dimanche 2 mars 2025

FML #4 (of 8) (Kelly Sue DeConnick / David Lopez)


Riley et sa bande ont découvert dans la forêt le corps de Cort Sumner. L'homme dont sa mère, Patricia, a toujours été convaincu qu'il était l'assassin de sa meilleure amie Kat. Ce rebondissement remet tout en question : pour Patricia et ses amies qui espéraient le faire arrêter, mais aussi pour Riley et son groupe qui se voit proposer d'ouvrir le Heavy Fest parce que, désormais, ils ont une réputation sulfureuse...


A quoi reconnaît-on un bon scénario pour une mini-série ? Il y a bien des réponses possibles à cette question, mais il me semble que lorsque le scénariste, arrivé à mi-parcours de son histoire, trouve un twist qui rebat les cartes et donne donc simplement envie au lecteur de poursuivre la lecture, c'est qu'il a bien fait son boulot.


Et c'est ce qu'accomplit Kelly Sue DeConnick ici. Jusqu'alors FML était une histoire foutraque, drôle et parfois émouvante sur un gamin qui s'était transformé en monstre, ce qui ne perturbait personne à part lui, et de sa mère qui était hantée par la mort suspecte de sa meilleure amie d'enfance, alors même qu'elle allait rencontrer son meurtrier présumé à un festival littéraire.


Il y a encore des moments très rigolos et complètement absurdes dans FML #4, comme les retrouvailles de Riley et son père, revenu en catastrophe après avoir appris l'arrestation des on fiston et la mort de Cort Sumner, mais qui est lui aussi à peine surpris par la transformation de son rejeton - il trouve juste qu'il a bien grandi depuis la dernière fois où il l'a vu !


Ou encore ce moment lunaire mais où tout bascule en vérité où Patricia déboule au commissariat pour en faire sortir son fils et ses amis pendant que Amy, leur avocate, fait la leçon aux flics et à leur supérieur sur ce qu'ils reprochent aux jeunes. Juste avant d'apprendre la mort de Cort Sumner dont le cadavre vient d'être retrouvé dans la forêt voisine.

Kelly Sue DeConnick et David Lopez, au dessin, jouent à merveille cette partition. Lopez s'amuse même à expérimenter graphiquement avec des pages non encrées et non colorisées, dans un style évoquant les crobards qu'on peut faire dans un journal intime ou les marges d'une planche, pour souligner ces instants suspendus et comiques.

Lopez n'hésite pas non plus à forcer les expressions des visages et les attitudes, la gestuelle, de façon très théâtrale, pour solliciter la complicité du lecteur et lui faire comprendre que de toute manière, jusqu'au bout, FML restera un projet zinzin, loufoque, en marge. Ce n'est pas sérieux. Jusqu'à ce que ça le soit, jusqu'à ce que les auteurs le décident.

Et justement dans cet épisode, il y a donc un renversement de situation. Quelles vont être les conséquences de la mort de Cort Sumner ? Pour Riley et sa bande, elles sont immédiates : le Heavy Fest leur ouvre grand ses portes en surfant sur le fait divers auquel ils sont mêlés et qui va donc faire une publicité monstre au groupe et à l'événement.

Cela interroge les jeunes qui refusent de profiter de cela pour être connu - une marque d'intégrité pour des musiciens et des ados plus mûrs qu'il n'y paraît. Même si Riley ne peut cacher sa déception... Et Pour Patricia et ses copines ? Cela conduit au cliffhanger de l'épisode qui remet une pièce dans la machine en dévoilant un secret sur Kat et Amy.

Polar loufoque, coming-of-age story, FML est tout ça à la fois et plus encore. C'est un authentique ovni et un sacré pari qui n'a peur de déboussoler le lecteur. Mais si vous êtes joueur, si vous avez envie de rigoler et de vibrer, si vous appréciez les expériences freestyle, alors c'est une mini série jouissive, complétement imprévisible. Une vraie récréation.

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