jeudi 20 mars 2025

DETECTIVE COMICS #1095 (Tom Taylor / Mikel Janin)


La lettre trouvée par Bruce Wayne sur les grilles de son manoir et que lui a adressé Asema lui révèle que son père, Thomas, a autrefois sauvé la vie de Joe Chill. L'homme qui les ensuite assassinés, lui et sa femme Martha. Batman doit savoir si Chill  savait que sa victime avait été son sauveur...


Le pénultième chapitre de ce premier arc de Detective Comics confirme la grande forme que tient Tom Taylor depuis qu'il l'écrit. Traditionnellement, cette série souligne, comme son titre l'indique, les talents de détective de Batman et il faut donc que le scénariste qui s'en occupe élabore des intrigues qui les mettent en valeur.
 

Or, c'est le cas ici : depuis le début de son run, Taylor est revenu sur le passé des Wayne et a imaginé que le meurtrier des parents de Batman avait été sauvé par Thomas Wayne peu de temps avant son crime. Cela donne une dimension encore plus tragique aux origines du dark knight mais le scénariste ne s'est pas arrêté en si bon chemin.


Il a aussi établi que Joe Chill, alors en couple avec une certaine Evelyn Scott, avait eu une fille, dont il a toujours ignorée l'existence. Et pour cause, conjoint violent, il n'a pas su que Evelyn avait été mise à l'abri par Martha Wayne avant son accouchement. Aujourd'hui, Scarlett Scott, la fille de Chill, est devenue chef d'entreprise et a une liaison avec Bruce Wayne.
 

Mais l'histoire a réussi à encore monter d'un cran puisque Batman a découvert que le sérum anti-âge mis au point par l'entreprise de Scarlett provient de prélèvements sanguins sur de jeunes délinquants trouvés morts et issus du même établissement correctionnel. Tous ces éléments narratifs convergent en vue du grand final prévu le mois prochain.

On pourrait presque se dire que tout est joué dans l'épisode de ce mois de Mars. Pourtant Taylor se montre particulièrement inspiré en montrant à quel point la découverte sur la vérité du passé de Joe Chill en lien avec son père et de Evelyn Scott en lien avec sa mère l'impacte. Dans les faits, c'est bien une retcon, mais tellement bien mise en oeuvre qu'elle est exemplaire dans son exécution.

Ce qui est certain en revanche, c'est que, après un premier arc aussi tonitruant, Tom Taylor se met une sacrée pression pour la suite. Il lui faudra être très inventif et costaud pour raconter d'autres histoires aussi intenses, aussi finement construites, avec une progression aussi maîtrisée. D'une certaine manière, on peut se demander si ce récit n'aurait pas eu plus de force encore dans une mini-série...

Mais on ne va pas reprocher à un auteur d'avoir bien fait son travail. D'autant que le cliffhanger de cet épisode est littéralement explosif et une scène, juste avant, interpellera le lecteur, qui confronte le Pingouin et Vandal Savage (qui est désormais le commissaire du GCPD, une idée héritée du run de Chip Zdarsky sur la série Batman)...

Visuellement aussi Detective Comics a de quoi régaler avec un Mikel Janin au top de sa forme. Même si cette fois il n'est pas seul. En effet, il reçoit le renfort à l'encrage de Norm Rapmund (sur les pages 1 à 17) et de Alex Guimaraes aux couleurs (sur les pages 1 à 6 puis 10-11).

Je n'ai jamais aimé l'encrage de Rapmund, parce que je n'aime déjà pas le dessin de Dan Jurgens, et je retrouve tout ce que je n'aime pas ici quand il épaule Janin. Il appuie trop sur le trait, ajoutant des micro détails inutiles. Le seul encreur qui convient à Janin est Hugo Petrus, mais je ne sais pas où il est passé. Le résultat ici ne me convainc pas : ce n'est pas affreux, mais c'est lourd.

Guimaraes s'en sort mieux car il respecte la palette qu'utilise Janin lui-même et aussi parce qu'il est plus discret dans son apport. Toutefois, quand Janin est seul aux commandes, on renoue avec l'élégance des numéros précédents, leur ambiance à la fois trouble et précise, son trait si maîtrisé. Janin a voulu s'occuper de tout sur ses épisodes, augmentant sa charge de travail, et je pense qu'il serait plus avisé d'abandonner au moins la colorisation pour se passer d'encreur.

Quoiqu'il en soit, le prochain épisode promet beaucoup. Impossible de prévoir comment cet arc va se conclure, mais il demeurera une réussite absolue.

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