jeudi 27 mars 2025

JUSTICE LEAGUE UNLIMITED #5 (Mark Waid / Dan Mora)


Wonder Woman, Supergirl, Flash, Impulse, Green Lantern, Star Sapphire et Thunderlord assurent la sécurité d'un sommet du G20 lorsque Inferno téléporte tout ce beau monde dans une dimension parallèle. Au même moment, Batman et le Limier Martien consultent Atom pour que J'onn J'onzz récupère ses pouvoirs...


Y a-t-il quelque chose que le lecteur de comics déteste plus qu'avoir le sentiment qu'on se paie sa tête ? J'en doute. Aussi suis-je étonné que cela se produise avec le cinquième numéro de Justice League Unlimited, une série que DC a vendue avec beaucoup de conviction et confiée à un scénariste aguerri comme Mark Waid et un artiste aussi apprécié que Dan Mora.


Le mois dernier, j'exprimai, au sujet du précédent épisode de cette série, ma frustration en voyant un tel casting de personnages confrontés à des situations aussi peu excitantes qu'éteindre des méga incendies dans la forêt amazonienne. Mais j'avais quelque espoir que cela soit corrigé avec la promesse faite en fin de chapitre qu'on allait apprendre qui se cachait derrière Inferno.


Las ! Mark Waid se tire tout seul, comme un grand, une belle balle dans le pied, soutenu par DC qui n'a même pas veillé, via l'editor de la série, Paul Kaminski, à ce que la couverture spoile l'identité des méchants. Mais est-ce le seul souci de cet épisode - et par extension de la série ? A l'évidence : non. Et voilà, à mes yeux, pourquoi.


Entamer un crossover après à peine cinq mois de publication est pour le moins précipité, mais bon, tant qu'à faire, une fois que le nom des vilains est connu, pourquoi attendre et donc dès Avril, on va avoir droit à une histoire qui se déroulera dans les pages de Justice League Unlimited et Batman/Superman : World's Finest pour raconter ça, sous le titre We are Yesterday.

J'ignore en écrivant ces lignes si je vais suivre ce crossover. D'un côté, la raison me dit de ne pas le zapper parce qu'il va sûrement s'y passer des choses importants pour le futur. De l'autre, je dois bien avouer que la perspective de me taper une saga en six épisodes sur deux mois ne me ravit guère, surtout vu comme cela a été amené.

Mais, on verra ça plus tard. Revenons à cette impression de foutage de gueule en bonne et due forme. Si on estime Justice League Unlimited en fonction de sa présentation, il s'agit donc d'une incarnation de la Justice League englobant tous les héros possibles de DC. Vu le catalogue de l'éditeur, ça fait du monde et ça en fait surtout l'équipe la plus polyvalente et puissante jamais vue.

Pourtant qu'a-t-on vu depuis cinq mois ? Pratiquement toujours les mêmes personnages, en particulier les vedettes de le Justice League. Il y a bien eu quelque surprises comme Dr. Occult ou, cette fois, Thunderbolt (un membre des Global Guardians, groupe dont le concept précède celui de cette JLU), mais c'est finalement très mineur.

Toutefois, là n'est pas le seul souci. En principe donc, la JLU devrait disposer d'un effectif tel qu'elle ne soit jamais à court de personnel, quelle que soit la crise à affronter. Mais ce n'est pas le cas : pratiquement chaque fois qu'une menace surgit, on voit Mr. Terrific et Red Tornado, qui sont chargés d'envoyer les héros en mission, paniquer en appelant des renforts...

Dans cet épisode, alors que Wonder Woman, Flash, Supergirl, Impulse, Star Sapphire, Green Lantern et Thunderlord disparaissent avec une vingtaine de chefs d'Etats dans une dimension parallèle, Mr. Terrific appelle à l'aide Superman, Shazam et Firestorm puis Zatanna, Blue Beetle, eux aussi accaparés ailleurs. Et... C'est tout ! Visiblement, cette ligue des justiciers infinie n'est pas si infinie que ça, loin de là...

Les autres héros doivent avoir piscine ou avoir coupé leur communicateur. Je suis sarcastique, mais comment ne pas l'être devant le ridicule de la situation ?

Pendant, en tout cas, que les dirigeants sont coincés avec leurs super-héros chargés de les protéger dans une dimension parallèle, Batman et le Limier Martien sont avec Atom - ces trois-là ne sont apparemment pas concernés par l'appel de Mr. Terrific qui a besoin de renforts - qui cherche comment rendre ses pouvoirs à J'onn J'onzz (c'est son job dans la série spin-off JLU : The Atom Project).

Et voyez comment les choses sont bien faîtes, celui qui a récupéré les pouvoirs du martien se trouve avec les prisonniers du G20. Narrativement, c'est pratique, mais la coïncidence a de quoi faire ricaner tellement al ficelle est grosse. Elle est surtout indigne d'un scénariste comme Waid. Mais ce dernier a renoncé à la finesse car en plus c'est un vilain qui possède les pouvoirs de J'onn J'onzz.

Et ça nous amène à la révélation de l'identité d'Inferno et de ses membres. Je ne spoile rien puisque la couverture s'en charge à ma place : Inferno, c'est la Legoin of Doom. Ce reliquat du run de Scott Snyder sur Justice League va donc faire son retour pour le crossover We are Yesterday (voir ci-dessous les couvertures connectées pour la fin de cette histoire).


D'habitude plutôt habile pour préserver ses surprises, DC a donc cette fois décidé de se la jouer comme Marvel en dévoilant tout aux fans. Alors, bien sûr, reste à voir comment Waid va orchestrer tout ça, ce qui en restera à la fin du crossover, l'impact sur la JLU, etc. Mais bon, le procédé gâche déjà une grosse partie du projet.

Ce sont tous ces éléments, lâchés là comme ça, qui me font l'effet d'un foutage de gueule. Je n'aime pas ça et je me demande bien qui peut s'en réjouir. Que Mark Waid recycle du Scott Snyder, en ressortant Perpetua, la Legion of Doom, le Batman-qui-rit ne peut qu'étonner (tout ça date quand même de 2020, souvenez-vous, c'était avant le Covid !). J'aimai bien, mais fallait-il rouvrir ce dossier ?

Oh, Justice League Unlimited n'est pas nul. Mais soyons lucides : est-ce que cette série aurait le même attrait sans Dan Mora ? L'artiste aimante les regards et il est devenu un argument de vente redoutable. Waid doit en avoir conscience, lui qui jure désormais ne plus vouloir se passer de lui. Mais j'ai mes doutes.

Et mes doutes concernent le talent des deux partenaires sur un team-book. A part Fantastic Four, je n'ai jamais trouvé que Waid brillait franchement dans ce genre d'exercice (ses Avengers étaient très moyens, ses Champions calamiteux chez Marvel, et dans le temps, son bref passage sur JLA n'avait guère consolé ceux affligés du départ de Grant Morrison).

Idem pour Mora. C'est un dessinateur phénoménal pour des raisons qu'on peut répéter encore ici - sa force de travail, son aisance technique - mais chaque fois qu'il doit mettre en scène un important groupe de personnages, son découpage souffre d'un manque de fluidité et de lisibilité. Mora est très doué, mais il n'est pas Stuart Immonen ou Valerio Schiti par exemple.

Je préfère nettement Waid sur Batman and Robin : Year One actuellement ou Mora sur Superman récemment. Là, oui, ils sont au top. Mais sur JLU, j'ai cette impression tenace qu'ils sont embarrassés, l'un par le concept même de la série, l'autre par son dispositif. Le résultat, c'est une lecture plaisante sur le moment mais qui ne résiste pas à la critique.

Mora ne dessinera aucun épisode du crossover et donc, pendant deux mois, on ne verra que des couvertures, aucune page intérieure de sa part, ce qui est assez exceptionnel pour quelqu'un avec son abattage. Waid, en revanche, multiplie les projets, ce qui confirme sa forme retrouvée, pas forcément sa bonne inspiration (sans compter l'effet de saturation que cela risque de provoquer).

Ce que je pense faire, c'est lire quand même We are Yesterday, mais n'en faire éventuellement une critique que lorsque ce sera terminé. Alors, j'aurai assez de recul pour juger de sa qualité, mais aussi pour savoir si j'ai envie de poursuivre Justice League Unlimited. Mais c'est le seul avantage que je trouve à ce break alors que le retour de la ligue des justiciers était si prometteur...

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