mercredi 12 mars 2025

THE AVENGERS BY JED MACKAY, VOLUME 4 : STORM (Jed MacKay / Valerio Schiti, Farid Karami)

ATTENTION ! 
Ce qui suit comporte des spoilers.
Assurez-vous d'avoir lu Blood Hunt avant d'aller plus loin.
Par ailleurs, ce tome 4 sera disponible en Mai prochain en vo.


THE AVENGERS, VOLUME 4 : STORM
(The Avengers #17-23)


Captain Marvel estime que l'équipe a failli, notamment vis-à-vis de leurs amis mutants dont le refuge, Krakoa, n'est plus. Captain America (Sam Wilson) aborde Tornade pour qu'elle intègre les Avengers. Cependant, Hyperion fonce droit sur la Terre, furieux d'avoir été abusé par Mephisto qui avait fait de lui et de l'Escadron de Justice d'Amérique les seuls héros...


Ce quatrième tome de Avengers par Jed MacKay contient les derniers épisodes parus à ce jour. Nous voici donc à jour avec la série. Visiblement, le scénariste a trouvé, après l'event Blood Hunt qu'il a également rédigé, un nouveau rythme de croisière où il ne construit pas des arcs classiques en cinq-six numéros mais plutôt en une suite d'histoires plus courtes.

C'est ce qui se passe ici avec d'abord un récit en deux parties où les Avengers dressent le bilan de leurs actions, en particulier après la chute de Krakoa et les événements relatifs à Blood Hunt. Captain Marvel estime qu'ils ont failli à sauver les mutants et à prévenir l'attaque de Varnae, même si Black Panther pense qu'ils ont évité le pire.

Sam Wilson se propose de convaincre Ororo Munroe/Tornade d'entrer dans l'équipe. Mais pendant ce temps une nouvelle menace apparaît. Jed MacKay va faire référence à ce qui s'est passé dans le run de Jason Aaron et notamment à son event Heroes Reborn au cours duquel Mephisto avait manipulé la réalité, faisant oublier aux Avengers qu'ils étaient des héros et leur substituant l'Escadron Suprême d'Amérique.

Au terme de cette saga, les membres du Squadron Supreme découvraient qu'ils avaient été manipulés et se séparaient. Doctor Spectrum était tué par Power Princess qui lui volait son prisme avec l'aide de Blur tandis que Hyperion subissait un lavage de cerveau de la part de la Veuve Rouge, membre de la Garde d'Hiver russe. Désillusionné, celui-ci finissait par quitter la Terre.

On le retrouve dans cette histoire décidé à détruire notre monde, estimant qu'il avait été trahi par Mephisto mais aussi par les Avengers. Ceux-ci sont incapables de l'arrêter frontalement sans le tuer. Grâce au renfort de Tornade et de Kid Omega (Quentin Quire) mais aussi de Doctor Strange, ils vont tenter le tout pour le tout...

Le pitch est donc extrêmement simple mais très efficace. La résolution du problème ne passe pas par un affrontement et MacKay fait preuve d'ingéniosité pour ne pas tuer Hypérion mais lui donner une nouvelle mission. Par ailleurs, il incorpore Tornade de manière très fluide tout en sortant Thor, en s'appuyant sur ce qui arrive au fils d'Odin dans la série The Immortal Thor (où, accusé de meurtre sur Terre, il doit se retirer sur Asgard pour se sortir de ce mauvais pas).

Surtout ces deux épisodes bénéficient enfin d'un dessinateur digne de la série avec l'arrivée de Valerio Schiti, qui venait alors d'achever la mini-série G.O.D.S. écrite par Jonathan Hickman. L'italien est annoncé comme le nouvel artiste régulier mais il n'en sera rien puisqu'il signera que trois épisodes en tout et pour tout - et ne reviendra pas puisqu'en Juillet il fera équipe avec Chip Zdarsky sur la relance de Captain America.

En tout cas, Schiti signe des planches superbes, même si on le sent un peu en deçà de ce qu'i produit habituellement, sans doute parce qu'il n'a pas bénéficié de repos après la fin de GODS. Mais il est certain qu'on est à un tout autre niveau qu'avec Villa, Fiorelli et Mortarino. Le découpage est plus structuré, les compositions plus amples, les personnages mieux animés.
  

Après avoir dupé Doctor Strange, Doctor Fatalis est devenu le nouveau sorcier suprême et il ne tarde pas à contacter les Avengers pour leur proposer une alliance afin de sécuriser le monde. Mais les héros refusent l'offre, estimant que le souverain de Latvérie règnera en despote.


De son côté, Black Panther est en mission : Meridian Diadem, une des membres du Cartel des Cendres, détient en elle plusieurs mondes au sein d'un tesseract. T'Challa veut s'assurer que les créatures dans cet espace vont bien et éventuellement les libérer. Il découvre rapidement que plusieurs factions s'opposent et mène la révolte d'esclaves pris entre deux feux...

A nouveau, Jed MacKay développe une histoire en deux parties, mais cette fois bien distinctes. La première traite des conséquences immédiates de Blood Hunt où, SPOILER, Dr. Fatalis est donc devenu le nouveau sorcier suprême en lieu et place de Stephen Strange qu'il a berné en lui dérobant l'oeil d'Agamotto notamment.

Comme je l'ai expliqué dans ma critique du tome 3, Blood Hunt est un event qui a surtout servi à préparer le suivant, One World Under Doom, actuellement en cours de parution aux USA. L'argument rappelle étrangement Fatalis Imperator (Avengers : Emperor Doom en vo), un récit complet écrit par David Michelinie sur une idée de Jim Shooter et Mark Gruenwald en 1985, où Victor Von Doom devenait maître du monde grâce à l'Homme Pourpre.

J'ai décidé de zapper One World Under Doom parce que je suis las de ces events Marvel qui promettent beaucoup mais finissent en eau de boudin. Toutefois, même sans le lire, le simple fait que Fatalis soit aux commandes suffit à instaurer un malaise puissant qui ne peut que questionner les Avengers car il a parfois réussi de bonnes choses dans une telle position.

Pourtant MacKay est obligé de composer avec un argument qui n'est pas le sien (l'event étant écrit par Ryan North) et il se contente du minimum syndical. L'opposition des Avengers est inévitable et vite expédiée, comme si c'était une formalité. C'est un peu dommage mais prévisible.

En revanche, l'épisode avec Black Panther est plus convaincant. L'ex leader des Avengers, durant le run de Jason Aaron, est propulsé dans un récit qui fait penser à Spartacus ou Gladiator, plus proche de l'heroic fantasy que du super-héros. Et, après Schiti, la série accueille son véritable nouvel artiste régulier avec Farid Karami.

N'ayons pas peur de dire que c'est une vraie révélation : je ne connaissais pas cet artiste dont le style fait beaucoup penser à celui de Phil Jimenez, mais qui s'avère très costaud. Son trait est réaliste et très détaillé, avec des décors très fouillés, et des personnages très physiques. En deux épisodes, il en impose et s'empare du poste avec autorité, comme si c'était naturel pour lui.

Inutile d'ajouter qu'après les prestations de CF VIlla, Ivan Fiorelli et Francesco Mortarino, on change de dimension, de qualité. Sacrée bonne pioche !


Suite à ses remords vis-à-vis du sort des mutants, Captain Marvel et les Avengers rendent visite aux X-Men de Cyclope, basés en Alaska. Après une partie de base-ball, les héros des deux formations échangent sur ce qu'ils ont traversé récemment pendant que Cyclope et Captain Marvel nouent une alliance en vue de crises futures inéluctables...

Valerio Schiti est de retour au dessin pour cet épisode en forme de parenthèse qui permet à Jed MacKay de réunir les deux équipes qu'il écrit, puisqu'il est également devenu le scénariste de X-Men depuis la relance post-Krakoa. Cependant, si comme moi vous ne suivez pas ce titre, n'ayez crainte, vous ne serez pas perdus.

Il suffit juste de savoir que, après la chute de Krakoa, les mutants se sont dispersés à travers les Etats-Unis. Forge est à la tête d'une nouvelle X-Force pro-active, Havok commande X-Factor, Malicia dirige les Uncanny X-Men en Lousiane, et donc Scott Summers a convaincu le Fauve, Temper, Kid Oméga, Psylocke, Magik, le Fléau et Magneto de s'installer en Alaska, avec quelques autres.

Le fait que Tornade ait refusé de rejoindre Cyclope ou Malicia notamment n'a cependant pas créé de tensions, elle devient de facto une sorte d'agent de liaison entre les X-Men et les Avengers, au sein desquels elle remplace Thor. MacKay met en scène des échanges savoureux sur les machines (Vision vs Kid Omega), les mutants et les humains (Magneto), l'émancipation (Temper et Tornade)...

Schiti fait vivre visuellement ces scènes dialoguées avec beaucoup de talent, sans jamais que le lecteur ne s'ennuie, grâce à l'expressivité des personnages, mais aussi la diversité des compositions, des valeurs de plans. Du boulot de pro, comme seul un artiste de cette trempe réussit à l'accomplir.

Finalement, l'apaisement entre héros et mutants est parachevé par la conversation finale entre Scott et Carol et devrait avoir des répercussions dans le futur (sans doute pour le dénouement de One World under Doom et même ensuite).


Scarlet Witch révèle à ses co-équipiers que des informations concernant l'Instant Manquant vont être mises aux enchères, mais le prix à payer est au-delà de ce que les Avengers peuvent se permettre. Et comme Kang prévoit sûrement de le faire, il faudra donc les voler avant qu'elles soient achetées. Kang, justement, s'adresse à une experte pour ce genre de job : Black Cat. Laquelle a une exigence : faire équipe avec son père, Walter Hardy, pourtant décédé...


Ce que tout le monde ignore, c'est qu'en coulisses le Grand Maître et Myrdinn veulent en profiter pour doubler Kang et les Avengers. Mais c'est bien connu, les chat(te)s noir(e)s portent la poisse...

Ce tome, déjà bien consistant, s'achève donc par une nouvelle paire d'épisodes et un cliffhanger. On mesure bien à quel point, maintenant, Jed MacKay a pris les commandes de la série en lui imprimant un rythme plus personnel, une construction moins classique, tout en revenant à son intrigue de départ avec le retour de Kang et de Myrdinn.

Le scénariste en profite pour intégrer à son histoire Black Cat dont il a écrit les aventures de 2019 à 2021. Et il ne s'agit pas d'un petit plaisir égoïste : Felicia Hardy a un rôle majeur dans l'intrigue qui prend la forme d'un braquage cosmique. Le résultat est irrésistible, malicieux et punchy. Il a fallu être patient mais ce nouveau cru d'Avengers est maintenant sur orbite.

Il me semble surtout que cette construction, presque policière, appliquée à Avengers n'est pas courante, voire inédite, et ça donne à la série une fraîcheur bienvenue. La manière dont MacKay raconte la mise en place du braquage puis les difficultés inattendues auxquelles les héros vont faire face, notamment quand Tony Stark apprend que Felicia Hardy est impliquée, est particulièrement savoureuse.

Farid Karami revient au dessin et confirme qu'il est une valeur sûre. Ses planches sont impressionnantes de maîtrise et regorgent de détails sans jamais perdre en clarté. Qu'il s'agisse de scènes de dialogues ou d'action, il est à son aise dans tous les registres, généreux dans l'effort. Et puis il faut avouer qu'il dessine Black Cat merveilleusement, au maximum de sa séduction.

Jed MacKay a fini, patiemment, par imprimer sa marque et désormais il peut s'appuyer sur un artiste de haute volée (même s'il faudra surveiller si Karami tient le rythme et qui le suppléera inévitablement). Evidemment, ça a nécessité de se taper des arcs pas terribles, avec des dessins très moyens, mais qu'il était impossible de zapper pour en arriver là. A suivre donc...

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