dimanche 29 septembre 2024

ZATANNA : BRING DOWN THE HOUSE #4 (Mariko Tamaki / Javier Rodriguez)


Prise entre deux feux, Zatanna a pu compter sur John Constantine pour lui offrir une échappatoire. Il l'emmène donc à Paris pour une nuit d'amour.. Mais au matin, Constantine explique comment et pourquoi il a fait la connaissance de Zatanna dans leur jeunesse. Des aveux qui vont convaincre la magicienne d'assumer son rôle et de ses préparer à la plus importante des batailles...


Le mois prochain sortira le dernier épisode de Zatanna : Bring Down the House, et DC pourra dire merci à Mariko Tamaki pour avoir produit cette histoire. D'abord parce qu'elle a rencontré le public, les chiffres de vente ont surpris l'éditeur, dépassant même ceux de Superman et s'approchant de ceux de Batman.


Ensuite, il faut croire ensuite que d'autres auteurs avaient envie de revoir Zatanna sur le devant de la scène puisqu'elle a eu un rôle dans l'event Absolute Power, notamment dans les tie-in consacrés à Superman (écrits par Joshua Williamson et dessinés par Jamal Campbell).


Enfin, parce que, selon le site Bleeding Cool, souvent bien informé, DC réfléchirait désormais à redonner un mensuel à Zatanna en 2025. Avec la même équipe artistique ? Ce serait parfait, même si Tamaki se montre plus à l'aise avec ce genre de séries limitées et que Javier Rodriguez n'est pas un dessinateur capable d'enchaîner les épisodes  (en assumant dessin, encrage et colorisation).


On verra. Mais on retiendra surtout que Zatanna : Bring Down the House aura été une des meilleures lectures provenant de Dc en 2024. Pour ce qui concerne cet épisode, disons qu'il est surtout parfait pour servir de rampe de lancement pour le prochain, en donnant au lecteur des informations qui lui manquaient encore et lui permettent de mesurer l'ampleur du combat qui attend l'héroïne.

On a donc droit à un numéro majoritairement explicatif avec John Constantine qui affranchit Zatanne et le lecteur sur les tenants de ce qu'elle traverse en ce moment. L'intention de Tamaki avec cette mini était claire : elle voulait visiblement en finir avec les origines traumatisantes de la magicienne et solder cette affaire qui la lie à son père, Giovanni Zatara. Avec la réponse à la question : la fille a-t-elle vraiment tué son père ?

Et la réponse de la scénariste est à la fois ferme et habile. Non, Zatanna n'a pas tué son père. Et non, Giovanni Zatara n'est pas mort. Ce dernier a basculé du côté obscur de la magie en commettant le péché suprême : voler la magie des autres et ce jusqu'à plus soif. Zatanna est donc la dernière grande magicienne à qui il veut s'en prendre.

Mais comment Zatanna a-t-elle pu passer sous le radar de son père depuis tout ce temps ? Je ne vais pas spoiler mais Mariko Tamaki se montre une nouvelle fois très inspirée sur ce sujet. C'est toute la qualité de cette série que de ne jamais se départir d'une vraie légèreté sans prendre le lecteur pour un gogo. Pour ma part, j'ai trouvé que la solution qu'elle propose a un vrai charme, quelque chose de délicieusement malicieux, dans la mesure où elle était sous notre nez depuis toujours.

Quant au lien romantique entre Zatanna et Constantine, il est merveilleusement résumé. Tamaki respecte le côté manipulateur de Constantine mais le nuance avec une dose de sentimentalisme qui valide l'amour sincère qu'il porte à Zatanna sans que celle-ci ne soit que la jolie fille aimable. En somme, on garde ce pour quoi on aime ces deux personnages séparément mais aussi ensemble. Désolé, si j'ai l'air de faire des périphrases mais je veux éviter de trop en dire pour que, quand vous lirez cette histoire, vous puissiez apprécier les efforts de la scénariste.

Visuellement, c'est toujours aussi sublime. Javier Rodriguez a une inventivité et une élégance imparables, il a trouvé des astuces visuelles pour traduire les effets de la magie et les prolonge pour les appliquer aux moments où seul compte le côté relationnel. Passées les premières pages, qui sont un vrai festival en matière de composition et de flux de lecture, quand l'action se déplace à Paris, Rodriguez fait parler son génie de coloriste.

Les couleurs sont vives et en même temps étonnamment douces. Elles restituent idéalement le romantisme cliché du décor et des retrouvailles entre Zatanna et Constantine. La magicienne déborde de séduction et son partenaire brille par son charme canaille. C'est proprement irrésistible. Lorsqu'ils déambulent dans la capitale française au matin, c'est encore plus enchanteur. Soudain, ce ne sont plus deux êtres surnaturels que l'on voit mais deux amants après une nuit passée ensemble et des aveux sur la nature de leur relation entamée avant même qu'ils en aient conscience.

Ce sentiment de quasi béatitude nous saisit avec ce pénultième épisode. Bien sûr, dans pareil cas, on aurait aimé que ça dure plus longtemps. Mais la qualité d'un tel projet tient aussi à ce qu'il ne dure pas trop longtemps, qu'il nous a ébloui juste suffisamment. Et qu'il a donné à DC l'envie de confier à Zatanna une série régulière, espérons-le.

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