dimanche 23 mars 2025

WELCOME TO THE MAYNARD #4 (of 4) (James Robinson / J. Bone)


Hamilton Cape est sur scène pour présenter la remise de récompenses aux magiciens de l'hôtel Maynard. Pip suivie de Sam Flynn accourent pour empêcher l'assassinat de la vedette. Arriveront-ils à temps ? Et démasqueront-ils le tueur ? Suspense...


Ce dernier épisode de Welcome to the Maynard est en tout point ce qu'on pouvait en attendre : on se fiche un peu de l'identité de l'assassin, encore plus de celle de la voleuse qui a travaillé pour lui en lui procurant des objets liés à Hamilton Cape, ce magicien vaniteux. Et pourtant on n'est pas déçu par le dénouement dont le charme se situe ailleurs.


Dans toute intrigue s'appuyant sur la révélation finale de l'auteur d'une tentative d'assassinat (je ne spoile pas grand-chose en vous disant que Hamilton Cape ne sera pas éliminé), on est rarement comblé par la résolution du mystère. Ce type d'intrigue a été tellement vu et revu qu'on cherche d'autres qualités à une histoire pareille.


James Robinson semble être arrivé au même raisonnement : derrière le décor fantaisiste du Maynard Hotel, ses cambriolages commis par une voleuse intrépide, là n'était pas le coeur du récit. On a là une sorte de variation de Spirou où le groom créé par Rob-Vel et popularisé par Franquin serait une fille dont le passé et le présent liés à ce palace servent de révélateur au sens qu'elle souhaite donner à sa vie.
 

Et Robinson a créé une héroïne terriblement attachante. Le format très court de sa série ne permet pas de la connaître profondément, mais on s'est attaché à Pip et on l'a suivi agréablement dans sa double vie de bagagiste-détective, et comment surtout tout cela a impacté ses relations avec sa copine Ronnie ou ses collègues.

L'argument policier devenait alors une espèce de prétexte pour divertir et ce fut effectivement plaisant, charmant, écrit d'une manière aérienne, qui a suffi à prouver que Robinson en avait encore sous le pied, lui qui fut un immense auteur des années 90 avant de tomber aux oubliettes à un moment charnière pour DC Comics, juste avant la refonte des New 52.

Désormais, Robinson fait partie de ces auteurs, comme Kurt Busiek par exemple, à qui on pense avec nostalgie, en se remémorant ses chefs d'oeuvres (Starman, Leave it to Chance, JSA : The Golden Age) mais en n'espérant plus qu'il renoue avec de tels sommets. Mais en a-t-il simplement envie ? Un scénariste aspire d'abord toute bonnement à écrire en souhaitant que ses histoires rencontrent encore le public.

Il y a ceux, comme Bill Watterson, qui arrêtent tout ou, comme Alan Moore, qui se consacrent à de nouveaux formats. Ou ceux, moins chanceux qu'un éditeur conserve mais en ne leur confiant plus que des projets pourris (Chris Claremont). Et puis il y a ceux comme James Robinson qui prennent la clé des champs et se ressourcent ailleurs, sur des projets plus modestes mais pour lesquelles ils ont les mains libres.

Welcome to the Maynard aura-t-il une suite ? On peut l'espérer, mais rien ne l'indique. L'histoire qui se conclut ici se suffit à elle-même. En même temps, l'auteur a posé des fondations assez riches pour pouvoir développer une série, ou une collection de mini séries. Je serai partant pour retrouver Pip et toute la bande du Maynard évidemment.

D'autant plus si J. Bone est de la partie : celui qui fut le complice du regretté Darwyn Cooke a beaucoup apporté à ce projet avec un dessin d'une fraîcheur exquise et d'une grande classe. Dire qu'il est naïf reviendrait sûrement à en diminuer l'attrait chez beaucoup de lecteurs, mais croyez-moi quand je vous dis que ça n'a rien de péjoratif et que c'est très bon, très beau.

Il y a de la grâce dans ce petit projet, une délicatesse, une justesse rares. Finir cette semaine chargée en sorties par ça a la saveur d'une récompense. J'ignore si, et par qui, cela sera traduit en vf, mais j'espère vraiment qu'un éditeur le proposera. Les plus jeunes adoreront, les plus vieux aussi. C'est un petit bijou à (s')offrir.

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