vendredi 30 août 2024

THE NICE HOUSE BY THE SEA #2 (James Tynion IV / Alvaro Martinez Bueno)


Les habitants de la maison au bord du lac connaissent-ils l'existence de la maison au bord de la mer et ses habitants ? Et si oui, depuis quand ? Et comment ? Dans quelles circonstances peut avoir lieu leur rencontre ?


Depuis peu, Netflix a récupéré les droits de diffusion de la série Lost : Les Disparus. Il se trouve que cette saga a commencé il y a tout juste 20 ans (ça ne nous rajeunit pas...), soit quasiment une génération. Et justement ceux qui n'étaient pas nés il y a vingt ans ou n'étaient pas assez âgés pour suivre Lost redécouvrent désormais la création de Damon Lindelof et Carlton Cuse, lui assurant un nouveau succès sur la plateforme de streaming.


Quel rapport avec The Nice House by the Sea ? Hé bien, si vous avez déjà vu Lost, il y a 20 ans ou récemment, vous savez que lors de la deuxième saison, on découvre que l'île compte déjà des occupants, présents avant les rescapés du crash de l'avion. Et quand on a su ça, on s'est tous posé la question de savoir comment aller se passer la cohabitation mais aussi ce que savaient de l'île les précédents arrivés par rapport aux nouveaux. 


Oui, mais quel rapport avec The Nice House by the Sea ? Hé bien, ce deuxième épisode reprend exactement l'idée de la saison 2 de Lost. Attention (petit) spoiler : trois habitants de la maison au bord du lac (The Nice House on the Lake) vont découvrir l'existence de la maison près de la mer (The Nice House by the Sea). Comment ?
 

Je n'irai pas plus loin dans les révélations mais la dernière page de cet épisode est tout simplement diabolique. Juste avant ça, on renoue donc avec les protagonistes de la précédente série. Ryan Cane, Norah jacobs, Reginald Madison et les autres sont dans leur prison de luxe depuis 765ème jour. Nous sommes le lundi 18 Juillet 2024. Et les choses ont quelque peu changé depuis la "mort" de Walter...

Le mois dernier, dans la maison près de la mer, on voyait que les résidents avaient accès à la salle des machines et, entre autres choses, pouvaient conditionner la météo. C'est aussi le cas des occupants de la maison près du lac. Et cette donnée va provoquer un changement majeur dans le récit.... James Tynion IV a recours à une sorte d'effet miroir (mais un miroir déformant) et le lecteur retrouve avec curiosité, pendant tout un épisode, les personnages qu'ils avaient laissés il y a deux ans.

L'autre élément qu'il faut suivre avec attention, c'est que Reginald trouve devant la maison une caisse, un nouveau colis comme ceux que lui et les autres reçoivent régulièrement en passant commande. Sauf que cette fois, il ne s'agit pas d'un accessoire, mais d'un être vivant : un chien. Tout le monde soupçonne immédiatement David Daye (le comédien) mais il nie farouchement. La chose trouble considérablement le groupe dont une partie se demande si ce toutou compte pour une personne supplémentaire, un onzième résident, donc une anomalie dans la configuration que leur avait expliqués Walter.

Avant que Ryan Cane (l'artiste) et Rick MacEwan (le pianiste) ne découvre ce nouvel arrivant, on les trouve se recueillant sur les tombes de Walter et Naya Radia (la docteur et défunte copine de Rick, morte dans des circonstances particulièrement terribles dans la première série). Tynion IV unit les destins de Ryan et Rick par le souvenir de Naya qui était une des rares à apprécier Ryan et la seule victime de Walter et ses secrets. On constate aussi que le temps passant, un travail de deuil a été entamé par Rick, qui n'en veut plus à Walter et veille à son tour sur Ryan avec compassion.

A partir de ces scènes, a priori anodines, Tynion IV réussit magistralement à synthétiser tout ce qui s'est passé et qu'on n'a pas vu depuis la fin de sa précédente série. On mesure aussi à quel point ces personnages sont dissemblables de ceux de la série actuelle, composant avec leur situation sans l'avoir acceptée parce que leur hôte n'a pas du tout eu le même comportement avec eux que Max avec ses invités de la maison près de la mer (Walter a manipulé tout le monde, Max a choisi de tout partager).

Ce n'est pas un hasard si l'épisode se boucle sur les trois personnages les plus importants : Ryan (l'outsider), Norah (la plus proche de Walter) et Reginald (celui qui a aidé Walter à monter son piège). Et on piaffe déjà d'impatience de savoir ce qui va se passer le mois prochain, quelles vont être les répercussions de la rencontre des deux maisons, comment le scénario va exploiter cela, développer les conséquences... Ce qui est désormais certain, c'est que Tynion IV ne va pas se contenter de décliner ce qui a fait le succès de The Nice House on the Lake mais qu'il a un plan pour jouer avec ces maisons - et qui sait s'il n'en existe pas au moins une troisième - The Nice House in the mountains ? - pour une troisième série).

Alvaro Martinez Bueno semble avoir voulu marquer une différence graphique pour traiter ce chapitre. Avec la coloriste Jordie Bellaire, il a adopté un style plus brut, en tout cas pour représenter les personnages, souvent dessinés à gros traits, dans des lumières vives et des ombres marquées, avec de forts contrastes.

Les habits que chacun porte sont presque criards (comme le survêtement mauve de Ryan), les visages ont quelque chose de grossier. Ce n'est pas un reproche, mais c'est frappant de constater à quel point c'est moins élégant, moins beau que le premier épisode. Lorsque j'avais relu The Nice House on the Lake, j'avais été encore plus étonné par cette rudesse et je la retrouve ici. Martinez Bueno n'utilise plus d'encreur depuis qu'il travaille sur ces séries et donne donc plus d'espace à la colorisation, pour laquelle Bellaire emploie une palette audacieuse. Donc, il est normal de trouver le trait plus épais, avec un stylisation plus poussée, radicale. Mais on franchit un palier ici.

A voir donc si l'artiste va rester dans cette démarche le mois prochain, où l'action va reprendre dans l'environnement de la maison près de la mer, ou si c'était un parti-pris ponctuel pour rappeler The Nice House on the Lake. Mais Martinez Bueno s'est réinventé de manière telle en travaillant sur ces titres qu'il est désormais loin le dessinateur de Justice League Dark.

Quoiqu'il en soit, The Nice House by the Sea est une expérience passionnante et référencée (Lost, donc, saison 2). Impossible de ne pas être accroché, aussi bien par la puissance visuelle qui s'en dégage que par la maîtrise narrative à l'oeuvre.

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