Cette réputation n'est pas infondée quand on cite, de mémoire, ses oeuvres les plus mémorables, qu'il s'agisse de ses travaux indépendants (East of West) ou chez Marvel (ses runs sur Fantastic Four, Avengers, son event Secret Wars). Mais déjà, récemment, avec G.O.D.S. (dont le titre pourtant annonçait un récit d'envergure, ce qu'il était mais pas que...) ou Decorum, ces clichés ne tenaient plus vraiment, notamment par l'introduction de touches humoristiques jusque-là absentes de ses histoires.
Dans Ultimate Spider-Man, la mue est encore plus prononcée. Ce qui ne signifie pas que Hickman a renoncer à des récits amples, mais dans ce cas précis, il s'abstient de toute grandiloquence en rendant à Spider-Man sa dimension plus modeste, celle d'un super-héros malgré lui, pris dans les rouages de quelque chose qui le dépasse (tandis que Harry Osborn est son contrepoint, plus conscient des enjeux).
Souvent, les épisodes, comme c'est le cas ici, débutent par une scène intimiste : cette fois, Jameson et Ben Parker se lamentent que le succès de leur journal repose surtout sur les "unes" consacrées à Spider-Man. Mary Jane leur explique que ce ne sont que des accroches pour ferrer les lecteurs qui, une fois fidélisés, pourront s'investir dans des reportages et des enquêtes comme les deux vétérans le souhaitent avec les documents qu'ils ont réunis sur Wilson Fisk.
Puis, passé ce prologue, Hickman peut se concentrer sur Spider-Man. Il s'amuse d'abord avec ce jeu des différences entre le tisseur de l'univers 616 et celui de sa série. Cette fois, lors d'un échange avec Otto Octavius qui a travaillé à un moyen de sécuriser leurs costumes pour que Tony Stark ne puisse plus les pirater, on voit apparaître la Spider-Armor comme celle que porta Peter Parker dans l'event Civil War quand il se rangea aux côtés d'Iron Man. Sauf que, ici, il refuse de la porter.
On peut trouver ce genre de clins d'oeil un peu superficiels et superflus. Mais c'est un des principes moteurs de l'univers Ultimate depuis toujours que de pointer ce qui diverge entre ce monde et celui de l'univers classique. Personnellement, ça ne me gène pas, ça n'occupe pas une place exagérée, et ça souligne les variations sur le thème sans freiner l'intrigue.
Dans sa dernière partie, Spider-Man et le Bouffon Vert font face au premier des agents de Fisk lancé à leurs trousses. Le combat en lui-même est très bref, presque expédié. C'est dommage quand on dispose d'un dessinateur aussi doué pour l'exercice que Marco Checchetto de ne pas lui donner des scènes d'action plus fournies. Mais peut-être est-ce aussi une manière de monter doucement en puissance avant d'autres duels plus pimentés.
Non, ce qui est plus intéressant, ce sont les conséquences de ce combat. Et, là, sans en dire trop, Hickman appuie de manière plus évidente sur de futures tensions entre Peter et Harry sur les méthodes à appliquer pour se battre. Le scénariste met dans la bouche de Harry des arguments recevables, ce qui est troublant. On sent aussi chez Peter monter un certain idéalisme mais freiné aussi par l'appréhension de se brouiller avec Harry, peut-être même par la peur de l'affronter. Est-ce que Hickman prépare le terrain pour un antagonisme entre les deux partenaires ? A suivre.
Est-ce que cet épisode suffit à contenter le fan ? Sans doute pas. Mais il y a suffisamment de matière pour cogiter. Et comme tout l'univers Ultimate est réglé sur le compte à rebours du retour du Créateur (après quoi, il faudra certainement s'attendre à de vrais et grands bouleversements, et peut-être des évolutions drastiques dans les séries, voire la parution de nouveaux titres), il est certain que ce qu'on n'a pas dans un numéro, on l'aura dans un prochain.
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