samedi 23 mars 2024

IF YOU FIND THIS, I'M ALREADY DEAD #2 (Matt Kindt / Dan McDaid)


Un mois s'est écoulé depuis que Robin est arrivée sur Terminus et la mort du capitaine Gal. Depuis, elle a appris les rudiments de la langue des indigènes mais quand elle s'adresse à des moines, ils la poussent à travers un portail. Dans les entrailles de la planète, elle est vite récupérée par les Chasseurs et placée en détention. C'est là qu'elle va être désignée pour une mission à risque...


Quand j'ai découvert il y a un mois le premier épisode de If you find this, I'm already dead, j'ai été immédiatement captivé par le récit de Matt Kindt. Le scénariste fonçait bille en tête et ne laissait pas le temps de souffler ni à son héroïne, la journaliste du NY Times Robin, ni au lecteur.


La question, c'était de savoir si ça allait continuer à un tel rythme. Et la réponse est : oui. Ce deuxième épisode (sur trois) comporte toujours une pagination plus élevée que la moyenne d'un comic-book (une quarantaine de pages) mais c'est un formidable page-turner.


Toutefois, Kindt ne fait plus que raconter une course-poursuite haletante, il fait progresser l'histoire et on suit ainsi Robin, désormais livrée à elle-même sur Terminus, qui consigne dans un journal de bord son périple. Cette démarche donne tout son sens au titre de la série et augure peut-être d'un final pessimiste (littéralement : "si vous trouvez ça, je suis déjà morte").


La narration passe principalement par la voix-off de Robin et les dialogues sont réduits à leur plus simple expression, qui plus est parce que Robin communique difficilement avec les autochtones de Terminus, même si elle a appris à comprendre sommairement leur langage et à le parler. Ce décalage donne une saveur particulière au récit car le lecteur est aussi handicapé que l'héroïne : Kindt, en effet, ne traduit pas le sabir des indigènes de cette planète qui, d'ailleurs, s'écrit avec des glyphes indéchiffrables.

Le scénariste adresse un clin d'oeil direct à Alice au pays des merveilles quand il projette Robin dans les entrailles de cette planète, sorte de terrier cauchemardesque puisque ce monde est un organisme vivant et que les dessins de Dan McDaid le représente de manière très organique, avec des couleurs vives. Le découpage joue très habilement avec les différences d'échelle afin de traduire l'émoi de Robin qui ne sait plus où elle est, complètement bouleversée par ce voyage.

Pourtant, McDaid a recours à des compositions simples : ses cases sont de dimensions généreuses, disposées souvent de manière à occuper toute la largeur de la bande, et/ou en nombre réduit. C'est aussi de cette manière que le rythme imprimé à la narration a cette rapidité. On tourne les pages qui se lisent facilement et on est happé par le déroulement ininterrompu de l'action.

Suivant donc plusieurs étapes, on découvre la société de Terminus de manière très fulgurante : il y a ces fameux chasseurs dont le quartier général est un immense bâtiment au look évoquant surtout Kirby mais aussi Moebius. A l'intérieur, des esclaves servent une caste mais aussi les expérimentations cruelles de scientifiques, après avoir été faits prisonniers. Jetée dans la cour du pénitencier, Robin manque aussitôt d'être taillée en pièces par d'autres détenus. Avant qu'un ancien ne la sorte de ce mauvais pas et lui convie une mission. A mener durant une émeute...

La dernière partie de l'épisode est mouvementée mais la lecture conserve intacte sa clarté. On peut reprocher à Robin de trop subir les événements mais c'est en même temps tout le propos : comment réagir dans un environnement si hostile, si étrange ? Difficile d'imaginer qu'elle puisse se comporter autrement. Par ailleurs, c'est une reporter, donc elle se pose d'abord en témoin, en spectatrice, en auditrice, tentant d'abord de saisir ce qui se passe autour d'elle. Même si le cliffhanger de l'épisode la met dans une position inattendue avec, à la clé, une révélation particulièrement surprenante et dérangeante sur ceux qui tirent vraiment les ficelles sur Terminus...

De quoi attendre avec impatience le troisième et dernier chapitre de cette série palpitante et atypique, menée de main de maître.

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