vendredi 27 septembre 2024

THE MAGIC ORDER 5 #1 (Mark Millar / Matteo Buffagni)


Arizona. Carly Summers est violemment agressée par un homme qui, ensuite, enlève son enfant. Huit années passent au cours desquelles elle se remet difficilement puis refonde une famille. Son agresseur resurgit, la brutalise à nouveau, et kidnappe son enfant. Une de ses amies, infirmière, la met alors en contact avec Cordelia Moonstone, chef de l'Ordre Magique...


Tout d'abord, comme c'est la première fois que je vais écrire sur cette série dans ce blog, si vous désirez lire les critiques que j'ai rédigées sur les quatre premiers volumes et les 24 premiers épisodes, je vous laisse un lien à cet effet : The Magic Order .


C'est aussi la première fois que je vais parler de Mark Millar ici. Le personnage est controversé et je ne vais pas être son avocat inconditionnel. Simplement, j'ai de la considération pour son travail et sa réussite, c'est certainement l'auteur qui a le mieux réussi à passer du work for hire pour DC et Marvel au creator-owned en vendant son label à Netflix puis en passant d'Image à Dark Horse pour publier ses comics.


Après, Mark Millar, en tant que personne, ne m'inspire pas (plus) une sympathie débordante (il suffit pour ça de lire ses posts sur les réseaux sociaux pour constater qu'il a des avis parfois insensés sur la politique notamment). Mais je n'ai rien contre son côté bateleur qui survend chacune de ses productions : je trouve ça plutôt amusant et le succès de ses livres donnent raison à sa méthode de marketing.


Mais et The Magic Order dans tout ça ? Même si pour beaucoup de fans (et de lecteurs en général), Jupiter's Legacy serait son grand oeuvre, le nombre de volumes et donc d'épisodes consacrés à cette série en font incontestablement son titre fétiche (avec Kick-Ass et ses spin-off). A chaque fois Millar a su très bien s'entourer (Olivier Coipel, Stuart Immonen, Gigi Cavenago, Dike Ruan) et sa saga n'a guère connu de creux (même si le précédent volume était sans doute le plus faible).

Ce cinquième acte sera, l'a affirmé le scénariste, le dernier et d'ailleurs, le sous-titre est clair : The Death of Cordelia Moonstone. Cette fille et soeur de magiciens a été au centre de la série depuis le départ et il semble bien d'ailleurs que ce qu'elle a fait dans le tout premier tome sera la cause de sa fin (elle avait alors utilisé un sortilège puissant mais maudit, que tous les membres de sa famille et une bonne partie de ses alliés ont payé de leur mort).

Même si ce n'est pas clairement précisé, il me semble bien que ce volume 5 débute quelques bonnes années après la fin des événements du précédent. En tout cas, Millar joue sur cette idée en entamant le récit par un flashback centré sur Carly Summers, une femme victime par deux fois du même individu qui l'a brutalisé et enlevé ses deux enfants à huit ans d'intervalle. Hospitalisée, traumatisée (on le serait à moins), elle peut néanmoins compter sur le soutien de son amie infirmière Ashley qui va la présenter à Cordelia Moonstone.

Cette dernière, comme il y est fait allusion plus loin, a perdu de sa superbe, elle est décrite comme "vulnérable" et sa tête est mise à prix par des sorciers qui lui en veulent d'avoir supprimé Madame Albany, une puissante et maléfique magicienne. L'Ordre Magique en tant que tel, autrefois puissante congrégation de mages, semble ne plus exister que de manière symbolique puisque Cordelia n'est accompagnée en mission que par Gator Lloyd. Mais justement son enquête va prendre un tour très inattendu et déstabilisant...

En dire plus, au moins pour l'instant, serait criminel. Mais il faut reconnaître à Millar un certain génie pour imaginer des twists narratifs perturbant le lecteur suffisamment pour que lui aussi soit dans le même état de confusion que l'héroïne. Et aussi pour inventer des méchants vraiment retors et violents. L'agresseur de Carly Summers fiche vraiment la frousse et le pire, c'est qu'il ne semble même pas le pire à attendre de régler son compte à Cordelia Moonstone !

Après donc 24 épisodes, The Magic Order a su conserver sa fraîcheur et son intensité, ce qui n'est pas rien, surtout pour une série du Millarworld, où le scénariste multiplie les minis et a même organisé son propre event récemment avec Big Game (dans lequel les magiciens tenaient un rôle certes secondaires mais capital dans la résolution de l'intrigue).

Ce que peut remarquer le fan de Millar aussi, c'est que le temps des débauchages de dessinateurs stars chez Marvel et DC semble marquer le pas. Bien sûr il a réussi à emprunter Pepe Larraz pour Big Game, mais le volume actuel de Prodigy est mis en images par Michele Bandini (pas de quoi tomber à la renverse), la suite de Night Club est encore assurée graphiquement par Juanan Ramirez (là aussi, rien d'extraordinaire) et la réunion de Frank Quitely, Travis Charest, Olivier Coipel, Matteo Scalera, Karl Kerschl pour The Ambassadors a rétrospectivement des allures de baroud d'honneur.

Mais ça ne signifie absolument pas que Matteo Buffagni, appelé à succéder à Coipel, Immonen, Cavenago et Ruan, est un petit talent. Ce serait même plutôt le contraire. L'artiste italien n'a jamais été utilisé à sa juste mesure par Marvel et Millar a su, lui, deviner son potentiel et n'a pas hésité à rattraper le temps perdu en lui confiant le deuxième tome de Prodigy puis un épisode de The Ambassadors, puis donc la fin de The Magic Order.

Comme je suis un très grand fan de Buffagni, le voir à l'oeuvre régulièrement le ravit - d'autant plus que la prestation de Dike Ruan sur le volume 4 m'avait déçu. Là, les planches sont tout bonnement superbes, avec des décors ouvragés, des personnages bien campés, un découpage fluide et percutant à la fois. Alors, oui, ce n'est pas un vedette comme Romita Jr (qui va retravailler avec Millar en 2025), Capullo, Immonen (à quand la suite de The Empress, bon sang ?!) et j'en passe, mais Buffagni est vraiment un très grand qui mérite plus de reconnaissance et je remercie Millar de braquer les projecteurs sur lui.

Tout ça, donc, pour confirmer que, oui, ce final de The Magic Order démarre sur les chapeaux de roues. C'est vraiment ma série Millarworld préférée et je la regrette déjà. Tout en savourant quand même son retour.

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