samedi 7 septembre 2024

BIRDS OF PREY #13 (Kelly Thompson / Gavin Guidry)


Cette fois, les Birds of Prey réussissent à revenir dans leur dimension et y entraînent Maia Lockhart pour un combat qui s'annonce décisif. Cela tente de raisonner sa soeur en lui faisant admettre ses propres crimes et John Constantine jette un sort qui pourrait régler ce conflit...


Je vais un peu me répéter mais cet arc de Birds of Prey qui arrive ici, enfin, à son terme aura été une énorme déception. Kelly Thompson, qui avait brillé pour relancer la série puis dans deux épisodes intermédiaires, s'est complètement ramassée avec une intrigue répétitive où ont défilé les artistes.


Logiquement, cette conclusion ne sauve pas les meubles : d'ailleurs la scénariste ne résout rien à son affaire, laissant planer la menace d'un retour de Maia Lockhart, qui s'était jurée de tuer les Birds of Prey et plus spécialement Barbara Gordon qu'elle tenait pour responsables de la mort de sa mère. 
 

Oui, je sais, je spoile, mais franchement que celui qui a apprécié ces cinq épisodes me lancent la première pierre. Ce qui est vraiment préjudiciable, ce n'est pas de révéler comment tout ça se termine, mais plutôt de constater que le ratage de ce récit risque de dégoûter des lecteurs de la série après un an d'existence.


Et ce serait vraiment regrettable car je reste convaincu que Kelly Thompson est la femme de la situation : outre qu'elle a été adoubée par Gail Simone, auteur historique du titre (même si cette dernière a tendance à aimer tout le monde de façon très corporate), il y a chez la jeune scénariste un vrai talent pour animer ces héroïnes, quelque chose qui ressemble depuis le début à l'aboutissement d'un dream project.

Cependant, avec cette histoire, elle a perdu du temps et du crédit : en baladant les Birds of Prey dans des dimensions parallèles, Thompson s'est avérée incapable de proposer quelque chose de suffisamment captivant et original. Pire : elle a flirté avec le mauvais goût, s'embourbant dans des blagues pas drôles, gâchant le bel esprit d'équipe qu'elle avait réussi à établir.

Le parti-pris qu'elle paraît avoir adopté est celui de confronter le groupe à des vilains originaux. C'est louable,  mais à condition que ceux-ci aient du charisme et convainquent le lecteur de leur dangerosité. Dans le premier arc, Megaera représentait quelque chose d'inattendu et de consistant pour laquelle Thompson a imaginé une issue intéressante, liant à Sin, la "soeur" de Black Canary.

Rien de tel ici où le rôle des soeurs Lockhart n'a jamais été en mesure de passionner et de servir de fondement à une intrigue palpitante : au contraire, tout ça a traîné en longueur et pour quel résultat, puisque, donc, rien n'est résolu.

En outre, on sait déjà que dès le mois prochain, deux nouvelles recrues vont arriver dans la formation, au détriment de Vixen dont on pouvait espérer qu'elle reste un peu plus longtemps, tout comme Zealot qui n'a finalement fait que de la figuration dans cet arc. Alors, oui, Birds of Prey a souvent changé de composition, autour du noyau dur que sont Black Canary et Oracle, mais je pense qu'un peu de stabilité serait souhaitable et, mieux encore, avec l'inclusion de membres un peu plus populaires que Grace Choi et Onyx Adams. Kelly Thompson serait bien inspirée, par exemple, de plutôt miser sur les retours de Manhunter ou Lady Blackhawk pour attirer les fans.

Pour ce 13ème n°, Gavin Guidry a enfin le droit de dessiner l'intégralité d'un épisode. Il est là aussi déplorable que ce jeune artiste talentueux ait eu si peu d'espace pour s'exprimer car son style est celui qui se rapproche le plus de celui de Leonardo Romero (même s'il n'a pas ni l'expérience ni la virtuosité technique de ce dernier).

Guidry prouve en tout cas qu'il était capable d'assumer le remplacement, en réalisant notamment plusieurs superbes pleines pages très bien composées et qui ponctuent un épisode plein d'action. Les couleurs de Jordie Bellaire sont un peu plus sobres que d'habitude et valorisent le travail de l'artiste sans l'étouffer.

Sami Basri est loin d'être mauvais et il devrait servir avec talent le titre désormais (en espérant qu'il se passe de l'encrage de Vicente Cifuentes ou du moins que celui-ci soit un peu moins cassant). Mais là encore, il faut surtout souhaiter que Birds of Prey se trouve un artiste qui puisse enchaîner les épisodes (ou alors alterner les arcs avec un autre dessinateur d'égale valeur, et là, bien entendu, je pense à Javier Pina).

Bref, oublions vite ce désastre. Et croisons les doigts pour que la série retrouve de sa superbe et de son intérêt : je garde ma confiance à Kelly Thompson tout en étant dorénavant plus prudent.

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