dont personne ne réussissait à la tirer.
Les Lamarr formaient une famille heureuse jusqu'à cette nuit où Samantha découvrit que Penny ne se réveillait pas. Duncan prodigua sur sa fille un massage cardiaque pendant que sa femme appelait les secours. Le coeur de Penny repartit mais elle ne reprit pas connaissance - elle n'est pas revenue à elle depuis.
Le docteur Senn qui l'a prise en charge a tenté d'expliquer scientifiquement, rationnellement, aux parents ce qui se passait tout en admettant qu'un tel cas était inédit pour lui. Maladroitement, il envisageait de garder en observation pour l'étudier. Au chevet de son enfant, Samantha entendit une chouette frapper à la vitre de la chambre et déposer sur le rebord de la fenêtre un message l'invitant à monter sur le toit. Ce qu'elle fit en convaincant Duncan de l'accompagner et ils y rencontrèrent Tash Severin...
Il est difficile de savoir où s'arrêter avec ce que raconte Daniel Warren Johnson. Toutefois, c'est un auteur qui a une science du récit telle qu'on peut, je crois, dire qu'elle résiste à des révélations sans que l'intérêt pour la suite ne soit ruiné. Disons alors que Tash Severin vient d'une dimension parallèle où se tient une guerre entre deux camps et dont Penny est à la fois l'enjeu et la clé...
je serai sans doute obligé d'en dire plus la prochaine fois, à mesure que le scénario dévoilera ses péripéties, mais j'essaierai de rester le plus évasif possible pour que, quand vous lirez cette histoire à votre tour, vous restiez surpris par les tours et détours qu'elle réserve. Cependant, comme toujours chez DWJ, il y a ce qui est raconté directement et ce qui est suggéré métaphoriquement.
Avec Riley Rossmo, l'auteur a avoué que cette histoire était très personnelle pour eux deux. On ne saura jamais à quel point précisément, mais comme tout récit impliquant des enfants, et la possibilité de leur décès, il faut supposer que Johnson comme Rossmo doivent avoir imaginé cette intrigue davantage pour exorciser leur pire peur que pour guérir d'un véritable drame (du moins, on l'espère pour eux).
Ce qui est certain, c'est que, comme toujours chez Johnson, The Moon is following us exploite merveilleusement ce mélange d'action explosive, d'inventivité débridée et de sensibilité à fleur de peau. Un cocktail unique qui en fait aussi une expérience pour le lecteur.
Par ailleurs, cet épisode est spécial dans la mesure où Riley Rossmo n'en dessine que 7 pages. Des pages superbes, avec cette dinguerie qui lui est propre, avec ces personnages aux physiques un peu déviants, cette subtile exagération, et des trouvailles étonnantes dans la composition même de la page où le sens de la lecture n'est pas toujours traditionnel mais d'une fluidité remarquable.
Le reste est donc de la main de Johnson qui, avec son style plus nerveux, plus charbonneux, fait de chaque scène un intense moment d'émotion. C'est un grand huit permanent où le lecteur est aussi bouleversé que les héros, perdu comme eux, plein d'espoir aussi comme eux. Les transitions entre les passages de Johnson et ceux de Rossmo sont tout sauf alambiqués, on est stupéfait par la facilité avec laquelle on passe de l'un à l'autre, embarqué par ce récit.
Tout est donc là pour que The Moon is following us soit une oeuvre dont la qualité sera à la hauteur de la folle ambition.
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