samedi 22 mars 2025

G.I. JOE #5 (Joshua Williamson / Tom Reilly)


Prisonniers de Cobra, les G.I. Joe's sont sauvés d'une mort certain par Clutch qui est infiltré dans les rangs de l'organisation criminelle. Cependant, le Cobra Commander pousse le Pr. Menov à actionner son scanner même si le scientifique préférerait le tester avant...


Le mois prochain s'achèvera ce premier arc de G.I. Joe et le cliffhanger de cet épisode promet une bataille au sommet entre les bons et les méchants. Après ça... Hé bien, on peut légitiment se poser la question de la progression d'une telle série qui, si elle est éminemment divertissante, est tellement premier degré qu'elle devra être plus que ça pour durer.


Je ne regrette pas d'avoir suivi ma lecture mois après mois. Lire G.I. Joe est un plaisir simple, d'aucuns diront que c'est un plaisir coupable, mais je n'ai jamais ressenti de honte à lire un comic-book, même un peu bas du front, un peu manichéen. C'est une façon d'écrire, de dessiner, de raconter une histoire et ni les auteurs ni les lecteurs n'ont à en rougir.


Cependant, il est indéniable qu'il manque encore un truc en plus pour que G.I. Joe soit une très bonne série. Ce quelque chose qui pourrait en faire le SHIELD d'Image Comics, une série d'espionnage et d'action de belle facture, qui fasse oublier son statut d'adaptation d'une ligne de jouet. Ce sera sans aucun doute le plus gros défi qui attend Joshua Williamson.


Cet épisode résume parfaitement ce qui fait la qualité mais aussi la faiblesse de la série. Le rythme est impeccable, les personnages ne manquent pas d'attrait, il y a un univers bien établi. Mais il y a aussi quelque chose de globalement trop sommaire, trop expéditif, trop basique pour que la sauce prenne vraiment et transporte le lecteur plus haut.

Il y a une scène dans le dernier tiers de l'épisode qui pourrait concentrer tout ça : les G.I. Joe's réussissent à s'enfuir du quartier général de Cobra. Ils viennent de causer pas mal de dégâts dans les rangs ennemis et leurs ennemis sont à la ramasse. Sauf leur chef, Destro, qui n'entend pas les laisser filer aussi facilement.

Destro saute dans un hélicoptère et part à la poursuite des Joe's. Maintenant regardez bien la dernière page qui illustre cette critique et dîtes-moi s'il n'y a pas quelque chose qui vous fait marrer. Les hélicoptères à bord desquels se trouvent d'un côté les Joe's et de l'autre Destro, ce sont de jouets, des figurines qui semblent sorties de leur emballage par un enfant à qui ils ont été offerts.

C'est ça, la grosse faiblesse de G.I. Joe. Soudain, la série nous replonge dans ce qu'elle est initialement : une gamme de jouets, quelque chose de trop naïf pour être pris au sérieux. C'est involontairement comique, mais ça vous sort de l'histoire, cette esthétique toc. Sauf si vous réussissez à faire abstraction de cet élément, c'est impossible de garder le focus sur l'important : la crédibilité.

Joshua Williamson savait évidemment à quoi il serait confronté en acceptant ce job et Robert Kirkman a sans doute convenu avec Hasbro de lui céder les droits pour en faire une nouvelle série de comics. Je n'ai pas lu ce que Daniel Warren Johnson a fait de Transformers, mais ce doit être le même challenge. Pour ma part, ça a été une bascule, le moment où je suis sorti de l'histoire.

Qu'il n'y ait pas de malentendu : la suspension de crédulité est une donnée à part entière dans les comics. Quand on lit du super-héros, il faut accepter que les personnages se promènent en justaucorps avec des masques, des capes. Ici, c'est pareil. Sauf que c'est aussi une question d'habitude : avant cette série G.I. Joe, je n'étais pas familier de cet univers et ça fait toute la différence.

Je lis du super-héros depuis plusieurs décennies, je ne vois plus le problème des costumes, des masques, des capes, des super-pouvoirs. Par contre, quand je vois des engins comme ces hélicos, je ne vois plus que des jouets redessinés pour un comic-book, et j'ai beaucoup plus de mal. Je peux prendre du plaisir sur d'autres points du récit, mais là, vraiment, ça coince.

Finalement, Kirkman a été le plus malin en créant sa propre série originale, Void Rivals, au sein de cet Energon Universe : contrairement à Williamson et Johnson, il n'a pas à composer avec l'aspect le plus kitsch de G.I. Joe et Transformers. Void Rivals n'est pas exceptionnel, mais on peut le lire sans être gêné par ça.

Ajoutez à cela qu'à partir du #7, Tom Reilly passe la main à un nouvel artiste, Andrea Milana, que je ne connais pas, mais quand même la série va perdre à mon avis beaucoup car Reilly a été une vraie révélation sur Duke et ce premier arc de G.I. Joe. Difficile de passer après, même s'il a beaucoup donné et qu'on peut comprendre qu'il ait besoin de souffler.

D'ailleurs, les planches qu'il livre sont une fois de plus excellentes, avec un découpage très énergique, des compositions maîtrisées. Encore une fois, même si j'ai eu une hésitation à un moment, je ne regrette pas d'avoir lu cet arc mensuellement. Toutefois, je ne pense pas continuer ainsi pour la suite. La suite, ce sera en trade paperback, si les previews me convainquent visuellement.

Pour être parfaitement honnête, il y a aussi le fait que G.I. Joe sort la même semaine chaque mois que beaucoup d'autres titres que je suis. C'est un programme chargé qu'il ne me déplairait pas d'alléger d'un ou de deux floppies, histoire de rester motivé, investi, et aussi de dépenser moins - surtout qu'avec l'agent orange à la Maison-Blanche, la menace que le prix des comics augmente est réelle...

Donc, le mois prochain, fin du premier acte de G.I. Joe et fin aussi de mes critiques mensuelles sur cette série. 

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