vendredi 21 mars 2025

THE NEW GODS #4 (of 12) (Ram V / Evan Cagle, Bernard Chang)


Autrefois. Lors de la fondation de New Genesis, Izaya le Haut-Père demande à Himon de lui produire une boîte-mère géante pour la placer au coeur de la cité... Aujourd'hui, la ville est sous le feu de l'attaque de l'armée de Karok Ator. Cependant, Mister Miracle, Big Barda et Oberon ont retrouvé l'enfant-dieu...


Bon, on va se dire les choses franchement : le précédent épisode de The New Gods nous avait un peu laissés sur notre faim. Avec son long flashback sur les anciens dieux, l'intrigue semblait avoir été mise entre parenthèses et comme Evan Cagle n'avait signé qu'une poignée de planches, c'était frustrant. Pas mauvais ou décevant. Frustrant.


En même temps, Ram V avait prévenu : non Evan Cagle ne pourrait pas assurer 20 pages mensuelles, et il est vrai qu'avec les planches qu'il produit, avec le niveau de détails qu'il y met, on comprend. Entre outre, Riccardo Federici remplissait très bien son rôle de quasi fill-in. Non, l'épisode avait de l'allure, mais c'était comme s'il avait été pensé pour permettre à Cagle de reprendre son souffle.


Mais nous voilà rassurés après avoir lu ce quatrième épisode : non seulement, l'intrigue reprend son cours, l'artiste invité livre seulement les planches introductives, et Cagle assure le reste, magistralement. C'est cependant sans doute un pli à prendre : il faut s'attendre à ce que The New Gods, régulièrement, suspende le cours de son récit.


Donc : si vous n'êtes pas disposé à accepter cela, attendez simplement que la mini-série soit disponible en album (le premier trade paperpack sortira en vo en Juin prochain, ça vient de tomber dans les sollicitations de DC - est-ce que Urban Comics va aussi traduire ça en deux tomes ? J'espère pas, mais bon, on verra).

Donc (bis) : New Genesis est entrée en guerre. Après avoir terrassé Apokolopis, Karok Ator s'en prend maintenant à l'autre planète des Néo-Dieux. Izaya, le Haut-Père, contemple la bataille aux côtés de Lightray et de Rah-Houw, étrangement passif. Shadowfall, l'archer, balaie la première vague de soldats ennemis.

Pendant ce temps, sur Terre, Mister Miracle, Big Barda et Oberon ont sauvé des mercenaires de Maxwel Lord l'enfant-dieu. Mais Orion arrive pour accomplir sa funeste mission. Il va y avoir de la castagne dans l'air...

Disons-le tout net : cet épisode est jouissif et splendide. Dès la scène d'ouverture, dessinée par l'excellent Bernard Chang (dans un style plus classique), et au cours de laquelle on a droit à une pleine page sur la boîte-mère au coeur de New Genesis (voir image plus haut), on ronronne de plaisir devant tant de beauté.

La suite, entièrement de la main de Evan Cagle, éblouit. L'artiste sort des pages insensées, la bataille de New Genesis est grandiose et les pouvoirs de Shadowfall sont spectaculaires. C'est littéralement à tomber parterre de beauté. Rien que pour ça, on doit pardonner à Cagle de ne pas pouvoir enchaîner les épisodes. Aucun artiste ne pourrait livrer de tels épisodes chaque mois.

Ram V donne du biscuit à son dessinateur et sa narration est beaucoup plus simple, directe, qu'à l'accoutumée. J'ai sur ce scénariste une opinion mitigée : parfois, il écrit des choses exceptionnelles (Toutes les morts de Laïla Starr), parfois ça me tombe des mains, parfois encore il donne dans le classicisme absolu (Catwoman).

Mais à mon avis c'est quand, comme ici, il épure son écriture, qu'il y va franco, qu'il s'abandonne au pur langage du comic super-héroïque, qu'il est à son meilleur. On sent bien que ce n'est pas son inclinaison naturelle, qu'il a envie de prouver. Mais son érudition et son envie d'évoquer tout un tas de mythologie pour enrichir celle de Kirby peuvent alourdir son propos.

Néanmoins, je crois surtout que, un peu comme Tom King, c'est quand il arrive à être elliptique, sobre, que Ram V est au top. Il n'a en vérité rien à prouver. C'est quand il reste suggestif et précis (comme dans Laïla Starr et Catwoman) qu'il est le plus abordable. Tout le côté explicatif est surnuméraire. Même s'il a envie d'en parler, ça ne doit pas être au centre.

Dans l'autre partie de l'épisode, il appuie aussi franchement sur l'accélérateur en opposant déjà Orion à Mister Miracle (et Big Barda). On n'attendait pas la confrontation si tôt, mais ça aurait plutôt tendance à me faire penser que Ram V va vite parce qu'il en a sous le pied, que sa mini-série ne va pas se contenter d'être d'un côté un récit de guerre et de l'autre deux missions contraires.

En tout cas, là aussi, Cagle montre toute l'étendue de son talent : l'expressivité des personnages, l'éloquence de leur gestuelle, le dynamisme de ses compositions, l'énergie de son découpage participent à fond au plaisir de la lecture. C'est puissant, c'est entraînant, par un très grand dessinateur, débridé.

Il y a quelque chose d'atypique et de grisant dans The New Gods, la manifestation des fameux Kirby crackles. Et on n'en est qu'au tiers de l'aventure. Mais quand ça fonctionne si bien en singles issue, alors une fois rassemblés en albums, la série sera un régal.

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