samedi 10 août 2024

ON SERA 2 ! (Jeff Chan & Andrew Rhymer, 2019)


Ben King et Alice Mori sont amis depuis l'université. Elle sort d'une rupture amoureuse avec Nate qui l'a trompée. Il est obsédé par une ancienne camarade de classe, Jess, avec qui il rêve de faire sa vie. Lors d'un mariage auxquels ils sont tous les deux invités et où ils ont trop bu, Alice rumine ses peines de coeur à voix haute tandis que Ben tente d'embrasser Jess qui lui dit qu'elle vient de se fiancer. Suite à ces déconvenues, Alice propose un marché à Ben : désormais ils iront ensemble à tous les mariages où ils sont invités, ensemble ou séparément, afin que lui surveille sa consommation d'alcool à elle et elle repérera des filles célibataires pour lui. 


Lors d'une partie de golf avec son père, Chuck, Ben apprend qu'il va se remarier pour la troisième fois avec Gina, moins âgée que lui et déjà mère de deux petits garçons. Chuck veut que son fils soit son témoin mais Ben lui demande de bien réfléchir à ce dans quoi il s'engage. La saison des mariages démarre et le deal conclu entre Alice et Ben fonctionne, même si ce dernier après avoir couché avec une demoiselle d'honneur reste frustré car il reste sur son idée de trouver la femme parfaite et d'avoir le coup de foudre au premier regard.


Alors qu'ils partagent le même lit dans une chambre d'hôtel, Alice demande à Ben de lui faire un câlin mais il est gêné et elle se moque de lui. Quand elle apprend pour le mariage de Chuck et l'embarras de Ben à être son témoin, il se justifie par le ressentiment qu'il éprouve encore d'avoir grandi sans son père qui a laissé tomber femme  et enfant. C'est un peu pareil pour Alice qui sait que ses parents restent ensemble uniquement pour elle et sa soeur.


En rentrant d'une fête de mariage, ils loupent leur navette et doivent rentrer à leur hôtel à pied, en traversant un cimetière où Alice trébuche sur une tombe. Un incident sans conséquence sauf que l'impensable va se produire et tout changer entre elle et Ben...


Il y a quelques mois de cela, Amazon diffusait l'adaptation en série du film Mr. & Mrs. Smith (Doug Liman, 2005). Le résultat s'écartait avec bonheur du long métrage et révélait aux côtés de Donald Glover (découvert dans les séries Community puis Atlanta) l'actrice Maya Erskine. Si vous n'avez pas eu l'occasion de suivre ça, rattrapez-vous, vous ne le regretterez pas.


Car si Glover est (notamment grâce à son alter ego rappeur Childish Gambino) une vedette, Maya Erskine est le genre d'actrice pour laquelle on craque au premier regard. Avant cela, elle avait été la vedette (avec Anne Konle) de la série PEN15 où elle était déjà formidable (bien qu'affublée d'une coupe de cheveux certes conçue pour faire rire mais ne la mettant vraiment pas en valeur).


Et donc ? Et donc si j'ai voulu regarder Plus One (en vo), c'était pour le plaisir de retrouver Maya Erskine. Elle partage l'affiche avec Jack Quaid, autre star de série (il joue dans l'adaptation des comics The Boys d'après Garth Ennis et Darick Robertson), et comme il l'avoue lui-même, c'est un de ces "nepo babies" qui ont percé à Hollywood puisque ses parents ne sont autres que Dennis Quaid et Meg Ryan (dont il est le portrait craché à eux deux).

On considère la comédie romantique avec souvent beaucoup de condescendance parce qu'elles se ressemblent un peu toutes. Le postulat est simple : ils n'ont rien pour finir ensemble et pourtant ils tomberont amoureux à la fin après quelques péripéties, erreurs, détours et malentendus. Jack Quaid ne pouvait pas y échapper, sa mère ayant été une icone du genre (avec Quand Harry rencontre Sally).

Mais c'est bien Maya Erskine qui fait toute la différence et donne à On sera 2 ! tout son relief à la fois comique et sensible. L'action se déroule au cours de dix mariages auxquels Ben et Alice, deux amis de fac, assistent et pour lesquels ils ont convenu d'un accord : il l'empêche de se soûler (parce qu'elle ne se remet pas de l'infidélité de son ex) et elle lui trouve des filles célibataires parmi les invités (puisque la fille dont il était épris vient de se fiancer).

Les scénaristes et réalisateurs Jeff Chan et Andrew Rhymer, qui travaillaient avec Erskine sur PEN15, évitent le piège du film à sketches parce qu'ils ont sans doute eux-mêmes été les spectateurs de noces aux tournures rocambolesques. Ces mariages se réduisent ici au discours d'un(e) témoin, ce moment où on cherche à faire rire l'assistance en charriant gentiment le couple fraîchement uni, mais qui souvent dérape en monologue trop long, trop larmoyant, trop sarcastique, etc. Lorsque Ben s'y essaie et répète le texte qu'il a écrit devant Alice, où il aborde des épisodes franchement gênants, elle le rappelle à l'ordre en lui disant que son discours doit distraire, pas embarrasser.

Et, par le jeu de la répétition de ces scènes, où, parmi l'assistance, à voix basse, Alice et Ben ricanent des mariés, de leurs témoins, de leurs familles, de leurs amis, on découvre que ces deux-là sont plus doués pour parler des autres que pour parler d'eux-mêmes, se livrer, avouer leurs sentiments. Lorsque Alice demande à Ben un peu de tendresse alors qu'ils sont contraints de partager le même lit à l'hôtel, il refuse car il trouve cela trop ambigu et elle se moque de ses préventions comme de son obsession à trouver la femme idéale alors qu'il est prêt à coucher avec une demoiselle d'honneur qui ne veut pas s'engager sur la durée.

Par ailleurs, entre eux, pas de tabou : Alice prévient Ben qu'elle doit se faire épiler le maillot avant une fête tandis que lui réprouve le fait de faire pipi sous la douche comme il la soupçonne de le faire mais par contre se vante de ne jamais avoir connu de panne d'érection. Ces échanges, un peu grivois mais très drôles, servent de contrepoint à des confidences plus touchantes : Ben en veut à son père de se remarier alors que son couple avec sa mère a été un échec dont il est seul responsable, Alice reproche à ses parents de rester ensemble pour sauver les apparences en société sous prétexte de ne pas vouloir faire de peine à leurs deux filles.

Les scènes défilent et alternent avec efficacité ces moments émouvants ou amusants de deux jeunes gens à la langue bien pendue mais totalement incapables de fendre l'armure. Ou, quand ils la fendent, d'avoir confiance en l'avenir (surtout pour Ben, qui se conduit comme un faux romantique). L'écriture et la mise en scène donnent pleinement satisfaction et le film a le bon goût de ne pas traîner en longueur sans être non plus trop rapide.

Et puis Quaid et Erskine ont une vraie alchimie à l'écran. Lui est parfait en mec intranquille, et elle en fille faussement cynique. Le subplot avec le père de Ben, interprété par Ed Begley Jr., ne parasite pas l'essentiel.

Nous serons 2 !, mais si vous êtes curieux, vous tomberez vous aussi sous le charme et nous serons nombreux à aimer ce film.

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