jeudi 14 mars 2024

THE ONE HAND #1 (Ram V / Lawrence Campbell) - Avec The Six Fingers, 2 comics qui n'en font qu'un

The One Hand / The Six Fingers interconnected cover de Alvaro Martinez Bueno


Neo Novena. 2873. L'officier de police Ari Nassar part à la retraite. Après son pot de départ, il entre dans le bureau de la commissaire qui l'informe que le tueur à une main est de retour. Sauf que Nassar a déjà arrêté ce serial killer et son copycat des années auparavant...


Voilà un projet éditorial complètement fou et très excitant. Le scénariste vedette Ram V (Catwoman, Toutes les morts de Leila Starr) et son confrère Dan Watters (Loki, Lucifer) avec le dessinateur Lawrence Campbell ont développé un comic-book conceptuel ambitieux : produire deux mini-séries qui se répondent. Image Comics publie le tout.

Quand j'ai entendu parler de The One Hand (et donc de The Six Fingers), j'avoue ne pas avoir tout de suite compris comment tout ça s'articulait. Mais en lisant le premier épisode de chaque titre, tout devient limpide et surtout très addictif. On plonge dans un polar très noir, futuriste et fantastique, dans lequel on suit, d'un côté, un flic sur le point de prendre sa retraite, et de l'autre, un tueur en série.


Evidemment, le défi pour les auteurs est de raconter ces deux histoires parallèles sans se marcher sur les pieds. Il y a quelque chose de chorégraphique dans la narration, mais c'est, disons-le tout de suite, superbement exécuté. Ram V et Dan Watters se sont répartis le travail impeccablement et chaque partie est aussi bonne que l'autre.


Pour le lecteur et a fortiori le critique, l'affaire est assez délicate aussi car il faut slalomer entre les deux séries sans spoiler ni l'une ni l'autre. En même temps, c'est inévitable tant les deux récits sont intrinsèquement liés, jusqu'à partager au moins une scène. Le tout est d'avoir l'esprit joueur car on sait que le but de l'entreprise est de se faire rencontrer les deux protagonistes, sans qu'on sache comment Ram V et Dan Watters vont s'y prendre pour que ça n'ait pas l'air d'un énorme coïncidence.

On peut néanmoins compter sur le talent des deux scénaristes pour ne pas céder à la facilité. Dans The One Hand, on suit donc Ari Nassar, un flic qui part à la retraite. Nous sommes dans la ville de Neo Novena en 2873 (peut-être que là aussi il y a une explication pour que l'histoire se déroule dans une cité imaginaire et aussi loin dans le futur), le climat est épouvantable (il pleut en permanence - et bien entendu, impossible de ne pas penser à Blade Runner). Nassar consulte une psy de la police qui l'accompagne pour que le transition entre son activité et sa retraite se passe au mieux. Il fréquente aussi une sorte de cyber-prostituée à laquelle il peut se confier (en plus d'avoir des relations sexuelles tarifées), mais qui subit des dérèglements fréquents (comme toutes ses "consoeurs" dans la maison close où elles pratiquent).

Nassar apprend le soir de son pot de départ qu'un tueur en série, le Tueur à une main, a de nouveau sévi. Pourtant, des années auparavant, il a bâti sa réputation en appréhendant ce tueur. La vague de crimes a repris et il a également arrêté le copycat du tueur original. Qui peut avoir repris le modus operandi de ce criminel tordu après tout ce temps ? A moins que le diable ne se cache dans le détails et que ce nouveau plagiaire soit différent...

Ram V effectue un travail remarquable et, pour moi, c'est une sorte de révélation. J'avais beaucoup aimé ses épisodes de Catwoman, mais sinon je ne peux pas dire que je trouvais ce scénariste aussi impressionnant qu'on le vantait. Je n'ai donc pas eu l'envie de lire Toutes les morts de Leila Starr, ouvrage qui lui a valu une reconnaissance au-delà des comics super héroïques. Mais là, il maîtrise parfaitement sa partie, dans une ambiance très pesante, avec ce personnage en fin de course.

Qui mieux que Lawrence Campbell pouvait illustrer ce script ? Le style de l'artiste évoque celui de Alex Maleev (même si ce dernier est supérieur en qualité) et s'appuie sur un découpage simple avec peu de cases par page et surtout des images à l'esthétique très prononcée. De grands à-plats noirs dévorent chaque plan, renforçant le cadre urbain et nocturne, mais aussi par extension la fin de vie du policier et les démons qui le hantent, lui qui, durant toute sa carrière, a enquêté sur des dossiers violents et traumatisants.

Les couleurs de Lee Loughridge et surtout le design de Tom Muller (à qui on devait tout l'habillage des séries X chez Marvel depuis House of X / Powers of X) donnent un cachet supplémentaire à l'oeuvre. Muller accomplit des prodiges pour unifier le look des deux séries et le lettreur Adita Bidikar abat un boulot impressionnant, qui contribue largement à la classe fascinante et morbide de Campbell (et Sumit Kumar sur The Six Fingers). Vraiment, c'est assez rare pour le signaler mais il faut citer toute l'équipe artistique.

Je vous parle très vite de The Six Fingers #1, so... Stay tuned !

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