Face aux méga incendies qui dévastent toujours la forêt amazonienne, Mr. Terrific, sur les conseils de Red Tornado, fait appel à Téfé Holland, la fille d'Alec Holland et Abigail Arcane, qui a comme son père une connexion avec la Sève. Pendant ce temps, Batman retrouve le Limier Martien en Egypte où il se terre depuis son brusque départ de l'équipe...
L'arc en cours de Justice League Unlimited s'achèvera donc avec le #5, à paraître à la fin Mars. Après quoi ce sera le début du crossover We are Yesterday entre cette série et Batman/Superman : World's Finest en Avril-Mai (six parties au total). Et, comme pour confirmer ce plan, à la fin de cet épisode, on nous promet la révélation de l'identité des membres d'Inferno dans le prochain chapitre.
Je ne sais pas de quoi sera fait l'avenir de la JLU et comme Mark Waid a promis que le crossover allait pas mal bouleverser l'ordre établi, au-delà des deux séries, je ne serai pas contre qu'ensuite, pour la JLU au moins, on ait droit à des intrigues un peu plus classiques. Je sais que ça peut paraître incongru de demander ça mais je vais m'expliquer.
Cela fait quatre mois que la série a démarré et on ne s'ennuie pas en la lisant. Mark Waid y fait la démonstration de son savoir-faire avec un concept qu'il maîtrise bien et qui a eu le mérite de remettre le Justice League en marche dans une configuration inédite (même si elle a déjà existé de cette manière dans une série animée du même nom).
Le résultat est toujours spectaculaire et le scénariste utilise son casting potentiellement infini pour montrer de nouvelles têtes sans sacrifier les vedettes, ce qui change d'une certaine et funeste époque où cet imbécile de Dan Didio estimait qu'il fallait régulièrement éloigner Superman, Batman et Wonder Woman pour faire respirer le concept de la Justice League.
Ainsi, on a pu voir Dr. Occult, mais aussi Xanthe Zhou (héroïne de la mini série Spirit World) et cette fois Téfé Holand, la fille d'Alec Holland et Abigail Arcane. Pour ceux qui n'ont pas suivi (comme moi) les récentes aventures liées à la Créature du Marais, Swamp Thing est désormais incarné par un certain Levi Kamei et on l'a vu en sale état dans le précédent numéro.
Confrontée à des incendies immenses en Amérique du Sud, la JLU a bien du mal à sauver à la fois les civils sur place et la végétation. Evidemment, le coup est l'oeuvre d'Inferno, cette nouvelle organisation secrète qui challenge les héros tout en leur ayant assuré qu'ils les dominaient déjà. On apprend au passage que l'un d'eux serait un vieil ennemi d'Aquaman, sans savoir lequel.
Bon. Mais après ? La Justice League doit-elle jouer les super-pompiers ? Je ne pense pas être le seul à admirer les soldats du feu, ni à estimer que des super-héros doivent s'illustrer autrement qu'en luttant contre des flammes magiques. Et donc, vous l'aurez compris, c'est quand même une légère déception qui se fait jour.
A force de trop jouer sur la carte de l'organisation secrète et super dominatrice, Waid m'ennuie un peu. Je préfèrerai dans une série de ce genre voir les membres de la JLU se battre contre autre chose que des machines géantes ou des incendies. J'aimerai encore plus que les méchants soient autre chose que des types encapuchonnés et menaçant dans l'ombre.
Et la perspective qu'offre We are Yesterday ne me fait pas bondir de joie, avec le retour de vilains qui n'ont franchement rien d'original, et même de l'un d'eux que j'espérai ne plus jamais revoir (je spoile : il s'agit de l'horripilant Batman-qui-rit). Si c'est tout ce que Justice League Unlimited à offrir, ce serait vraiment pathétique.
Alors, oui, il y a Dan Mora, mais je continue de trouver son travail inférieur ici à ce qu'il a fait sur Superman ces derniers mois. Mora est un excellent artiste, ne vous méprenez pas sur mon avis, mais s'il lui reste bien quelque chose à améliorer pour devenir un grand artiste, c'est son découpage. Et quand on dessine un team book, c'est crucial.
Or ce qui fait défaut au découpage de Mora dans un team book comme celui-ci, c'est la lisibilité et le dosage des effets. Mora est toujours à fond, il n'y a aucune nuance, c'est comme si, pour lui, tous ces héros réunis devaient être des dieux, un panthéon, au-dessus des humains, dont Waid lui-même a dénoncé la nullité dans Kingdom Come.
La seule fois où cela a vraiment fonctionné, c'est quand Warren Ellis et, dans une moindre mesure, Mark Millar écrivait The Authority. Mais les membres de The Authority était beaucoup plus radicaux, c'était un pastiche violent de la Justice League justement, une démonstration de ce que des surhommes pourraient faire pour mettre de l'ordre dans un monde déréglé.
La Justice League est incomparablement plus sage, gentille, vertueuse. Batman n'est pas le Midnighter, et Wonder Woman par exemple n'est pas Jenny Sparks, il n'y a pas de magicien aussi déglingo que le Docteur ou l'équivalent de l'Ingénieur ou de Jack Hawksmoor.
En un sens, c'est dommage que DC et Waid (même si Waid n'a absolument pas le tempérament d'Ellis et de Millar (il déteste d'ailleurs ce dernier) n'osent proposer avec la JLU une version vraiment radicale comme le serait The Authority puisque cette dernière est tombée dans les limbes de l'éditeur depuis la fin de Wildstorm.
De ce point de vue, les dangers auxquels cette JLU a été confrontés depuis quatre mois pourraient faire penser à ce qu'affrontait The Authority, mais l'intensité est dramatiquement absente des scripts de Waid ici. Les héros sont dépassés mais on ne doute guère qu'ils renverseront la vapeur, alors que The Authority déjouait les plans d'un tyran à la Fu Manchu, une invasion d'une dimension parallèle et Dieu lui-même.
En ce sens, l'intervention de Téfé Holland, qui refuse dès le départ sa carte de membre de la JLU aboutit à une résolution rapide et facile. Dan Mora la met en images avec les effusions de rigueur : le lecteur qui aime être impressionné visuellement en aura pour son argent. Pas sûr que ce soit plus mémorable que ça.
Le récit super héroïque s'affranchit difficilement d'un certain folklore, le premier étant le(s) vilain(s). C'est ce qui a cruellement manqué à cet arc, ce à quoi le crossover annoncé échoue pour nous exciter... Et si le vrai problème, ce n'était pas la Justice League, sa place dans le DCU, le DC All-In, mais la façon de la mettre en scène, de la justifier ?
Pour ça, il n'existe, à mes yeux, que deux réponses : soit Mark Waid se sort les doigts pour imaginer après We are Yesterday une menace plus consistante et certainement plus classique mais plus efficace. Soit ce sera un souci d'auteur. Et là, ce serait beaucoup plus embêtant (d'autant que, par ailleurs, Waid se montre plus inspiré, en particulier sur Batman and Robin : Year One...).
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