vendredi 28 mars 2025

THE BIG BURN #3 (of 3) (Joe Henderson / Lee Garbett)


Avec l'aide d'un ami infirmier de Carlie, cette dernière, Owen, Ava et Diego sont temporairement mis en arrêt cardiaque. Le moyen pour le gang d'accéder à l'Enfer où il compte braquer le Diable et récupérer leur âmes. Mais évidemment le Diable, averti par Harold, sait qu'ils arrivent et les confrontent à leurs démons intimes.


Toutefois, Owen et Carlie réussissent à créer une diversion pour accéder au bureau du Diable. Vont-ils réussir leur improbable casse ?


Il a fallu être très patient pour lire le dénouement de The Big Burn puisque le précédent épisode était sorti en Novembre 2024. Et avant d'aller plus loin, on peut se demander si DSTLRY, cet éditeur qui offre non seulement une totale liberté artistique à ses auteurs mais qui en fait aussi des actionnaires, n'est pas en train de glisser vers ce qui mine souvent les productions Image Comics.


A savoir que, si certains réussissent à livrer leurs épisodes et boucler leurs séries en temps et en heure, d'autres prennent vraiment leur temps et n'hésitent pas à faire poireauter le lecteur. Si encore le résultat final est à la hauteur des attentes, bon, je n'y vois pas de problème : c'est frustrant, mais ce n'est pas non plus la fin du monde. Par contre, gare aux déceptions pour le final d'un récit.


Ne vous méprenez pas : je ne suis pas en train de vous préparer en annonçant finalement que ce dernier épisode de The Big Burn ne vaut pas les deux précédents. Mais il est certain que DSTLRY devra à un moment ou à un autre faire un vrai boulot d'editor au risque de commencer la publication de titres que certains lecteurs n'auront pas la patience d'attendre pendant des lustres.
 

Par exemple, un projet comme The City beneath her feet de James Tynion IV et Elsa Charretier a démarré en Décembre dernier et le deuxième épisode n'est prévu que pour le 25 Juin prochain, puis le troisième et dernier en Septembre ! Que se passe-t-il ? Zéro communication de la part de DSTLRY ou de l'équipe Tynion-Charretier. Moi, j'ai décidé d'arrêter d'attendre et j'achèterai le TPB direct.

Je ne m'explique pas davantage le délai entre The Big Burn #2 et #3. Joe Henderson n'écrit rien d'autre et Lee Garbett n'a signé que quelques variant covers entre temps. Par contre ni l'un ni l'autre ni leur éditeur n'a jugé bon d'informer le lecteur des raisons des retards de la série. Ce n'est pas respectueux (même si on a vu pire, par exemple avec Isola de Karl Kerschl et Brenden Fletcher, en stand-by depuis... 2020, et que Kerschl s'amuse ailleurs, tout en promettant de s'y remettre un jour...).

Mais revenons à nos moutons. Ou plutôt à nos braqueurs engagés dans le coup du siècle : commettre un casse en Enfer avec pour butin leurs âmes vendues au Diable. Un pitch vraiment génial et que Joe Henderson a su développer de main de maître. Pour quelle conclusion ? Je ne vais évidemment pas vous révéler comment cela se termine. Mais...

... C'est excellent ! Henderson a su trouver le moyen de dénouer tout ça de façon très intelligente et surtout très malicieuse. Oserai-je dire "diabolique" ? Presque. Il manque pour cela quelque chose de retors, comme si le scénariste s'était un peu bridé tout seul, n'avait pas osé quelque chose de transgressif. On reste dans les clous du polar mâtiné de fantastique.

La lecture s'avère donc très divertissante, mais manque un peu de piment. C'est un peu l'autre revers de la médaille des comics DSTLRY : avec leur format long d'une quarantaine de pages par épisode, le rythme est considérablement différent d'un floppy ordinaire où au bout de vingt pages il faut trouver un cliffhanger accrocheur pour donner envie de revenir.

Les séries DSTLRY s'apparentent à des volumes franco-belges, avec leur pagination, et s'il est appréciable de voir un scénariste profiter de cette longueur pour creuser la psychologie, définir les enjeux, on constate que souvent les auteurs ont du mal à bien finir. Ou plus exactement à finir aussi fort qu'ils ont commencé.

C'était le cas avec Somna, avec Time Waits, et c'est encore le cas ici : à chaque fois on entre dans une histoire aux prémisses très fortes, très prometteuses, puis le deuxième épisode exploite ce point de départ assez efficacement, mais à la fin on a le sentiment que ça aurait pu être mieux, plus intense, plus accrocheur. 

En vérité, on peut se demander si le fait de découper ces séries en trois numéros ne joue pas contre elles. Je suis convaincu que si Somna, Time Waits et The Big Burn étaient directement sortis en albums, en récit complet, l'impression de perdre en puissance ne serait pas aussi frustrante. De ce point de vue, il me semble que c'est ce qu'ont compris Ed Brubaker et Sean Phillips qui désormais conçoivent leurs projets en graphic novel.

L'autre avantage, c'est qu'on a pas à attendre des mois entre chaque numéro. Brubaker et Phillips livrent leurs romans graphiques directement, le fan sait qu'il faudra ensuite attendre le prochain quelques mois sans trépigner. Même au niveau du prix, c'est plus digeste, parce qu'avec ses fascicules luxueux, DSTLRY en rebute beaucoup qui refusent de débourser presque 3 x 9 $ pour une mini-série (et plus encore une fois collectés en album).

Je vais être rapide sur la prestation de Lee Garbett car, même si j'apprécie ce dessinateur, je trouve que ce qu'il a produit sur ce dernier épisode est plutôt décevant. S'il a réellement passé cinq mois là-dessus, alors ça ne se voit pas sur la planche. C'est aussi simple que ça. Les décors sont fréquemment absents, le découpage abonde en doubles pages (certes jolies pour la plupart), et les personnages sont souvent sommaires (niveau expressivité, gestuelle) tout comme les compositions.

Quand on compare ce que Garbett a fait sur The Big Burn avec sa précédente collaboration avec Henderson (Skyward - je ne compte pas Shadecraft, qui n'a tenu qu'un arc avant d'être annulée, hélas !), c'est en dessous. On était en droit d'espérer des planches de qualité supérieure, surtout pour le final. Ce n'est pas le cas.

Bref, c'est clairement la mini DSTLRY la plus mineure que j'ai lue. Avec un tel pitch, il y avait moyen de faire tellement mieux. Henderson et Garbett semblent ne pas s'interdire de faire une suite si on en croit le dernière page avec ce "The End" suivi d'un "? ". Mais il faudra pour cela élever leur niveau et ne pas se contenter d'une bonne idée.

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