D'un côté, Black Canary et Sin affrontent la ligue des assassins dans la maison où elles se sont retirées pour mieux attirer l'ennemi, avec Oracle et ses drones en soutien. De l'autre, Big Barda et Batgirl secourent John Constantine dans la dimension magique où il a été piégé par Barter et ses golems...
Voilà un épisode, le dernier de cette série que je lirai puisque j'ai décidé d'arrêter les frais avec Birds of Prey, qui aurait de quoi donner des regrets à n'importe qui. Parce que, tout simplement, il est très bon et il est ce qu'aurait dû être cette série depuis le début si Kelly Thompson n'en avait pas fait n'importe quoi. Et si DC, pour une fois, avait veillé un peu plus au grain.
Alors, bon, Birds of Prey va continuer, la série n'est pas menacée, elle doit réaliser d'assez bonnes ventes pour ne pas risquer d'annulation, et quelque part, c'est une bonne chose. Parce que ça prouve qu'il n'y a pas (plus ?) de signe indien sur les team books féminins alors que Marvel et DC nous ont serinés pendant des lustres que des titres exclusivement avec des héroïnes, ça ne marchait pas.
En outre, ça permet à des personnages d'exister autrement ou de façon plus autonome. Black Canary n'est pas condamnée à être la partenaire de Green Arrow ou un membre de plus dans Justice League Unlimited. Batgirl (Cassandra Cain) a même droit à sa propre série à nouveau. Et Big Barda tient les premiers rôles dans The New Gods actuellement.
Mais tout de même, que de regrets ai-je en cessant cette série ! Tout avait plutôt bien commencé : Kelly Thompson renouait avec Leonardo Romero et ces deux-là avaient laissé de très bons souvenirs aux fans de Hawkeye. Le premier arc, réalisé par ce duo, laissait entrevoir de très belles choses. Puis patatras ! Tout s'est lamentablement cassé la gueule et ce fut un long et pénible naufrage.
Romero parti, la partie graphique a vu défiler des artistes allant du bon au très mauvais. Mais le pire, ce furent les intrigues débiles assénées par Thompson, qui semblait se moquer ouvertement des personnages, de leurs histoires, du lecteur surtout. Jusqu'à ce diptyque...
Parce que, là, miraculeusement, la scénariste paraît avoir retrouvé la raison ; un petit arc en deux numéros, efficace, simple, bien caractérisé. Le genre de récit qui aurait fait de Birds of Prey la réussite espérée, attendue, si Thompson s'était montrée rigoureuse. Et si elle s'en était tenue aux personnages qu'elle préférait, sans en rajouter dans la fantaisie trop appuyée.
Il est certain que, quand elle s'en donne la peine, Thompson anime ses héroïnes avec savoir-faire et le lecteur prend plaisir à observer leurs interactions. Par exemple le tandem Big Barda-Batgirl, c'est une trouvaille inspirée et qui fonctionne parfaitement, mais qui a trop souvent été noyé dans des histoires sans intérêt où leur complicité ressemblait plus à un gimmick grossier.
Le trio Black Canary-Oracle-Sin marche aussi du tonnerre, si tant est que Thompson ne le parasite pas avec des membres surnuméraires et inutiles. Cette formation resserrée des Birds of Prey est la meilleur parce qu'elle suffit mais aussi, surtout, parce qu'elle empêche la scénariste de se disperser. Ces deux derniers épisodes brillent par leur concision et leur dynamisme.
Les cinq filles n'ont pas besoin, sous la plume de Thompson, de plus de membres. Elles agissent plus harmonieusement, l'adversité qu'elles rencontrent aboutit à de l'action plus nerveuse, et leurs missions sont plus directes. C'est cela qu'il fallait à Birds of Prey. Des arcs narratifs qui ne laissent pas de creux et soulignent les liens entre les membres de l'équipe. En y dérogeant, la série s'est perdue et sa scénariste aussi.
Enfin, si Romero n'a jamais été vraiment remplacé, et malgré les interventions réussies de Javier Pina par exemple, le dernier regret, c'est de voir arriver Juann Cabal si tard alors qu'il est taillé pour le job. Pourtant il ne va pas rester sur le titre (Sami Basri revient dès le #20) et c'est incompréhensible parce que Cabal, en perdition chez Marvel, renoue avec son meilleur niveau ici.
Son découpage est inspiré, énergique, inventif, avec pourtant des idées toutes simples (comme des cadres classiques pour la partie avec Black Canary et Sin et d'autres jouant avec les tangentes pour la partie avec Batgirl, Barda et Constantine). N'empêche, Cabal maîtrise ça à la perfection et on le sent enthousiaste dans ce genre d'expérimentation.
Ensuite, comme c'est un dessinateur qui a revendiqué l'influence de Kevin Maguire, on apprécie l'expressivité de ses personnages, aussi bien dans les visages que dans leur gestuelle. Tout cela contribue à rendre le récit très vivant, et surtout bien plus soigné qu'à l'ordinaire. Pourquoi DC ne le laisse-t-il pas sur ce titre ? A moins que l'éditeur ait d'autres projets pour lui - croisons les doigts.
Ce sera donc bien, malgré tout, mon dernier épisode. Je ne veux pas risquer une nouvelle déception en accordant une énième chance à cette série, compte tenu de ce qu'a montré Kelly Thompson depuis 19 épisodes. Mais si j'avais eu la garantie qu'elle se reprenne comme ces deux derniers mois et que Cabal soit resté, là, j'aurai sérieusement réfléchi à ce renoncement.
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