dimanche 22 septembre 2024

DAZZLER #1 (Jason Loo / Rafael Couceiro)


Alison Blaire/Dazzler repart en tournée pour la première fois depuis la chute de Krakoa. L'opinion publique est très divisée entre ceux qui considèrent la chanteuse comme une artiste comme les autres et ceux qui ne la voient que comme une mutante. Son premier concert va-t-il être un succès ? 
 

Créé par Tom de Falco et John Romita Sr., Dazzler a toujours été une mutante à part. A l'origine, comme Luke Cage ou Iron Fist, elle a surtout été imaginée pour surfer sur une mode, celle du disco (comme Power Man vient des films de blaxploitation et Iron Fist des films de kung-fu), et d'ailleurs Jim Shooter, l'editor-in-chief de Marvel à l'époque, voulait qu'un film accompagne la publication des comics (avec Grace Jones, puis Bo Derek en vedette).


Lorsque le Pr. Charles Xavier lui offre d'intégrer ses X-Men (Uncanny X-Men #130), elle refuse, préférant se consacrer à sa carrière de chanteuse, son public ignorant sa nature de mutante. Par la suite, elle sera la vedette de sa propre série (qui a mal vieilli) et fut même, in fine, incarnée à l'écran par la plantureuse Halston Sage dans le film X-Men : Dark Phoenix (Simon Kinberg, 2019). La rumeur a couru qu'elle serait campée par Taylor Swift dans Deadpool & Wolverine, mais c'était infondé.
 

Durant la période Krakoa, Dazzler s'est faite discrète bien qu'elle a rejoint la communauté mutante sur son île (on la voit dans House of X #6 pour la grande fête célébrant la naissance de la nation mutante). Elle brillera surtout dans la (réjouissante) mini X-Terminators (Leah Williams / Carlos Gomez - le titre préféré de l'editor Jordan White), puis fera partie des Dead X-Men au moment de Fall of X.


Tom Brevoort ayant décidé de noyer le marché avec tout en n'importe quoi provenant de l'univers mutant, il a donc confié au scénariste Jason Loo cette mini-série en quatre numéros censée remettre Dazzler sous les feux de la rampe. Et l'évidence saute aux yeux : l'editor a gardé en tête le fantasme de voir Taylor Swift l'interpréter.

En effet, Alison Blaire chante, lors de son premier concert, les chansons de son nouvel album et on les croirait écrites par l'idole des "Swifties" avec ses couplets sur son dernier mec avec lequel elle règle ses comptes avant d'enchaîner sur un refrain exaltant la résilience féminine (en gros : "j'ai souffert mais je suis forte et je me relève toujours"). C'est assez drôle, même si vous n'aimez pas Taylor Swift.

Avant cela, Loo s'amuse déjà à croquer une galerie de personnages gravitant autour de la chanteuse mutante et il se montre astucieux en confiant à Jamie Maddrox/ l'Homme Multiple et Guido Carossela/Big Guy les rôles de roadies qui montent la scène du concert tandis que Neena Thurman/Domino assure la sécurité et que Sofia Mantega/Wind Dancer joue les attachées de presse-manager. Tout ça est bien vu.

Ce qui l'est autant, c'est les conditions du retour sur scène de Dazzler, dans le contexte post-Krakoa : l'épisode montre simplement et clairement d'un côté les fans et de l'autre les haters via les réseaux sociaux. Finalement, cet aspect est très bien exploité, sans lourdeur, sans drama excessif, mais sans l'éluder. Et quand d'inévitables ennuis se produisent lors de la représentation, les conseils de Wind Dancer sont appliqués mais Dazzler assume aussi publiquement d'être une mutante et de vouloir fédérer tous les publics. La musique adoucira-t-elle les moeurs des anti-mutants les plus radicaux ?

Visuellement, la couverture de Terry Dodson donne envie que le dessinateur ait pris du temps pour aussi réaliser les pages intérieures. Mais Rafael Couceiro ne fait pas un mauvais travail, loin de là. Son style m'évoque celui du vétéran Tom Grummett, quelque chose de classique mais bien fait, sans fioritures. Couceiro est à l'aise avec son casting, il soigne les décors. 

Il est un peu plus faible quand il s'agit de donner du mouvement, notamment avec le combat opposant Dazzler à Scorpia qui manque de dynamisme et bute sur des angles de vue mal maîtrisés. Mais l'ensemble est très correct et la lecture est agréable, ce n'est pas un boulot de tâcheron.

Sans prétention, mais pas sans qualités, ce Dazzler #1 est très sympa. Qui sait, en cas de succès commercial, cela pourrait inspirer Tom Brevoort pour produire une nouvelle saison des X-Terminators...

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