samedi 17 août 2024

X-FORCE #1 (Geoffrey Thorne / Marcus To)


La fin de Krakoa a, comme pour tous les mutants, bouleversé Forge. Mais il s'est surtout interrogé sur les conséquences de cette chute. Après avoir mis au point un dispositif, l'analogique, il décide de former une nouvelle équipe d'X-Force pour réparer le monde avant que de nouvelles catastrophes ne surviennent...


Paru le 31 Juillet dernier, j'étais passé à côté du n° 1 de cette relance d'X-Force, méfiant que j'étais devant la refonte des titres mutants post-Krakoa. Et puis, entre temps, j'ai lu Uncanny X-Men (Gail Simone / David Marquez), que j'ai trouvé efficace bien qu'un peu convenu, et surtout X-Factor (Mark Russell / Bob Quinn), qui m'a emballé. 


Du coup, j'ai voulu en quelque sorte m'assurer que ce dernier titre n'était pas l'exception à la règle et j'ai réussi à me procurer un exemplaire d'X-Force #1. Cette fois, la série a été confié à Geoffrey Thorne pour le scénario et Marcus To pour le dessin. Et ce premier numéro, comme pour Uncanny X-Men et X-Factor, est une généreuse introduction qui compte 40 pages.


Thorne n'a pas particulièrement brillé jusque-là : il a écrit pour DC John Stewart : Emerald Knight (en vertu du fait que désormais les éditeurs privilégient des auteurs noirs pour des héros noirs) et pour Marvel Black Panther : Soul of the machine (idem : auteur noir, héros noir). pas de quoi fouetter un chat. Même si Thorne a plus d'expérience à la télé (crédité pour des épisodes de Law & Order : Criminal Intent) et comme romancier.


En revanche Marcus To a déjà quelques miles au compteur et justement, durant la période Krakoa, c'est lui qui a dessiné la quasi-totalité des épisodes d'Excalibur. C'est un artiste rapide, techniquement très solide, mais qui comme certains, malgré ces qualités, n'a jamais accédé au rang de star (les éditeurs préférant miser sur des gars qui sont infichus de tenir les deadlines et au style parfois encore en progrès).


X-Force est un titre qui a connu bien des versions, depuis sa création par Rob Liefeld jusqu'à Uncanny X-Force, le chef d'oeuvre de Rick Remender. Précédemment, c'est Benjamin Percy qui s'en occupait. La philosophie est souvent la même : il s'agit d'une équipe de mutants chargés de black ops, des missions clandestines où les membres n'hésitent pas à donner de leur personne et à faire usage de la violence, jusqu'à tuer leur adversaire. Même si, en théorie, les leaders mutants ne veulent pas en entendre parler...

Or, ici, premier bon point pour Thorne, c'est différent et cela tient à la personnalité même du chef d'équipe puisqu'il s'agit de Forge. Vétéran de l'armée, d'origine amérindienne, amputé d'une main et d'une jambe, son pouvoir consiste en la maîtrise de la technologie, c'est un savant mais avec un côté mystique. Surtout, c'est un visionnaire, un futuriste, à la manière de Tony Stark chez les Avengers. Son but n'est donc pas d'éliminer en secret des ennemis mais, comme c'est présenté ici, de "réparer le monde", et même d'anticiper des fractures, des failles, des catastrophes.

Au moins la moitié de l'épisode est dévolue au recrutement des membres de l'équipe. Comme pour X-Factor, quoique de manière moins marquée, on sent bien que Thorne a dû faire avec ce que les auteurs stars ont laissé de côté, donc pas de personnages trop populaires, à l'image de Forge qui est certes dans le circuit depuis les années 80 mais jamais au premier plan.

Néanmoins, on ne peut pas dire que l'équipe fait pitié et la série a donc de bonnes chances de séduire un lectorat consistant, suffisant pour durer. Il suffit de voir que Askani (Rachel Summers sous son nouvel alias) et Captain Britain (Betsy Braddock) sont là pour s'en convaincre -et l'une ne va plus sans l'autre puisque Tini Howard dans Excalibur puis Knights of X a établi qu'elles sont désormais en couple (bon, je trouve ça un peu sorti de nulle part, au moins pour Rachel même si sa sexualité n'était pas strictement définie. En même temps, elle forme avec Betsy un joli couple, donc l'un dans l'autre - si j'ose dire - , ça va.).

Tank est une création originale de Thorne, même si ce premier épisode l'introduit de manière sommaire (c'est une invention de Forge, les gros bras de l'équipe en attendant d'en savoir plus). Et, oui, il y a Deadpool : je sais, je sais, encore lui ! Sauf que, petit spoiler, il ne reviendra pas : il est juste utilisé à des fins tactiques contre la menace ciblée par X-Force, et il semble que Thorne invitera des mutants pour renforcer l'équipe ponctuellement (à voir si ce seront toujours de guest-stars ou s'il nous réserve des invités plus inattendus).

Le récit file à vive allure, avec des flashbacks rapides pour montrer les recrutements. Ce qui en ressort, c'est une constante pour X-Force, c'est que ce sont tous des mutants cassés (Forge, Sage) ou réticents à reprendre le collier (Betsy, voire Rachel). Cela donne une humanité au groupe et du relief à la narration qui n'est pas assurée par Forge mais par Sage. Notons aussi, c'est important, que la série paraît fonctionner à coup d'épisodes done-in-one, autrement dit : une mission par épisode. C'est toujours plaisant mais si c'est aussi casse-gueule car il faut que le scénariste trouve une idée excitante par mois et que la résolution de la menace soit satisfaisante - on verra ce que ça donne sur vingt pages au lieu de quarante le mois prochain.

Visuellement, j'ai été étonné qu'une telle série soit dessinée par Marcus To. Non pas pour une question d'aptitude : comme dit plus haut, To est quelqu'un de très solide et régulier, avec de l'expérience. Sa narration est toujours claire, son découpage sobre et précis, avec des décors soignés, des personnages bine maîtrisés. 

Mais disons que X-Force et Marcus To, ça n'allait pas de soi pour moi. Jusqu'à ce que je comprenne la nouvelle orientation du titre, moins axée sur la violence, et plus sur la proactivité. Là, To est beaucoup plus logique car il réussit parfaitement à alterner les scènes d'exposition/explication et celles d'action. Et surtout le casting fait la part belle aux héroïnes mutantes (avec Tessa, Rachel, Betsy). Or To dessine merveilleusement les femmes, sans les hypersexualiser, avec beaucoup de classe.

Je sais que c'est un artiste que certains trouvent un peu fade et on lui reproche de rajeunir les personnages ou de trop les faire se ressembler. Ce n'est pas totalement faux, mais à mon avis, c'est largement compensé par ses qualités techniques : avec lui, on a l'assurance d'un artisan irréprochable, qui peut enchaîner les épisodes, sans montrer de signes de fatigue, s'adaptant à tout type d'histoire. Je suis plus fan d'un bon dessinateur constant que d'un artiste flamboyant mais qui s'essouffle vite.

Bref, X-Force "from the ashes -- A new beginning" m'a bien plus. Je vais donc continuer.

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